On dit merci qui ?

MACRON 24 NOVEMBRE

Il a desserré le kiki. Mardi soir, Emmanuel Macron nous a donc fait l’inventaire de ce qu’on aura le droit de faire dans les prochains jours et semaines. Une sorte de supplice chinois à l’envers. Par étapes : 28 novembre, 15 décembre, 20 janvier, des dates à bien noter sur nos agendas. Attention : à partir du 15 décembre, si tout va bien, on ne sera plus en confinement mais on restera assujetti au couvre-feu avec une exception - Monsieur est trop bon -, les 24 et 31 décembre soir où les Français auront quartier libre et une orange dans leurs petits souliers qu’ils trouveront sous leur sapin qu'ils peuvent, par décret, rappelons-le, acheter depuis le 21 novembre.

Un mot, tout d’abord, sur le principe même de ces « adresses aux Français » du président de la République. Ça commence comme au temps des « pères fondateurs » de la Ve République : « Marseillaise », image vespérale du palais de l’Élysée. C’est beau. L’Histoire de France, comme qui dirait, entre à l’heure du dîner dans le salon du Français moyen. Et, en fait, en guise de page d’Histoire, on a droit à une liste de consignes déroulées par un prompteur. Convoquer l’hymne national à une lecture de note de service semble quelque peu incongru et superflu. Un tambour aurait suffi : celui du garde champêtre. Passons.

Le Président a donc parlé. Jeudi, ce sera au tour du Premier ministre de s’exprimer à l’occasion d’une conférence de presse, dans un scénario désormais bien huilé. Soi-disant pour détailler l’ensemble des mesures. Je ne sais pas ce qu’il va lui rester à détailler, le pauvre. L’exercice promet donc d’être particulièrement pénible. Et pour lui et pour les intrépides qui l’écouteront. Il sera, probablement, entouré des ministres clé du dispositif : Santé, Intérieur, Économie, Travail. Tout le petit matériel nécessaire sera là pour les besoins de la démonstration : masques, gel hydroalcoolique, carnets à souches pour les PV, planche à billets et camisole de force pour tout le monde. Le tout agrémenté de diapositives (on dit slides, maintenant). Le technocrate viendra avec son double mètre pour expliquer la règle des 8 m2 qui s’impose, désormais, dans les commerces. L’art de couper les cheveux en quatre s’enseigne plus à l’ENA que dans les écoles de coiffure. Justement, concernant les activités capillaires : les coiffeurs vont pouvoir rouvrir le 28 novembre, mais avec un « protocole renforcé ». On va chez le merlan pour se faire couper les tifs, pas pour lire Gala. Notons que le président de la République n’a rien dit sur la jauge pour les épilations de maillot. Jean Castex nous en dira peut-être un mot.

Sans transition, l’évocation de la question des cultes fut brève et à la mesure de l’intérêt porté par ceux qui nous gouvernent. Trente personnes max, ou de l’art de se moquer du monde. Moquerie qui n’a pas échappé à la sagacité de la Conférence des évêques de France. À peine l’allocution du Président terminée, la CEF faisait part de sa déception et de sa surprise dans un communiqué. On est surpris que les évêques soient surpris ! « Cette mesure irréaliste et inapplicable est tout à fait irrespectueuse de la réalité de la pratique religieuse des catholiques », peut-on lire dans ce communiqué. On aurait plutôt écrit que cette mesure est tout simplement irrespectueuse des catholiques. On aurait économisé des mots. Mais le supplice chinois continue : ce 25 novembre, un nouveau communiqué de la CEF nous apprend que Mgr de Moulins-Beaufort s’est entretenu au téléphone avec le Président, mardi soir. « Il ressort qu’une jauge réaliste, tout en restant stricte, sera définie d’ici jeudi matin pour une mise en application en deux étapes : samedi 28 novembre, puis après la réévaluation du 15 décembre. » Ordres et contre-ordres…

On dit merci qui ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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