Moralisation de la vie politique : la dernière cartouche de la gauche

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On lance un produit. On commande un sondage. On élimine les 40 % de l'échantillon qui n'ont aucun avis, qui se méfient ou sont indécis. Et on vous sort un camembert définitif à partir des 60 % restants : Juppé élu à 65 % ou Macron à 60 %. Le produit lancé est vraiment très bon. Sauf que le peuple n'est pas certain d'en vouloir, même pour un simple apéro. Alors, pour le plat de résistance qu'il faudra se farcir pendant cinq ans… Il en est des idées ou des thèmes de campagne comme des candidats. Et les deux sont d'ailleurs liés, surtout quand il s'agit de produits très fabriqués.

Donc, l'institut Ipsos Sopra Steria a réalisé pour francetélevisions et Radio France une enquête sur LE sujet fondamental de la campagne électorale, LA préoccupation majeure des Français. Le chômage ? L'immigration ? Le délitement de l'enseignement secondaire ? La gangrène islamiste ? Le déclassement économique de la France ? Les déficits et la dette ? Non : la moralisation de la vie politique.

C'est l'épisode logique, après le feuilleton Fillon. Et les petits candidats, lors des débats, sont là pour entretenir la flamme de l'indignation face à la « corruption » supposée de Fillon, et face à celle qui ne s'est pas « rendue à une convocation de la justice ». Et Poutou, et ses acolytes de gauche, forment un chœur émouvant, autour du chef Macron, dans cette mission. Émouvant et drôle, surtout quand Hamon s'y met aussi. Mais pas crédible du tout.

Donc, ce sondage nous apprend que « l'honnêteté » est la qualité la plus importante, parmi celles proposées par les sondeurs (restriction importante !), pour les Français appelés à choisir leur Président. Mais la distinction, selon l'électorat, est vraiment révélatrice : pour les électeurs de gauche, elle arrive en tête (83 % et 86 % pour Hamon et Mélenchon), très loin devant les autres (détermination, hauteur de vue, capacité à bien s'entourer, constance, etc.). Comme s'ils n'avaient plus que cela à quoi se raccrocher, ces pauvres électeurs de gauche floués et refloués ! Et comme si leurs candidats n'avaient aucune autre qualité ! Et pourtant, ces autres qualités sont indéniablement indispensables pour un chef d’État digne de ce nom... L'échec et la personne de M. Hollande sont là pour nous le rappeler. Et l'anaphore de M. Fillon, pour facile qu'elle fût, visait néanmoins juste.

D'ailleurs, dans ce sondage, un électorat se distingue nettement de ce chœur des vierges effarouchées de la gauche qui ne jurent plus que par la morale à la sauce Angot, c'est celui de M. Fillon. Pour ces Français, les qualités majeures d'un Président sont, d'abord, la détermination, la capacité à bien s'entourer, la hauteur de vue.

La moralisation est donc la bouée de sauvetage d'une gauche à la dérive. Il n'est pas sûr que cela suffise à la sauver, même sous sa forme macronisée.

Car enfourcher ce thème peut se retourner violemment contre vous. M. Le Roux l'a appris à ses dépens. Pour le peuple, les élus ne seront jamais assez honnêtes. Et, à ce jeu de la moralisation, l'on regardera toujours avec suspicion la déclaration de patrimoine de Macron, l'embauche de la fille de Mélenchon au conseil général de l'Essonne ou les contrats de professeur de M. Hamon à l'université. La moralisation, c'est le tonneau des Danaïdes d'élus de gauche en perdition qui sont en train de creuser leur propre tombeau.

Surtout quand ces mêmes élus ont failli à préserver les intérêts de la France et des Français.

Mais c'est là une qualité que ne proposaient pas nos sondeurs...

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