Les militaires qui avaient signé la tribune dans Valeurs actuelles comparaissent, ce lundi, au ministère des Armées. Sans discuter leur obligation de réserve, Philippe Bilger insiste sur la pertinence et le bien-fondé de cette lettre dans notre société de plus en plus fracturée.

 

Ce lundi 19 juillet, maître Goldnadel est au ministère de la Défense, rue Saint-Dominique, à Paris, pour défendre quatre généraux, les généraux Norbert de Caqueray, François Gaubert, Antoine Martinez et Emmanuel de Richoufftz. Ces quatre généraux ont fait partie des signataires de la fameuse tribune des généraux parue dans Valeurs actuelles.

Mon attention a été attirée ce matin par un texte de Gilles-William Goldnadel dans Valeurs actuelles sur la comparution de ces quatre militaires. Évidemment, j’ai immédiatement adressé mes encouragements à ce grand avocat courageux. Je voudrais chercher à être le plus intègre et le plus objectif possible. Je suis en accord avec ce que les militaires ont déploré, dénoncé et vilipendé à juste titre condamné.

Bien sûr, je ne discuterai pas le fait que l’obligation de réserve qui pèse sur ceux qui sont encore en activité devrait être respectée et, en même temps, je devine que le pouvoir ne nie pas qu’ils ont dit la vérité. Probablement, il est très conscient et très lucide sur les dangers, les défis et les scandales que ces tribunes ont dénoncés.

Le pouvoir leur reproche d’avoir trahi une obligation de réserve. À Lyon, des tirs de mortiers ont eu lieu contre des résidents. Ces derniers ont eu l’immense culot et audace de dénoncer des incivilités que j’appellerai plutôt des violences.

Le pasteur Jesse Jackson, un racialiste et antisémite, se verra remettre un insigne de commandeur de la Légion d’honneur. Une manifestation encore initiée par Assa Traoré, qui continue à parler sans être contredite, comme si les gendarmes étaient coupables. Il s’agit de rendre hommage à Adama Traoré dont la mort a ému sa famille, je l’entends bien, mais rendre hommage, c’est tout de même beaucoup.

 

Ce que dénoncent ces généraux dans leur tribune est systématiquement corroboré par la réalité.

Il y a une multitude d’incidents gros ou petits qui montrent à quel point la France est déchirée. La France est fracturée et va l’être encore plus terriblement par cette opposition à l’extension du passe sanitaire. Cette opposition est absurde et dangereuse. En ce qui me concerne, j’ai approuvé le fond sanitaire du discours du président de la République, même si j’ai regretté qu’il y mêle une argumentation et une programmation politiques. Je n’ai évidemment pas de conseils à donner, mais compte tenu de l’état de tension du pays et du fait que nous avons une société de plus en plus fracturée et éclatée, alors que le grand rêve du Président, en 2017, était de nous préparer et de nous faciliter une société rassemblée, je me demande si le pouvoir ne pourrait pas faire preuve d’une sorte d’amnistie au sens banal du terme. Le pays est confronté à un défi sanitaire. Pourrait-on arrêter toutes ces luttes périphériques, toutes ces procédures inutiles comme, par exemple, lorsqu’on vient poursuivre des militaires dont certains sont prestigieux, qui ont simplement dit la vérité et qui, même s’ils ne l’avaient pas dite complètement, ont été, eux, de vrais lanceurs d’alerte.

Je rêverais d’un pouvoir tellement intelligent qu’il comprendrait qu’il faudrait porter sur l’ensemble des controverses de toutes natures un vaste manteau d’indifférence heureuse. Tout ce qui peut rassembler un pays face au défi qui lui est lancé mériterait d’être tenté. Tout cela est utopique, mais cela aurait une sacrée allure si on arrêtait ces procédures absurdes contre les militaires qui ont signé ces tribunes.

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19 juillet 2021 à 15:29

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