L’Union européenne gèle 13 milliards destinés à la Hongrie : un avertissement aux pays tentés par la dissidence ?

Orban

La Commission européenne, sous la pression, nous dit-on, du Parlement européen, refuse pour le moment d’accorder à la Hongrie plus de 13 milliards d’euros de fonds qui lui étaient destinés : 7,5 milliards devaient lui être alloués au titre des fonds de cohésion sur le budget 2021-2027 et 5,8 milliards d’euros au titre du plan de relance post-Covid. La Hongrie est en effet le seul pays de l'Union européenne qui n’a pas encore reçu ces fonds.

En septembre dernier, par 433 voix pour et 123 voix contre, le Parlement européen avait voté en faveur d’un rapport qualifiant l’État hongrois de « régime hybride d’autocratie électorale » : cela ne veut rien dire, à moins que la définition de la démocratie en Occident, dont le socle et la légitimité reposent sur l’onction populaire accordée par le vote, n'ait changé. À ce compte-là, pour reprendre les mots de Ghislain Benhessa, l’État de droit n’est « que l’illusion d’une perfection juridique et rien de plus que la somme des principes que l’on choisit de lui injecter » : le parfait prétexte pour contourner ce qui reste de démocratie dans l’Union européenne. Depuis avril dernier, la Commission a introduit spécialement pour la Hongrie (et demain l’Italie, qui vote si mal ?) le mécanisme de conditionnalité des fonds au respect de l’État de droit sous prétexte que ce non-respect mettrait en danger l’équilibre budgétaire de l’Union européenne.

Lors du vote de ce rapport, la députée européenne Fabienne Keller (Renew Europe) avait déclaré, dans les colonnes du Monde, que la loi hongroise qui interdit la propagande LGBT dans les écoles « ressemble aux lois poutiniennes ». Fustigeant la politique conservatrice hongroise, elle avait averti : « Si la Hongrie était candidate aujourd’hui pour rentrer dans l’UE, ce ne serait pas possible, elle ne remplirait plus les critères d’adhésion, c’est le triste constat du rapport. »

Les députés européens ont donc fait pression depuis septembre sur la Commission, laissant même planer le doute sur une éventuelle motion de censure de ladite Commission si le gel des fonds destinés à la Hongrie n’était pas mis en place.

Peu importe que la Hongrie ait mis en chantier différentes réformes, dont celle de la Justice, ou encore l’installation d’une autorité indépendante pour mieux contrôler les fonds de l’Union européenne. La date butoir du 19 novembre pour la mise en place de ces réformes n’a pas été respectée, estime la Commission. Peu importe, également, que la Hongrie qui, comme le reste de l’Europe, connaît une grave crise économique ait promis, par la voix de Tibor Navracsics, le ministre du Développement régional du gouvernement hongrois et chargé de négocier avec l’Union européenne, de « mettre en place les mesures supplémentaires exigées et, en 2023, nous ne doutons pas que nous parviendrons à convaincre la Commission […] qu’il n’est pas nécessaire de suspendre les fonds ». La balle est dans le camp des 27 : pour que ce gel des fonds soit effectif, il faudrait que 15 pays sur 27 ratifient cette décision de la Commission.

On l’aura compris, tout cela n’est que politique. Sinon, comment expliquer la réaction de Stéphane Séjourné ? Le très macroniste président de Renew Europe se « félicite que la Commission européenne ait écouté [s]on groupe Renew Europe ». Le même Stéphane Séjourné martèle, sur twitter, que « pas un euro ne doit aller au gouvernement hongrois qui ne respecte pas l’État de droit ». Séjourné est allé rencontrer les autorités suédoises qui doivent prendre la présidence du Conseil de l’Europe en janvier : « À Stockholm, j’ai rappelé au gouvernement nos exigences : aucun populiste ne doit influencer l’agenda européen. »


La Hongrie a-t-elle aussi été sanctionnée car elle bloque, pour l’instant, le plan d’aides commun à l’Ukraine de 18 milliards d’euros ? Ou parce que, à l’instar de la Turquie, elle est le seul pays de l’OTAN qui ne soit pas favorable à l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’organisation ?

Au fond, ces avertissements et sanctions infligés à la Hongrie depuis l’arrivée au pouvoir de Viktor Orbán ont peut-être pour but de forcer celle-ci à sortir de l’Union européenne – l’UE ne serait plus alors bloquée par le veto de la Hongrie lorsque le vote à l’unanimité est requis. C’est évidemment un avertissement aux autres pays de l’Union européenne qui seraient tentés de mener une politique dissidente… et souveraine.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Si tous les pays de l’U.E. affichaient le courage de la Hongrie, avaient la préoccupation de la souveraineté de leur territoire, la commission d’Ursula aurait à se plier. Ce qui ne prive pas pour autant une cohésion européen sur les sujets majeurs, l’agriculture, l’industrie, les échanges commerciaux avec le reste du monde mais aussi, la sauvegarde de l’identité de chaque population. Ce qui se pratiquait à l’origine. Si ces secteurs étaient déjà bien gérés, l’U.E. se porterait beaucoup mieux tant en richesse, qu’en climat social. Et ce monstre administratif perdrait de sa graisse au profit de la performance. Mais si les dirigeants des pays, à quelques exceptions, sont du même acabit que le nôtre, nous irons de déconfiture en déconfitures. Notre gestion de l’énergie électrique en est un parfait exemple. Le tiers monde dans nos murs et en esprit. On recherche des bougies. C’était des masques….On recherchera bientôt du papier toilette.

  2. D’où l’importance d’élire des députés européens RN et Reconquête pour contrer certaines décisions européennes !

  3. Plus que jamais le FREXIT devient une nécessité. L’autoritarisme de cette organisation est un cancer pour la souveraineté des nations. Cette institution n’est favorable qu’à ceux qui la constituent et un Macron qui se voit le président à vie comme dans les républiques bananieres.
    Quel pays déclenchera l’explosion de cette machine infernale.?

  4. Vive le « Hongrexit » !
    Von Der Leyen, la garde-chiourme non élue de cet énorme wokisme qu’est devenue cette Europe, s’acharne à la détruire de l’intérieur.
    Ce n’est pas l’OTAN americanisé qui lèvera le petit doigt pour la sauver !
    J’espère vivre assez longtemps pour assister à ce spectacle !

  5. La dictature s’installe en Europe, lentement mais surement. Les citoyens européens sont sommés d’obéir au wokisme, à l’immigration, aux injections, aux minorités, à la sobriété énergétique …mais tout ceci est fait pour notre bien, au nom de l »humanisme, de la solidarité, de la planète, de la bienpensance…Les français « conformisés » ne réagissent pas car tout est fait pour favoriser la consommation (création de monnaie ininterrompue) qui est devenue la seule valeur des peuples occidentaux. En fait, l’UE divise et appauvrit volontairement les peuples pour mieux les faire marcher au pas. Ces derniers, endoctrinés par l’idéologie occidentale du Bien, ne voient rien venir ou pire, en rigolent ou se moquent de ceux qui alertent. Comme je l’ai vu écrit ici (Ma doue beniguet): » les français ouvriront enfin les yeux juste avant de les refermer…définitivement ».

    • Comment voulez vous que les Républicains bien plus nombreux que les Français réagissent encore ils sont trop occupés. Imaginez doc des vacances à préparer tous les 2 mois et entre temps récupérer les RTT, les arrêts maladie et des grèves de temps à autre pour prolonger les WE. Plus le temps de réagir, il faut dépenser l’argent gratuit avant de penser à autre chose et surtout aux choses de peu d’importance puisque tout va bien en notre République bienfaitrice pour tous ceux qui ne travaillent pas avec des primes en supplément pour ceux qui n’ont jamais cotisés de leur vie qui finiront avec un minimum vieillesse supérieur aux retraites des petits salaires de ceux qui ont travaillé toute leur vie et qui se sont fait escroquer par une structure nommée ETAT.

    • je suis bien d’accord, il serait temps que nombre de Nation se réveillent et entame, comme l’on fait les Anglais, leur sortie de cette institution néfaste. cette union n’a absolument aucune légitimité et surtout aucune utilité .

  6. A vrai dire, si l’Europe ne convient pas à la Hongrie, personne ne les retient que je sache, ils peuvent en partir comme l’ont fait les Anglais. Sauf que le mot « Brexit » a été devancé dans les sondages Britanniques par le mot « Bregret » (64% regrettent le Brexit, parait-il d’après la BBC).

    • La Hongrie est le seul pays qui ose résister à l idéologie des malades qui nous pourrissent la vie entre règles stupides et sanctions débiles. Respect et courage. Et bravo aux anglais. Stop avec les sondages bidons

    • Bonjour,
      Certes, mais ce ne sont que des sondages et vous savez très bien que l’on peur leur faire dire ce que l’on veut !
      Bonne journée.

  7. Fabienne Keller , députée  » Renaissance  » , passée par l’UDF, l’UMP et LR, reprocherait à la loi hongroise d’interdire la propagande LGBT à l’école ? – Je ne vois pas où serait le travers de la loi hongroise, elle est très bien cette loi hongroise et la France pourrait s’en inspirer …
    Le travers réside bien dans le catéchisme WOKE inculqué aux enfants dans les école de France ….

    • La propagande LGBT dans les écoles est une honte, c’est inciter les enfants à la dépravation et aux moeurs sexuels particuliers. Les adultes adeptes de ces théories vivent comme ils l’entendent dans le privé mais leur mode de vie spécial n’a pas à être dispensé dans les écoles. La Hongrie a encore de la morale et protège ses enfants, c’est respectable dans le monde de fous actuel.

  8. l’Union européenne, c’est vrai que sur le papier, c’est plutôt engageant : l’Union fait la force, etc…
    Ce qui me rends sceptique ?
    Que trois de ces états membres soient des paradis fiscaux !

    • L’Union européenne est dirigée par une oligarchie qui s’assied sur ce que veulent les peuples et ne préoccupe guère de déontologie : Jean-Claude Juncker, avant d’être Président de la Commission européenne , il a été successivement ministre des finances (10 ans) puis premier ministre (14 ans) du Luxembourg, dont il a fait un paradis fiscal. Ursula Von der Leyen, qui lui a succédé, a réussi jusqu’à présent aà passer entre les mailles du filet, mais commence à trainer pas mal de casseroles.

  9. Bravo à la Hongrie , tenez bon bon face à ces dictateurs .Par contre les fonds « covid  » doivent leur être versé , cette supercherie à la vaccination devrait même être remboursé par les labos à tous les pays qui ont payé pour un produit inefficace .Ces dirigeants européens ne sont que des voleurs , des traitres qui ruinent les pays , obligent à l’accueil de populations à problème , saccagent les savoirs et compétences , ruinent les industries prospères et se remplissent les poches .

    • Bravo pour votre commentaire bien réaliste de ce que sont les politiques actuels, des destructeurs rapaces sans morale.

    • Grande supercherie de la vaccination en effet vu que ces produits injectés ne correpondent pas à la définition d’un « Vaccin » qui doit nous protéger contre les autres et réciproquement…
      Cette europe est un panier d’olibrius que nous n’avons pas élus pour nous trahir et nous détruire.
      Que la Hongrie parvienne à tenir hautes les couleurs de la liberté !

  10. Autocratie électorale ?! Et lorsque Macron n’est élu qu’avec seulement 38% des électeurs inscrits, cela s’appelle comment ?

    • Le parti (Fidesz) de Victor Orban a recueilli 37,67 % des inscrits (54,13 % des suffrages exprimés) aux élections d’avril 2022, donc, à peu de chose près, ni plus, ni moins que Macron. Victor Orban est premier ministre depuis plus de 12 ans et contrairement à Macron, il s’occupe de son pays, fait ce pourquoi il a été élu, et tente de conserver sa souveraineté à la Hongrie.

      • 54,13% dans une élection à un seul tour pour Orbán. A peu près la même chose que Macron, oui mais au second tour grâce à l’apport de l’UMP et des mélanchonistes.

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