Nadine Morano : hérétique et relapse

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Nadine Morano devrait savoir ça, tout de même. Mais Nadine Morano ne sait pas. Ne peut pas savoir. Forcément, déjà, Nadine Morano, ça rime avec prolo. Elle n’a pas la chance, elle, d’être née ailleurs : dans une banlieue chic de Dakar, par exemple, ou encore à Washington, DC. Non, Nadine… Nadine, excusez-moi, mais bon… Nordine, si vous voulez, mais pas Nadine.

Nadine, je disais, est née à Nancy, vous imaginez ? Elle a grandi dans la cité du Haut-Lièvre : des barres, des tours pompidoliennes. Des logements sociaux à perte de vue, mais pas ceux du genre qu’on conserve jalousement dans Paris intra-muros, comme une propriété de famille en Mayenne ou dans le Poitou et que l'on tient par héritage. Son père était chauffeur poids lourd et sa mère standardiste. Allô, quoi ! D'ailleurs, ça roule à quoi, un chauffeur poids lourd ? Au gazole. Tout s'explique. Elle a bien des origines étrangères, Nadine, mais ça compte pas, car italiennes. Nadine Morano, elle a milité toute jeune au RPR, comme papa et maman. Le RPR ? Re-allô ! Un truc qui sentait la sueur sous les bras, vu que c’était la France qui prenait le métro à 6 heures du soir, comme disait Malraux à propos du RPF. Puis elle est devenue sarkozyste. Pour lui, elle se serait fait teindre en brune. Car elle a un sacré défaut, Nadine : elle est loyale, à se faire découper vivante en lamelles. Pas comme ce pisse-froid de Le Maire ou ce spadassin de Darmanin.

Donc, on disait que Nadine Morano devrait savoir ça : il y a, dans la République macronienne, des personnes sacrées. C’est comme ça et pas autrement. Ces personnes peuvent tout dire - la vérité ou le mensonge - tout faire, s’habiller comme pour aller au carnaval, même un jour de Conseil des ministres ou de 14 Juillet. Sibeth Ndiaye fait partie de ces vestales. Or, Nadine la Prolo a osé insulter princesse Sibeth en estimant qu’elle s’était habillée en tenue de cirque le jour de la fête nationale. Et là, d’un coup, le « point de détail » du Vieux de Montretout, à côté, ça devient presque de la petite limonade.

Jadis, les gaullistes chassaient en meute. Aujourd’hui, c’est la Macronie qui a repris l'équipage. Florilège.

Indignée, Laetitia Avia : « Tenue de cirque ? Sénégalaise sans culture française ? Indigne d’un gouvernement en France ? Outrée mais habituée aux propos racistes de Nadine Morano. » Littéraire et méprisante, Brune Poirson : « René Char disait qu’il existe une sorte d’homme toujours en avance sur ses excréments. Avec Nadine Morano, on découvre que ça marche aussi pour les femmes. » Sociologique, Marc Fesneau, ministre des Relations avec le Parlement : « racisme ordinaire ». Judiciaire, Gilles Le Gendre : « Vous devez les retirer et présenter vos excuses, sous peine de poursuites. » Nadine devra-t-elle se rendre en chemise et pieds nus devant le ministère de l’Outragée pour implorer le pardon ? Perfide, Annick Girardin : « Je l’invite à piocher ailleurs que dans le bréviaire du Rassemblement national. » Pédagogique, Marlène Schiappa qui donne ses conseils de lecture pour l’été mais que nous vous épargnerons.

En signe de solidarité avec la malheureuse victime de Nadine Morano, un geste fort et hautement symbolique s’impose dans les plus brefs délais. Président, Premier ministre, ministres, ministres délégués et secrétaires d’État devraient assister au prochain Conseil des ministres revêtus d’habits de cirque. Au choix : tenues de trapéziste, dompteur de chihuahua, avaleur de sabres, jongleur, lanceur de couteaux, trompettiste, transformiste, femme à barbe et, bien sûr, clown.

Et Nadine, on en fait quoi ? Hérétique et relapse, vous connaissez le tarif.

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