Certes, les 27 pays membres de l'Union européenne continuent de considérer que l'accueil de l'Autre, avec une majuscule et sans autre précision, est un devoir moral. Toutefois, les gouvernements européens ne sont pas idiots et commencent à comprendre que leurs électeurs non plus. Les Européens ont vu que les réfugiés ne venaient pas tous de pays en guerre. Ils ont vu que nombre de ces réfugiés avaient abandonné femme(s) et enfants au pays, avec un discutable courage, pour tenter leur chance en Occident. Et ils n'ont pas oublié que, la dernière fois, dans ces files de migrants, il y avait aussi des terroristes.

L'Union européenne a peur pour le droit des femmes en Afghanistan mais ne se demande pas où elles sont. Elle défend les valeurs de la démocratie mais peine à les imposer à des milliers de clandestins violents qui disposent d'une relative impunité. Elle impose le passe sanitaire, mais seulement pour les citoyens qui « jouent le jeu », selon une formule terriblement révélatrice.

Cette fois, donc, l'Europe ne semble pas disposée à accueillir autant d'Afghans que précédemment de Syriens. Le Premier ministre slovène, qui assure la présidence tournante de l'Union, l'a clairement annoncé : « L’Union européenne n’ouvrira pas de couloirs migratoires pour les Afghans. Nous ne permettrons pas la répétition de l’erreur stratégique de 2015. »

C'est un sujet grave. Si grave que Libération, quotidien de référence du Bien, consacre un article à l'endiguement de ces flux. On tremble, en effet, à l'idée d'une restriction de notre humanisme, par définition universel. Libé, journal moral, on le sait, a raison de s'en émouvoir.

Peut-être y a-t-il, blague à part, un sursaut de pragmatisme chez les dirigeants européens, finalement. Pas par conviction : simplement pour conserver le siège auquel ils tiennent. Et peut-être n'est-il pas trop tard. Espérons-le.

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04 septembre 2021 à 13:37

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