Maka, rappeur de 18 ans, a été condamné, le 26 novembre, à 15 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Meaux après avoir diffusé un clip de rap où il « chantait » sur fond de machettes et de scies, et devant une voiture volée en flammes : « On découpe comme Samuel Paty, sans empathie », rapporte Le Parisien.

Muni d'un coupe-coupe, devant une voiture volée en flammes, en plein couvre-feu

Dans la vidéo, publiée mi-novembre, sur YouTube, cet habitant de Lagny-sur-Marne faisait référence à Samuel Paty, le professeur décapité par un islamiste, le 16 octobre dernier, à la sortie de son collège à Conflans-Sainte-Honorine.

Lors du procès, le président a fait diffuser le clip polémique dans la salle d’audience. « Il s'agit de faits extrêmement graves, avec un clip qui peut susciter des vocations. Vous êtes sous contrôle judiciaire, en sursis probatoire, avec un clip tourné le 30 octobre au soir, dans une période de couvre-feu, soit une logique de confrontation à l'État », explique le président à l'accusé.

Pour cela, Maka, ayant déjà été incarcéré pour une affaire de violences, était poursuivi pour apologie publique d'un acte de terrorisme, port sans motif légitime d'arme blanche (un coupe-coupe) et recel de bien provenant d'un délit : une voiture volée et incendiée pour les besoins du tournage…

Le rappeur chante qu'il « b*** la France » pour « attirer des gens, faire le buzz »

Devant ses juges, le rappeur a tenté de s’expliquer sur sa prose : « J'ai écrit ma chanson en une soirée… Le clip est violent, c'est vrai. Je n'avais pas fait attention à toutes les conséquences », assure-t-il. Il explique ensuite qu'il chante qu'il « b*** la France » pour « attirer des gens, faire le buzz ».

Son avocat a plaidé la relaxe totale pour son client « qui ne comprend pas trop ce qui se passe aujourd'hui, qui n'est pas Jean d'Ormesson » et, selon elle, « il faut éviter de faire des amalgames. On peut être subversif, indélicat, dans un exercice artistique. »

De son côté, la représentante du ministère public a dénoncé un acte « extrêmement choisi et réfléchi ». « Il a dit que “sans empathie” veut dire “sans pitié” pour monsieur Samuel Paty. B*** la France, ce n'est pas anodin non plus… Qu'on ne vienne pas tenter de parler, ici, de la liberté d'expression ou d'expression artistique. On se situe bien au-delà. » Elle avait requis seize mois d'emprisonnement, avec mandat de dépôt.

Le tribunal correctionnel de Meaux l'a condamné à quinze mois de prison ferme, auxquels s'ajoutent six mois d'un sursis révoqué d'une affaire précédente, avec mandat de dépôt et incarcération immédiate.

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27 novembre 2020 à 14:26

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