Le débat opposant Emmanuel Macron et Marine Le Pen fut révélateur de la dysharmonie d’une société française divisée suivant un clivage opposant la bonne conscience à la culpabilisation. La bonne conscience fut celle du leader d’En Marche !, arrogant, sûr de lui et dominateur, face à une adversaire réduite à ricaner comme une fille affranchie cherchant à déstabiliser un puceau rougissant.
 
Cela révélait, de sa part, l’absence dramatique d’un appareillage intellectuel capable de perforer les défenses d’un Macron en position d’hégémonie culturelle. Ce dernier représentait implicitement le camp du bien, et Marine le Pen celui du mal. Quelques références aux homosexuels, à l’extrême droite, aux juifs ou à « la haine » adroitement balancées suffirent à Macron pour se positionner en donneur de leçons face à une Marine sur la défensive.
 
Dès lors, le vrai débat, celui des valeurs, était escamoté et les échanges s’enfermèrent dans des problématiques économiques et sociales, Marine Le Pen n’osant pas incarner la grandeur française face au candidat mondialiste. Pour se dégager des effets de la violence idéologique projetée contre elle, il lui manquait les outils culturels susceptibles de déstabiliser le faux dévot de l’humanisme. Lui rappeler que son arrogance était celle d’un commissaire politique juché sur le préjugé stalinien réduisant la politique à un affrontement fascisme/antifascisme aurait eu beaucoup d’efficacité.
 
Elle aurait pu, aussi, l’attaquer sur ses soutiens politiques venus d’une extrême gauche antidémocratique et, aujourd’hui, étrangement ralliée à une finance internationale dont il serait bon de rappeler qu’elle finança les totalitarismes du vingtième siècle. Elle aurait pu, également, s’indigner de l’instrumentalisation de l’Histoire par une bien-pensance qui oublie trop souvent de balayer devant sa porte.
 
Les outils de résistance intellectuelle sont nombreux pour contrer les violences idéologiques tactiques des membre d’une oligarchie si habile pour délégitimer ses adversaires pour cause de fascisme, populisme, ou complotisme et créer les nouveaux moyens inquisitoriaux - le Décodex, le délit d’entrave numérique, la DILCRA, la 17e chambre et autres instruments contraignants – révélateurs d’un nouvel obscurantisme.
 
Le salut serait de revenir au sain débat entre une droite et une gauche patriotes en renversant l’hégémonie culturelle des internationalistes de toutes tendances. Un retour au primat de la raison sur l’idéologie, cet esprit des Lumières défini par le philosophe Emmanuel Kant comme étant "la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle", constituerait la première condition d’une libération citoyenne des conditionnements culpabilisants.
 
Face à Macron utilisant habilement l’outillage idéologique stigmatisant transmis par ses pairs trotskistes, Marine Le Pen aurait peut-être dû incarner la dignité d’une France outragée par l’instrumentalisation mémorielle coutumière des fausses bonnes consciences de l’élite.

1610 vues

05 mai 2017 à 11:35

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.