Macron contre l’écriture inclusive ? Bien fol est qui s’y fie !

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Inaugurant, ce lundi 30 octobre, la Cité internationale de la langue française, dans le lieu où François Ier signa l'ordonnance faisant du français la langue officielle du royaume, Macron a dénoncé l'écriture inclusive, affirmant que « la force de la syntaxe [de la langue française] est de ne pas céder aux airs du temps » et précisant que « dans notre langue, le masculin fait le neutre, on n'a pas besoin d'ajouter des points au milieu des mots ». Le même jour, par un hasard de calendrier, le Sénat votait une proposition de loi visant à protéger les Français « des dérives de l'écriture inclusive ». Marine Le Pen, de son côté, déclarait qu'il fallait « protéger » le français « contre le wokisme dont l'écriture inclusive est une sinistre et grotesque manifestation ».

Il n'en fallait pas plus pour que Jean-Luc Mélenchon sortît de ses gonds. Le guide suprême des Insoumis qui, ces temps-ci, n'en rate pas une, a tweeté, en « réponse aux intégristes Macron et Le Pen » que « la langue française est une créolisation réussie » et « appartient à ceux qui la parlent ». Macron et Le Pen, même combat ! Lui qui manie bien la langue française est prêt à la saborder pour gagner quelques voix supplémentaires. La « créolisation » de la France, qu'il considère comme une richesse, trouve logiquement son prolongement dans la « créolisation » de la langue française.

Laissons Mélenchon à ses divagations, que réprouvent de plus en plus de Français, même parmi ses électeurs. Il trouvera peut-être quelque soutien auprès de Sandrine Rousseau, qui a cru faire de l'esprit en assurant, le plus sérieusement du monde, que « le masculin n'a rien de neutre ». Revenons à Macron qui, apparemment, prend donc parti contre l'écriture inclusive. Sans vouloir lui faire de procès d'intention, force est de constater que cette conversion n'est ni convaincante ni crédible.

Car il faut l'écouter jusqu'au bout ! Il a en effet déclaré que « le repli est une fausse idée », ajoutant que la langue française est à la fois « figée et mouvante, métisse et unifiée ». Un propos que ne renierait pas Mélenchon. Il a sans doute évité, dans son discours écrit, d'utiliser d'autres marqueurs du langage inclusif, comme les « celles et ceux » ou les « tous et toutes » dont il est habituellement friand. L'académicien Jean-Marie Rouart a souligné, à juste titre, qu'« on est en train, en grande pompe, de célébrer la langue française alors que le Président lui-même [...] ne s'exprime qu'en franglais ».

Macron n'a jamais incité Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur, à limiter l'utilisation de l'écriture inclusive, en pleine expansion dans les universités. Elle a d'ailleurs déclaré, dans Le Figaro du 25 mai 2023, après l’annulation par la Justice des statuts de l’université de Grenoble rédigés en écriture inclusive, que, « du côté des enseignants et des contenus pédagogiques [...], c’est la liberté académique qui prime […] » et que « nous ne remettrons jamais en cause la liberté académique ». Depuis quand la liberté académique permet-elle de détruire la langue française ?

Même dans le domaine linguistique, Macron reste l'homme du « en même temps », capable de dire tout et son contraire, en fonction de ses interlocuteurs et de ses intérêts. Son intérêt, pour le moment, c'est de chercher à plaire aux électeurs de droite, généralement critiques à l'encontre de l'écriture inclusive. Parallèlement, il veut mettre en œuvre des mesures sociétales, propres à plaire à la gauche, comme l'inscription dans la Constitution du droit à l'avortement, qui n'est en rien menacé, ou le projet de loi sur la fin de vie. « Souvent femme varie,/Bien fol est qui s'y fie » : cette formule attribuée à François Ier et popularisée par Victor Hugo, appliquée à Macron, lui va comme un gant.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Ne croyez aucunement ce sinistre individu car au fur et à mesure qu’il dit ou affirme quelque chose, il pense faire et appliquer le contraire. Sa présidence ne repose que sur des mensonges permanents et ses actes ne sont que d’immenses dénis.

  2. Il serait simple d’interdire l’écriture inclusive et l’utilisation du point médian de tout document officiel, mél envoyé par une administration, une université, un organisme public. L’argument de la liberté académique est une façon de ne pas trancher donc de laisser faire. Les universités, les organismes publics ont tous leur groupe de lutte contre les discriminations, pour l’inclusion qui militent, organisent des évènements et parfois des formations obligatoires pour leurs agents (comme la fresque du climat sur le thème du changement climatique). Il est interdit de refuser l’écriture inclusive à moins de passer pour un vieux ringard…

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