Mardi soir, au théâtre Montansier à Versailles, les Éveilleurs d'Espérance reçoivent trois jeunes journalistes, Charlotte d'Ornellas (Boulevard Voltaire), Eugénie Bastié (Le Figaro), Geoffroy Lejeune (Valeurs actuelles) pour réfléchir à la reconquête des médias.

Demain soir, vous organisez une réunion au théâtre Montansier de Versailles. Le thème est assez particulier, je vous laisse l'expliquer aux auditeurs.

Oui, effectivement. Nous avons fondé les Éveilleurs d'Espérance il y a maintenant deux ans avec Pierre Nicolas et Nicolas Sevilla. L'objet de notre association était de s'engager dans le combat culturel. Il avait commencé il y a plusieurs années avec les veilleurs de Versailles.

L'idée est de s'engager de façon plus pérenne. Dans ce combat culturel, la presse et les médias ont une place toute particulière. Les années passées nous ont permis de mesurer combien le rôle des médias peut être important dans le débat d'idées, et combien il peut être prégnant dans les influences politiques dans le cadre des grandes élections que nous avons pu vivre cette année.

Il est clair qu'Emmanuel Macron a bénéficié d'une aide des médias sans précédent. Après ces élections dont le bilan est assez calamiteux, il nous a paru nécessaire de réfléchir à comment reconquérir les médias de façon à pouvoir insuffler nos idées de façon plus efficace et de pouvoir peser à plus long terme dans les grands combats électoraux. C'est dans ce cadre-là que nous avons décidé d'inviter trois jeunes journalistes.

Ils ont tous les trois en commun à la fois la jeunesse, le courage et le talent :
Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles ;
Eugénie Bastié, journaliste au Figaro et en particulier au FigaroVox, une plate-forme de débat d'opinion assez intéressante ;
Charlotte d'Ornellas, de Boulevard Voltaire, qui elle aussi participe avec une voix assez libre au débat d'idées.
Il nous a paru intéressant de pouvoir interroger ces jeunes journalistes qui n'ont pas leur langue dans leur poche sur différents sujets.
Comment est-ce qu'ils voient l'avenir dans le monde médiatique ?
Comment est-ce qu'ils participent aux débats d'idées ?
Comment est-ce qu'ils exercent avec plus ou moins de liberté leur droit à donner une opinion ?

On accuse beaucoup les médias dits « traditionnels » de faire souvent le jeu du pouvoir ou, en tout cas, de certains candidats. Est-ce que vous n'avez pas peur que vous fassiez exactement la même chose en invitant trois journalistes que vous considérez comme idéologiquement proche de votre mouvement ?

C'est une excellente question ! L'un de nos invités nous a fait cette réflexion, soulignant que nous reproduisions ce que nous reprochons à nos propres adversaires.

Il est évident que nous ne voulons pas adopter les stratégies de nos adversaires qui empêchent d'autres courants d'idées de s'exprimer. Pour nous, il s'agit d'un comportement parfaitement inacceptable. C'est une atteinte à la liberté de penser, à la liberté d'expression et à la liberté d'opinion de notre courant de pensée. Nous ne souhaitons pas faire la même chose. Nous souhaitons, en revanche, un rééquilibrage. Pour que ce rééquilibrage puisse intervenir et que nous reprenions notre place, c'est-à-dire que notre courant de pensée reprenne sa place au sein des médias, nous pensons qu'il faut mettre les pieds dans le plat. Il faut faire le constat que 80 % des journalistes sont de gauche et que leurs analyses sont logiquement à 80 % orientées à gauche.

Vous êtes les Éveilleurs d'Espérance de Versailles. C'est quelque chose qui se passe à Versailles dans le cadre de Versailles. Est-ce que vous ne craignez pas un enfermement communautaire que l'on reproche beaucoup à une mouvance de réflexion qui serait, selon ses détracteurs, assez bourgeoise ?

Il faut dire de façon préliminaire que l'on fait avec ce que l'on a. Il se trouve que nous avons grandi dans cette réserve-là. Cette réserve nous protège, elle est aussi le lieu de racines profondes de nos engagements d'aujourd'hui. Nous y avons bénéficié d'un terreau très favorable, notamment par l'éducation que nous y avons reçue de nos parents, par des exemples que nous avons eus dans notre entourage. Je pense en particulier à des prêtres.

Bien sûr que nous avons le sentiment d'appartenir à cette réserve.

Néanmoins, nous voyons aujourd'hui des évolutions sociologiques très nettes au sein même de cette réserve. Très récemment, Versailles et ses alentours ont élu un socialiste à l'Assemblée, pas plus tard qu'hier. Aujourd'hui, Versailles a un nouvel électorat assez bobo, bourgeois, mais bobo.

Il n'appartient plus du tout à cette droite conservatrice que l'on peut retrouver à Versailles. Cette droite a besoin des valeurs que nous essayons de défendre. Si nous réussissons à convaincre en premier lieu cette bourgeoisie, nous aurons l'impression d'avancer de façon efficace puisque le macronisme, en France, est une illustration évidente de la boboïsation de la pensée.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 21/06/2017 à 1:36.

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20 juin 2017 à 0:38

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