Loi Duplomb : les agriculteurs face aux attaques des Verts et de l’ultra-gauche

Alors que la gauche radicale sème la pagaille, les divisions au centre pourraient empêcher le vote du texte.
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La proposition de loi « Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », présentée par les sénateurs Laurent Duplomb (Les Républicains) et Franck Menonville (Union centriste), est devant l’Assemblée nationale à partir de ce lundi 26 mai. Elle doit enfin permettre de répondre aux attentes d’une majorité d’agriculteurs. Seule la Confédération paysanne, minoritaire, appelle en effet à voter contre, alors que la FNSEA/Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurale sont, pour une fois, d’accord et demandent son adoption.

Mais c’est compter sans la gauche radicale, qui met en péril la possibilité même du vote de la loi par le dépôt de 2.500 amendements sur lesquels devront statuer les parlementaires. Il faut « bordéliser » le débat agricole, ce qui passe par une véritable opération d’obstruction parlementaire. En témoigne la surenchère d’amendements : 1.500 déposés par LFI et 800, côté écologistes !

Les centristes divisés

Les agriculteurs ne pourront pas compter, non plus, sur la totalité du bloc central, divisé, reflétant le manque de cohésion du gouvernement. Le ministre de l’Agriculture Annie Genevard soutient la proposition de loi Duplomb, mais le ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher émet des réserves sur une disposition rétablissant l’autorisation d’un pesticide interdit en France. Alors qu’il ne l’est pas dans le reste de l’Europe... La focalisation politicienne autour de ce pesticide, accusé de tuer les abeilles, se comprend d’autant moins que les professionnels se montrent beaucoup plus pragmatiques sur la question, comme en témoignait récemment, dans nos colonnes, un apiculteur des Landes, partisan d’une collaboration profitable à tous avec les agriculteurs.

En face, les groupes RN et LR ont clairement pris position en faveur du texte. Mais les députés seront-ils assez nombreux pour défendre nos agriculteurs ? Une première contre-attaque est venue du député LR Julien Dive, qui a proposé une motion de rejet préalable de la forêt d'amendements déposés par la gauche. Soutenue par le gouvernement ainsi que par les groupes LR, Renaissance, MoDem et Horizons, cette initiative permettrait de suspendre les débats à l’Assemblée nationale et d'éviter de laisser l’extrême gauche polluer le texte. Ce dernier partirait alors en commission mixte paritaire et ne reviendrait dans l’Hémicycle que pour le vote final.

Les agriculteurs mobilisés

Cette solution déplaisait à Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, qui voyait d’un mauvais œil sa mise à l’écart du cheminement du texte. Afin de sauvegarder un débat en séance, elle a donc proposé un compromis aux parties concernées : en contrepartie du retrait, par les groupes de gauche, de la moitié de leurs amendements, elle s’engage à leur accorder 15 heures de débat dans l’Hémicycle et à retirer la motion de rejet préalable.

Pendant ce temps, les agriculteurs sont mobilisés afin de faire pression sur les députés. Plusieurs centaines se sont massés, ce lundi 26 mai dès le matin, devant le palais Bourbon. Pour Clémence Bernié, vice-présidente des Jeunes Agriculteurs de l’Aveyron, qui répondait aux questions de l’envoyé spécial de BV, « on aimerait pouvoir travailler tranquillement. On nous impose de remplir des documents, de l’administratif toujours en plus », ce qui explique le large soutien des agriculteurs à un texte de loi qui va dans le sens d’une simplification.

Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale, nous a confirmé son soutien à ce texte car, après une loi d’orientation décevante et partiellement censurée par le Conseil constitutionnel, « là, il y a quand même quelques avancées que les agriculteurs attendent, par exemple concernant les produits phytosanitaires, l'eau, la simplification administrative, la législation des bâtiments ou encore l'OFB [Office français de la biodiversité, NDLR] », explique ce représentant élu des agriculteurs. L’important, à ses yeux, est que la loi passe à tout prix. « Nous demandons officiellement au Premier ministre de dire que, s'il a le moindre risque d'être mis en échec par le vote, il actionnera le 49.3, parce qu'on est convaincu qu'il n'y aura pas une majorité, dans ce cas-là, pour le renverser », conclut Christian Convers. Nous n’avons pas pu joindre les représentants de la FNSEA et de la Confédération paysanne.

Dans l'après-midi, la tentative de médiation de Yaël Braun-Pivet ayant échoué, les députés ont voté la motion de rejet de la proposition de loi afin de pouvoir écrire une nouvelle version du texte, plus favorable aux agriculteurs. Celle-ci passera en commission mixte paritaire à une date qui n'est pas encore fixée. En début de soirée, les agriculteurs présents devant l'Assemblée nationale ont donc décidé de quitter les lieux.

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Non, il n’est pas nécessaire d’être « Vert » ou « gauchiste » pour se positionner contre la Loi Duplomb ! J’ai du mal à comprendre que Bd Voltaire défende cette loi, même si je partage son empathie pour les agriculteurs. Mais ceux-ci, en réclamant le retour de ce pesticide très nocif, participent à la perte de leur santé tout en contribuant à nuire à celle de leurs semblables ainsi qu’à la disparition des pollinisateurs ! Cette loi est une catastrophe pour l’environnement, la biodiversité et la santé humaine ! Hier soir, j’ai écouté la ministre de l’Agriculture sur France 2 et elle a osé dire que les scientifiques ne reconnaissent pas les méfaits de ce néonarcotinoïde… Où elle est trompée par des scientifiques, en conflit d’intérêt avec les lobbies de l’agroalimentaire ou elle ment. En effet, les scientifiques indépendants sont unanimes à reconnaître que ce pesticide est responsable de maladies graves, notamment chez les enfants, voire qu’il a un impact sur le foetus : cerveau et autres organes. En moins de 50 ans, on constate une augmentation des cancers chez l’humain de 24 à 50 ans ! Et les pesticides sont tous désignés comme responsables de ce fléau. Certes, le scandale réside dans le fait que ce pesticide soit autorisé par les agriculteurs des autres pays européens quand il est interdit chez nous ! Je comprends que cette différence soit vécue comme une cruelle injustice par nos paysans. Le véritable progrès aurait été d’interdire ce produit très nocif dans toute l’Union européenne ! Quant à la nocivité pour les abeilles, elle est avérée puisque elles sont décimées partout où se produit a continué à être utilisé alors que chez nous les ruches avaient retrouvé une certaine santé ! Pour les pucerons, les paysans convertis au bio, qui utilisent des coccinelles ou pratiquent la variété des cultures à la place de la mono-culture, ne rencontrent plus ce problème ou peu… Evidemment, cela demande un investissement personnel, des efforts. Il est plus facile, à court terme, de répandre des poisons sur les légumes que de lutter avec des insectes pour les protéger ! Quant à la FNSEA c’est le diable qui sévit sur notre agriculture depuis des décennies et le fait qu’elle défende ce poison est le signe qu’il faut l’interdire à tout prix !

    • OK avec les écolos et les ultras gauche, mais on ferme les frontières , plus rien ne rentre sur le territoire .Il ne s’agit pas d’acheter des produits qui ne répondent pas aux normes quand on est si sévère avec nos agriculteurs .Il faut être logique !

  2. je pense sans prise de position partisane qu’il faut trouver une juste mesure . La FNSEA est un syndicat partisant de l’agriculture intensive et des élevages géants c’est un mode impossible aujourd’hui si on veut préserver un minimum de vie et de biodiversité dans nos campagnes
    la FNSEA est le symbole de la destruction de la biodiversité des pesticides des produits toxiques
    et la loi duplond va être lourde !!! pour la biodiversité et nos rivières et les nappes freatiques .
    donc il faut limiter les risques et ne pas developper les produits toxiques .

    • Et les importations c’est le symbole de quoi ? Du foutage de gueule ? Parce que l’on va pénaliser nos agriculteurs quant les normes des produits que l’on importe ne sont pas garanties ? Au moins chez nous c’est transparent ! Il ne faut pas faire de la sur transpositions et jouer les kékés quand on est pas sûr des produits que l’on importe . Les cancers ils viennent des produits transformés , les plats préparés industriels avec des composants venant d’un peu partout et non controlés .

  3. La mouvance gaucho écologiste prouve une nouvelle fois sa préférence pour l’anti France . La France du terroir , de la transmission , du travail , de l’accomplissement au quotidien pour cette population d’enracinés détestée par la mouvance précitée.

  4.  » Vérité en deça, erreur au dela « . Il en va de même pour l’utilisation des pesticides autorisés dans certains pays de l’Europe et interdit en France. Comme dans beaucoup de domaines il y à des gens, des pays plus égaux que d’autres. Que l on dise clairement que l’on veut la disparition de l’agriculture française ( comme notre industrie et autres) pour être consommateurs de tout ce qui vient de l’étranger. Consommateurs et non plus producteurs voila le credo

  5. Les députés devraient aller travailler la terre pour savoir de quoi ils parlent, c’est trop facile de faire des papiers et encore des papiers et de ne rien connaître à la vie sur le terrain.

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