« 50 millions de vaccinés », Cocorico ! 72 % des Français vaccinés, ça en jette. Nul doute qu'Emmanuel Macron inscrira ces chiffres dignes de l'Union soviétique dans son bilan. C'est énorme, comme le slogan « Tous vaccinés, tous protégés ». Mais c'est aussi faux et aussi trompeur. Et sur une question aussi importante, c'est très grave.

C'est le journal 20minutes, pourtant peu coupable d'anti-macronisme primaire, qui vient facilement renverser le trophée Véran-Macron des 50 millions de vaccinés. Les titres sont tous plus complotistes les uns que les autres : « La France va bientôt atteindre les 50 millions de primo-vaccinés, mais est-ce aussi bien qu'on le pense ? », « Vaccination : ce que cache le chiffre de 50 millions de primo-vaccinés contre le coronavirus ».

Et j'y retrouve les objections de bon sens que j'ai osé faire à mon médecin quand, dans la vague du 12 juillet, il m'a conseillé de me faire vacciner, ainsi que nos enfants mineurs. « Mais je ne comprends pas : pourquoi contraindre à la vaccination des millions de personnes nullement menacées alors qu'il reste quelques millions de personnes âgées ou fragiles vraiment à risque ? »

Deux mois à peine après l'emballement dingue du 12 juillet, la question refait violemment surface et 20 minutes ose la poser : « Malgré ce nombre impressionnant, deux millions de Français fragiles n’ont toujours pas reçu la moindre dose. La politique du chiffre en France montre-t-elle ses limites ? » Et les chiffres cités par le journal sont têtus : « 11,2 % des plus de 75 ans ne sont pas vaccinés, tout comme 8,8 % des 60-74 ans. Un taux très important, quand certains pays, comme l’Espagne ou la Belgique, avoisinent les 100 % de publics fragiles vaccinés. Environ 15 % des malades chroniques (cancer, diabète, obésité, hypertension) ne sont pas non plus vaccinés, selon le dernier décompte de l’assurance maladie arrêté au 22 août. »

Vous me direz : il n'y a là qu'une incohérence énorme de plus dans toute cette affaire. Pour en rester au niveau des chiffres : il y a proportionnellement autant de vaccinés chez les 18-24 ans que chez les plus de 80 ans ! Pour Éric Billy, chercheur en immuno-oncologie cité par le journal, la raison est simple : vacciner les jeunes, « c’est plus simple à mettre en place. Il suffit d’ouvrir des grands centres vaccinaux et les jeunes savent réserver sur Internet, prendre rendez-vous, s’y déplacer. » Pour ce spécialiste, « 11 % des plus de 75 ans non vaccinés, cela va faire un carnage avec le variant Delta ». Pour lui, « il aurait fallu [...] régler ces cas avant la fin août et la probable reprise épidémique due à la rentrée ».

Comment dire ? Quand allons-nous prendre conscience qu'une véritable politique de santé publique ne saurait reposer sur un passe sanitaire qui n'a rien de sanitaire, Doctolib et McFly et Carlito ?

Mais il paraît que c'est cela, le cercle de la raison.

11684 vues

04 septembre 2021 à 11:27

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.