Macron, un vernis qui se craquelle sur du vide ?

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Emmanuel Macron, candidat jeune et dynamique, qui entend à la fois révolutionner politique et dynamiter mœurs politiciennes. En marche ? Mouvement à la fois horizontal, car participatif, mais également vertical, charisme de son jeune fondateur aidant, mais qui semble aujourd’hui tourner à des méthodes plus que diagonales.

Et les langues de commencer à se délier, la victoire garantie sur facture prenant peu à peu l’allure d’un possible chèque en bois. Cité par Le Figaro, l’un de ses porte-parole affirmait pourtant : "Chez En Marche !, on revendique l’esprit start-up. On ne veut pas se laisser enfermer dans une structure solide." Et François de Rugy, l’un de ses premiers soutiens écologistes, un peu inquiet tout de même quant à l’organisation des campagnes présidentielle et législative, de s’entendre répondre par Emmanuel Macron : "Il n’y a pas d’organigramme."

Déjà qu’avec un organigramme, de tels dispositifs tendent à connaître quelques turbulences, imaginez sans… Encore interrogé par Le Figaro, ce membre du staff macronesque : "Il n’y a pas d’organisation, ce n’est pas planifié, organisé. Il n’y a pas d’équipe stratégique. Je ne vois pas comment cela fonctionne. Emmanuel prend des positions au dernier moment, sans rapport avec ce qui avait été tranché."

Bref, un boxon d’autant moins joyeux qu’il y a pléthore de candidats à la députation : 14.000 postulants pour 577, histoire d’être plus précis. Avec des promesses faites à certains, mais pas toujours tenues, et torrents de larmes pour les plus émotifs. Chez Macron, pas évident d’être la nouvelle star de la télé-réalité politique… Et ce qui vaut pour les anonymes l’est également pour d’autres pointures, tel Philippe Saurel, maire de Montpellier et rallié de première date, qui s’alarme que les réseaux montpelliérains d’En Marche ! puissent être noyautés par des militants hamonistes, tandis que d’autres font la chasse à d’éventuelles taupes vallsiennes. Pour tout arranger, la dernière ligne droite du sprint et l’inquiétude du résultat final aidant, la paranoïa bat son plein, dès qu’il s’agit de se faire bien voir du Líder Minimo. Toujours cité par Le Figaro, cet autre adepte au bord de la crise de nerfs : "Il y a des gens qui essaient de se placer, qui sont prêts à se rouler par terre pour figurer dans le public lorsqu’il participe à une émission de télévision !"

Quant à maman, Brigitte Macron, elle est, semble-t-il, devenue incontournable pour avoir accès au gourou. En Marche !, comme une start-up, prétendent-ils ? Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, confirme : "C’est un parti-entreprise…" On en a pourtant vu de mieux gérées.

On remarquera que, dans le registre flagorneur, François Bayrou se surpasse quand assurant, lors du meeting tenu à Pau, ce mercredi dernier : "En fait, vous n’êtes pas si jeune. À votre âge, Bonaparte était au pouvoir depuis dix ans et il était empereur depuis six ans. Alexandre avait déjà conquis le monde." Tout à sa mise en orbite, François Bayrou aurait pu ajouter à propos de cette "dimension christique" qu’Emmanuel Macron ne "revendique" pas tout en refusant de la "nier", qu’à trente-trois ans, l’enfant de Bethléem avait déjà accompli un sacré boulot destiné à marquer les millénaires à venir.

Brigitte Macron aime à reconnaître, parlant de son mari marchant sur l’eau : "Ce n’est pas facile tous les jours de vivre avec Jeanne d’Arc." Certes, mais avec Bob l’éponge, ce ne doit pas non plus être du cake toute la sainte journée. Et dire que les cinq cents signatures et les primaires ont été instituées pour barrer la route aux candidats fantaisistes…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/09/2024 à 16:35.
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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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