Plus de 40.000 voitures incendiées chaque année, et personne ne bronche

Voiture_brûlée

Ne cherchez pas dans le dernier numéro d’Interstats le chiffre des voitures brûlées. La très officielle « Analyse conjoncturelle des crimes et délits » détaille les vols de véhicules, les vols dans les véhicules, les vols d’accessoires sur véhicules… mais pas leurs incendies. Ceux-là, en déduit-on, sont inclus dans les « destructions et dégradations volontaires » en tous genres, puisque non détaillées (122.843 pour la période octobre-décembre).

Une façon bien française de noyer le poisson qui exploite tous les degrés de la dissimulation et de la minoration. On l’a vu avec la polémique sur les chiffres du Nouvel An : Darmanin annonce un chiffre et une baisse, celle-ci contestée ; et Darmanin conteste la contestation, avec un art consommé de l’embrouille, mêlant chiffres provisoires et chiffres définitifs. Le ministre de l’Intérieur préfère sûrement qu’on le chicane sur les chiffres du 14 Juillet et du premier de l’An plutôt qu’on l’interroge sur les chiffres annuels. Sur ceux-ci, l’omerta règne.

Trente ans que ça dure

En 2006, Alain Bauer estimait à 30.000 par an les incendies de voitures pour les années 1996-2005. Mais, corrigeait-il, « ce chiffre était considéré comme inférieur au chiffre réel, en raison de la comptabilisation de départs de feu et non du nombre effectif de voitures brûlées ».

De 2005 à 2010, il se brûle en France, en moyenne, chaque année, 44.300 voitures (d’après les chiffres donnés, à l’époque, par Le Monde et Le Parisien). À la louche, Marianne écrit, en 2009 : « Sur l'année, on est passé de 11.000 à plus de 50.000 » (cité par www.politique.net).

Les données des assureurs

Ensuite, c’est le trou noir. Peu de chiffres dans la presse et pas de chiffres officiels - du moins, rien de mis en avant ni d’aisément accessible -, s’ils existent. Il faut se tourner vers les pompiers et les assureurs pour obtenir, par recoupement, un ordre de grandeur. Ainsi, pour les années 2016-2018, les assureurs dédommagent 41.900 propriétaires de voitures brûlées, en moyenne, pour 52.000 interventions pompiers sur des incendies de véhicules (chiffres Le Figaro et Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales).

En 2019, Le Figaro estime à 110 le nombre de voitures brûlées par jour, ce qui nous met à 40.150 par an, mais précise qu’« il convient d'ajouter environ 15 % aux chiffres officiels. Le chiffre de 50.000 voitures brûlées par an est loin d'être fantaisiste. »

En 2020, le comparateur d’assurances Assurland chiffre à 40.000 le nombre de voitures « qui brûlent chaque année ». Pour 2022, avec les données de France Assureurs (44.280.000 voitures assurées et un taux d’incendie d’un pour mille), on obtient 44.280 véhicules incendiés pour l’année. Une remarquable stabilité, puisque c’est en gros le chiffre des années 2010.

La part - minime - de la fraude

Quelle est la part 1) des problèmes techniques, 2) des fraudes à l’assurance, 3) des incendies criminels ? C’est un autre mystère. Il faut en tout cas minorer les fraudes à l’assurance, que certains ont incriminées au-delà du raisonnable. Comme L'Obs en 2017 qui, voulant défendre la banlieue et les « jeunes », expliquait qu’à cause d’une voiture brûlée pour l’assurance, il pouvait en brûler cinq autour.

Mais selon Lionel Namin, de L’Argus de l’assurance, ce serait bien mal connaître les assureurs que de les imaginer indemnisant à tour de bras des véhicules incendiés… sans expertise. Au contraire, ils redoublent de vigilance, le soir du 31 décembre. Alors, quelle part pour la fraude ? En 2013, on estimait à 15 %-20 % les arnaques à l’incendie automobile.

Colère ? Festivité ? Ou... agression ?

Pour expliquer les incendies, les défenseurs des « jeunes » invoquent conjointement la colère et la festivité. Alain Bauer y voyait autre chose : « La voiture est un élément de propriété intime. C'est une manière de faire mal sans aller jusqu'à l'agression physique .» Une analyse partagée, sur X, par Bruno Gollnisch, ancien député à l'Assemblée nationale et au Parlement européen, doyen de faculté honoraire et membre du Conseil national du RN : « Ce rituel odieux […] est la démonstration d’un racisme antifrançais sur notre sol, qui s’attaque souvent aux plus humbles de chez nous. »

Si chaque incendie criminel d’une voiture est une agression antifrançaise - au lieu d’être une « tradition française », comme aiment à répéter les journaux -, on comprend mieux que les autorités les cachent au maximum. À leur nombre considérable s’ajoute, maintenant, l’augmentation des agressions physiques - pour lesquelles le même flou règne quant aux chiffres. Jamais aucune époque n’a eu des moyens aussi perfectionnés que la nôtre en matière de compilation et de tri de données. Nos gouvernements ne semblent pas pressés d’en user, entretenant un flou statistique qui permet de dissimuler leur incurie, en particulier dans le domaine de la sécurité.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

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23 commentaires

  1. Mais Darmanin, le roi des menteurs, va être reconduit comme ministre de l’intérieur. Dans la perspective des JO et des difficultés (pour ne pas dire plus) que cela va impliquer, les candidats à la succession ne doivent pas se bousculer.

  2. En plus des «chauffeurs» du Nord, qui brûlaient les pieds de leurs victimes pour leur faire avouer où elles cachaient leur argent, dans les années 1795-1800 (Le Directoire puis le Consulat), des jeunots bien intentionnés mettaient le feu qui dans une meule de foin, qui dans un paillis ou bien, carrément et rondement, à un bâtiment de ferme.

    Le jeune Premier Consul Bonaparte (30 ans en 1799) pris un “Sénatus-consulte” (une sorte de décret, conforté par une loi antérieure), spécifiant que tout incendiaire serait fusillé. Il y eu moins de 20 individus à être passés par les armes ; mais les incendies criminels dans les campagne s’arrêtèrent très rapidement.
    La nation n’y perdit rien au bilan de ces exécutions, bien au contraire : dans cette période post-Révolution, on avait affaire, malheureusement à tant d’individus profondément malfaisants – le mot “malfaisant” étant compris dans son sens le plus radical – qui ne pouvaient qu’apporter de profondes souffrances à un grand nombre de personnes : que ceux de cette catégorie soient éliminés, c’était tant mieux.

    Depuis au moins 25 ans maintenant, dans notre beau pays, on doit supporter une frange de malfaisants d’un degré au moins aussi élevé que les incendiaires de 1800 ; les souffrances qu’ils occasionnent sont au moins aussi fortes qu’il y a 220 ans. Mais nos politiques, politiciens en diable, semblent trouver ça tout à fait acceptable, trouver ça très bien, quoi ! Au fond, ils ne sont rien d’autre que des complices…

    Il y a des décisions “d’exécution” qui se perdent, non ? (ou au moins, des emprisonnements à vie, si on veut)… A quand un jeune Premier Consul courageux, énergique et résolu ?

  3. Tant que vous aurez des pleutres coutumiers de la forfaiture qui « gouvernent » la FRANCE , rien ne changera . Leur pusillanimité n’a d’égale que leur perfidie . Sa seigneurie Macron a remplacé madame 49/3 par une rustine .

  4. Faites nous un article pour nous parler de toutes les personnes qui ont eu leur véhicule brûlée, et dont la vie a basculée au niveau du travail, des finances, pour leur vie de détente, leur équilibre psychologique. Et aussi combien ont été arrêtés par la police de Darmanin, et combien les juges en ont condamnés à la peine maximum qui est inscrite dans le Code Pénal…..Cela serait je pense très instructif sur l’état général de la France de la Macronie boxeur en sport….!

    • Et pas seulement avec les incendies des véhicules mais lors de bien des manifestations le pneus et autre combustibles bien polluants !

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