Plus transgressif que l’art contemporain : à quand saint Michel place Vendôme ?
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Mauvais temps, ces derniers jours, pour les chefs-d’œuvre d’art contemporain à Paris : entre les chantiers chers à Anne Hidalgo et les poubelles abandonnées (grève oblige), on les distingue à peine. Il ne faudrait pas qu’à l’instar de leurs collègues italiens, il y a quelques années, des éboueurs zélés reprenant le collier soient tentés de s’en saisir à bras le corps et de les jeter, allez zou ! en même temps que tout le reste. Comme dirait La France insoumise, c’est en ces moments-là qu’on mesure l’utilité des ces métiers.
Le célèbre artiste plasticien français Bernar - sans « d », s’il vous plaît, bande de ploucs - Venet est bien tranquille : ses installations métalliques sont si lourdes - sur Instagram, on peut voir la vidéo du convoi exceptionnel qui les a apportées laborieusement - qu’elles ne risquent pas de quitter par inadvertance, dans une benne, la place Vendôme où elles « se sont échouées », selon l’expression du site SortirÀParis.com. Bien trouvé : de loin, on croirait en effet un rafiot coulé il y a trente ans dans la rade de Brest. Ou bien les poutres d’un viaduc en construction que des ouvriers auraient laisssé choir le temps du week-end pascal.
Il est convenu de trouver ça beau. En cherchant, sur Twitter, on trouve même une assez jolie photo ensoleillée même si, à dire vrai, on y voit surtout la colonne Vendôme. Disons, en tout cas, que l’ensemble imposant impressionne et que, comparé au plug anal et autres curiosités du même genre - car la place Vendôme est devenue, au fil du temps, galerie éphémère d’art contemporain -, cette ferraille est plutôt sobre. Et même, au risque de vexer l’artiste, presque classique. La transgression est une fuite en avant compliquée, surtout quand la première marche a été un bidet. Dès que l’on décélère, on est foutu.
La Place Vendôme maintenant. C’est beau, j’aime beaucoup #chasseurdebeauté pic.twitter.com/x5HeNzeCtb
— Carine Adan (@CarineAdan) April 4, 2023
« La parabole de l’histoire », une « installation méthodiquement chaotique », « une vision presque irréelle d’une collision céleste - terrestre ». Le guide SortirÀParis ne craint pas l’emphase. « Deux sculptures, semblant tombées du ciel » : on l’a déjà dit, c’est bien par voie terrestre qu'elles sont arrivées, mais par quel biais ? La question reste posée. Pourquoi la place Vendôme est-elle devenue une extension de galerie d’art ? Depuis quelques années, on sait que la FIAC sort du Grand Palais et vient envahir les lieux emblématiques de la capitale… et en particulier la place Vendôme. On appelle cela joliment la FIAC hors-les-murs. Cela commence en octobre et peut se poursuivre bien plus tard, comme pour le Flying Dragon d’Alexander Calder qui, en 2022, est resté place Vendôme jusqu’en janvier. Mais nous sommes en avril… Ces barres de fer sur la place Vendôme sont un prolongement, lit-on, de l’exposition intitulée « Difféomorphismes et Discontinuité », du même artiste, dans les galeries Perrotin du Marais et de Matignon. Mais pourquoi investir ainsi la voie publique ?
Ce qu’aux Sables-d’Olonne, on n’autorise pas à saint Michel, comment le permet-on à ces artistes à visée lucrative ? La loi de 1905 ? Comme si l’art contemporain n’était pas aussi une religion, avec ses grands prêtres, ses thuriféraires, ses anathèmes, et sa foi… il en faut pour s’extasier sur ces chefs-d’œuvre.
Le 15 avril, cette exposition temporaire se termine. Peut-on suggérer, pour la suite, une œuvre polémique, condamnée, conspuée, qui relancerait la machine à transgresser un peu fatiguée ? Si l’on accueillait, place Vendôme, une autre « sculpture semblant tombée du ciel », éminemment déviante ? Puisque l’art contemporain se nourrit de l’art ancien comme d’un écrin contrasté qui suscite le scandale, pourquoi, par une mise en abyme et un curseur poussé toujours plus loin, l’inverse ne pourrait-il pas être vrai ? Quoi de plus choquant, pour l’art contemporain, qu’une statue figurative et chrétienne ? Et pour pousser l’inversion jusqu’au bout, ce ne serait plus, cette fois, l’art contemporain des grandes métropoles qui viendrait aux sous-préfectures, mais le contraire : et si Les Sables-d’Olonne envoyaient, par convoi exceptionnel, leur persona non grata de bronze pour qu’il devienne un saint Michel hors-les-murs place Vendôme ?
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34 commentaires
Merci pour cet excellent article .
Bernar aurait du les confectionner en cuivre, ses rêves de ruines. Ils auraient déjà disparu .
c’est tellement moche ! je n’ai plus du tout envie de visiter Paris ! maintenant je visite les villes italiennes , Milan, Rome, et Florence !!
Une chance que ces œuvres exposées ne soient qu’éphémères ! À Nice, du même « artiste » 9 poutrelles de 30 m, sont érigées face à la promenade, censées représenter les 9 vallées qui convergent vers Nice. Si cette « oeuvre« interroge et ne fait pas l’unanimité, elle a au moins le mérite d’être un point de repère et d’indiquer l’entrée du Vieux Nice ! Heureusement que la reconstruction de Notre-Dame n’a pas été laissée aux mains d’Hidalgo.
L art est une approche personnelle
L art contemporain existe pour créer des bulles spéculatives et d art n a que le nom car j aimerais connaître le nombre d hurluberlus qui tombe en extase devant de tels « chef d oeuvre » . Même si apprécier une sculpture ou autre est une approche personnel que ce que l’on nous sert est plus proche de la laideur que d un esthétisme fulgurant.
Toutes les bêtises sont en tête de l’art. Quand je vois les œuvres de PICASSO, je pense qu’un gosse de 5 ans en ferait autant, et toutes ces baudruches qui s’extasient, à croire que plus c’est laid, plus c’est artistique. Je ne suis certainement pas un de ces bourgeois, plutôt un plouc, mais réaliste.
suis d’accord.
Mais chère Gabrielle, je ne veux pas prêter mon Saint Michel aux Parisiens!
Bonjour,
Je propose l’installation sur la Place Vendôme d’un grand crucifix de plus de deux mètres de haut sur lequel tout quidam pourrait jeter des pierres, des ordures, des crachats et, le cas échéant, accrocher des banderoles porteuses d’insultes ou d’autres joyeusetés du même acabit ! Comme « au bon vieux temps » !
Ah, Madame Cluzel vous avez fait là une belle suggestion, mais la grande prêtresse du tout Paris poubelle ne sera peut être pas de votre avis.
Vivement donc le 15 mai que cette chose trouve sa place ou elle le mérite , c’est à dire la déchetterie .
Superbe!
Bravo Madame, votre suggestion est excellente et tout à fait pertinente !
Non seulement César empiète de façon un peu trop prononcée sur ce qui ne lui appartient pas mais cette mainmise » républicaine » en plus d’être envahissante,
devient de plus en plus vulgaire voire dégradante..
ça, c’est une bonne idée ! Référendum !
des bouts de ferraille rouillés , une » oeuvre » ?
Savez-vous que pour comprendre ce mouvement artistique il faut avoir le cerveau un peu tordu, tout comme ces bouts de ferraille.