Plus difficile de devenir français en passant par la Légion que par le circuit de l’immigration ?
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Costard-cravate, bérets verts et sable chaud : Éric Zemmour s’est offert une séquence de Noël exotique en Côte d’Ivoire à Abidjan. Le candidat à l’élection présidentielle a ainsi rendu visite aux 380 parachutistes du 2e régiment étranger de parachutistes et à leur chef de corps.
Sur place, un légionnaire a fait part à Éric Zemmour d’un constat simple : il serait plus aisé de faire valoir ses droits à la naturalisation pour un étranger arrivé légalement ou illégalement en France que pour un légionnaire blessé au combat. Qu'en est-il ?
Lorsqu'un jeune étranger, tout comme un Français, débarque à Aubagne (Bouches-du-Rhône), la « maison mère » de la Légion étrangère, pour s'engager, il doit naviguer entre tests médicaux, entretiens de sélection et taille de haies du quartier Viénot ! Sous un soleil de plomb ou par un froid polaire, selon la saison. Si le candidat est retenu, il rejoint pour quatre mois d’instruction le 4e régiment étranger de Castelnaudary (Aude). Cette période est redoutée. En référence aux anciennes exploitations agricoles sur lesquelles se déroulent ces classes, le premier mois est surnommé « la Ferme ». Un légionnaire nous décrit cette formation comme un creuset d’assimilation exigeant : « Dans la ferme, isolé de tout, on apprend les mots élémentaires du français en même temps que les usages de base du pays. Tenir une fourchette par exemple pour manger avec des couverts. L’apprentissage est extrêmement rigoureux, on dort très peu et les instructions militaires sont très intenses. Le plus important reste, cependant, l’acculturation. Le Kazakh doit s’entendre avec le Colombien au combat. »
À titre d’exemple, afin de comprendre la dureté de cet entraînement, pour obtenir son képi blanc, l’engagé volontaire doit effectuer une marche de soixante kilomètres avec trente kilos d’équipement sur le dos. Les classes terminées, le légionnaire rejoindra son régiment d'affectation.
Au bout de trois ans de service, durant lesquels il aura pu participer à des opérations extérieures, le légionnaire servant à titre étranger peut alors demander la nationalité française.
Par ailleurs, depuis 1999, les légionnaires blessés au combat peuvent être naturalisés grâce à la loi dite « Français par le sang versé ». À l'origine, une initiative parlementaire. L'exposé des motifs justifiait ainsi cette proposition de loi : « Alors que l'acquisition de celle-ci [la nationalité française] est désormais facilitée par le principe de l'acquisition automatique, le seul fait de se battre pour la France et de verser son sang ne serait pas pris en compte. » Après un débat animé, notamment avec Élisabeth Guigou, garde des Sceaux de l'époque, qui dans un premier temps avait rejeté cette proposition pour finalement s'y rallier, la loi avait été votée à l'unanimité.
En dehors des murs d’enceinte des régiments Légion, la nationalité française peut s’obtenir plus rapidement. Contrairement à la Suisse ou encore à l'Autriche, qui appliquent le droit du sang, le pays des Lumières applique le droit du sol combiné au droit du sang. Né en France, un individu peut devenir français, même s'il est né de deux parents étrangers. Si l'acquisition de la nationalité française par décret nécessite, dans le cas général, une durée minimale de séjour régulier de cinq ans sur le territoire français, elle fut ramenée à deux ans pour les personnes étrangères ayant exercé « une profession particulièrement exposée ou indispensable à la continuité de la nation pendant la période de crise sanitaire » (agents d'entretien, de sécurité, aides à domicile, etc.), et ce, « en reconnaissance de l'engagement des ressortissants étrangers pendant l'état d'urgence de la COVID-19 ». Un dispositif qui a pris fin le 15 juillet dernier.
En novembre, lors du débat de la primaire des Républicains, Valérie Pécresse déclarait, d’un ton martial : « Je fais mienne cette devise de la Légion étrangère, Français par le sang versé, non par le sang reçu. » La France a légitimement, pour ces Français de sang versé, une estime et une reconnaissance profondes.
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