Les parents ont-ils leur place à l’école ?

À l’approche de l’élection présidentielle, les deux fédérations nationales de parents d’élèves (les sœurs ennemies de la FCPE et de la PEEP) font feu de tout bois auprès des candidats pour accentuer leur emprise sur l’école publique. Si les orientations politiques de ces deux fédérations sont opposées (la FCPE est réputée proche du PS, la PEEP de la droite), toutes deux voudraient que l’Éducation nationale fasse plus de place aux parents. Déjà, elles ont obtenu que les délégués de parents qui siègent dans les instances départementales, académiques et nationales soient payés. Mais elles voudraient que les parents puissent organiser des interventions dans les établissements. Même si elles s’en défendent mollement, nul doute qu’elles verraient d’un bon œil une mise sous surveillance des enseignants.

Mais qui sont ces fédérations qui prétendent parler au nom des parents ? La FCPE est historiquement liée à la FEN (Fédération de l’Éducation nationale) puis à l’UNSA, qui lui a succédé. Autrement dit au syndicat socialisant des enseignants. Elle recueille, en moyenne, la moitié des suffrages aux élections de parents d’élèves. La PEEP (plutôt classée à droite) 10 %. Soit 60 % environ pour les deux. Cela peut sembler une belle représentativité, sauf que seul un quart des parents participe à ces scrutins. Ce qui signifie qu’elles ne représentent que 15 % des parents. Un peu court. La réalité est que ces organismes se préoccupent moins de représenter et défendre les parents que de défendre leurs prérogatives. Elles ne souhaitent pas augmenter la présence des parents dans les établissements mais augmenter leur emprise sur eux.

Beaucoup d’enseignants aimeraient que les parents soient plus présents. Pas à leur place mais auprès de leurs enfants. Pour surveiller qu’ils fassent bien leurs devoirs et apprennent leurs leçons. Mais aussi (parfois surtout) pour leur apprendre la politesse et le respect. Certains parents réclament que l’école s’occupe de l’instruction et leur laisse l’éducation. Encore faut-il qu’ils ne laissent pas la rue, la télévision et Internet faire cette éducation. Par ailleurs, les parents souhaitant rencontrer les professeurs de leurs enfants peuvent tout à fait le faire. Lors des rencontres parents-professeurs, notamment. Ces rencontres sont très courues. Les parents se plaignent souvent, à raison, de l’attente (enfin, surtout pour voir les professeurs de français et de mathématiques ; pour les professeurs d’EPS ou de musique, c’est plus facile). Les professeurs se plaignent de n’y voir que les parents d’élèves qui ne posent pas vraiment de problème. Les autres sont aux abonnés absents et ce ne sont pas forcément les plus occupés professionnellement. Ce ne sont pas eux, non plus, qui les sollicitent pour des rendez-vous en dehors de ces rencontres.

Si les fédérations de parents d’élèves se préoccupaient vraiment d’améliorer la réussite des élèves, peut-être devraient-elles d’abord rappeler à certains parents que le souci de la scolarité de leurs enfants ne s’arrête pas au choix du cartable lors des courses de rentrée. Le système scolaire français souffre de la méfiance, voire de l’hostilité réciproque des enseignants et des parents. Il ne pourra s’améliorer que si chacun joue son rôle, à la place qui est la sienne. Les enseignants à l’école et les parents à la maison.

Pierre Van Ommeslaeghe
Pierre Van Ommeslaeghe
Professeur de philosophie

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