[REACTION] Loi « fin de vie » : « Antisémitisme et eugénisme sont de retour, à gauche »

C'est la signature du projet eugéniste : ne pas laisser le choix, imposer, criminaliser la liberté, punir le choix.
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Michel Onfray a toujours été partisan de la légalisation de l'euthanasie, il était favorable à une loi pour « l'encadrer ». Mais ce samedi 24 mai, lors de son émission hebdomadaire sur CNews (Face à Michel Onfray), il a déclaré à Laurence Ferrari avoir découvert le « tropisme eugénique » du projet de loi qui sera voté demain. Il s'explique.

 

Sabine de Villeroché. Qu'est ce qui vous gêne, dans ce texte ? D'où vient cette « obsession eugéniste » que vous évoquez ?

Michel Onfray. C'est en effet après l’émission que nous faisons chaque semaine que Laurence Ferrari m'a fait découvrir les amendements déposés par la gauche : ils m'ont stupéfait car ils attestent de leur tropisme eugéniste.

J'avais déjà été sidéré, lors d'un vote en catimini de l'Assemblée, pendant les vacances d'été de 2020, sur l'IMG, interruption médicale de grossesse, pour des raisons dites psycho-sociales jusqu'à... neuf mois de grossesse ! Ce qui autorisait le fœticide, que je nommerai ici infanticide car, à neuf mois, on a affaire à un enfant depuis longtemps, pour des raisons psychologiques et sociales, voire sociétales. Ce qui aurait permis à des « psy » et à des « sociologues » de décider de la vie ou de la mort d'un enfant dans le ventre de sa mère. PCF, PS, LFI, Écologistes, mais aussi macroniens et maastrichtiens de droite avaient voté ce texte ; ce que le Sénat a refusé. Je m'en étais alors indigné.

À l'époque, Le Nouvel Observateur avait publié une tribune du « psychanalyste » Gérard Miller, dont chacun sait fort heureusement aujourd'hui quelle autorité morale il est pour la gauche. Il avait perfidement affirmé que j'étais devenu le pire des hommes en m'opposant à l'IVG... Ce qui était confondre IVG et IMG. Si c'était volontaire, c'était un mensonge perfide ; sinon, c'était une bêtise crasse. L'un n'excluant d'ailleurs pas l'autre, chez cet homme. Cette IMG engageait la gauche sur un terrain eugéniste. Le professeur Xavier Martin a savamment documenté, dans nombre de ses livres, la naissance de ce tropisme eugéniste dans la philosophie des Lumières, obsédée par la création d'un Homme Nouveau.

Les amendements prévus par la gauche étaient nombreux à attester de cette volonté eugéniste, ce qui rend la défense de l’euthanasie, qui est toujours mon camp, extrêmement périlleuse.

 

S. d. V. Pourquoi établissez-vous un parallèle entre ce texte « fin de vie » et la loi Veil légalisant l'IVG ?

M. O. Je défends la loi Veil car elle estime, dans son préambule, que l'avortement est toujours un échec et qu’il fallait en même temps travailler à tarir ce besoin d'avortement. Or, ce tarissement n'a pas eu lieu. Bien au contraire. Alors que la contraception est devenue facile et décomplexée depuis longtemps, qu'elle est remboursée par la Sécurité sociale, les chiffres n'ont pas baissé. C'est donc un échec.

Par ailleurs, un tropisme eugéniste s'est emparé de cette pratique pour en faire le bras armé d'un tri des humains : conformation physiologique standard, création d'un être manufacturé, genre blond aux yeux bleus, ou produit avec du sperme de Nobel - on songe à une banque qui tiendrait au congélateur les ovules politiquement corrects d'Annie Ernaux -, élimination des êtres surnuméraires.

Maîtriser la conception, la vie, la mort avec des objectifs eugénistes définit le fantasme totalitaire activé par la gauche maastrichtienne, aidée en cela par la droite maastrichtienne, mais également par la gauche mélenchoniste et ses satellites. Ce projet jacobin d'un Homme Nouveau qui naît en 1793, sous la Terreur, se trouve à nouveau d'actualité.

On sait assez peu qu’il y avait chez Allende, figure emblématique de la gauche dans les années Mitterrand, un tropisme eugéniste chez cet homme qui était aussi antisémite. Un livre intitulé Allende. La face cachée, écrit par Victor Farias, qui avait démontré le nazisme d'Heidegger en 1987, documente tout cela. Antisémitisme et eugénisme sont de retour, à gauche...

 

S. d. V. Que pensez-vous de l'introduction, dans les texte sur la fin de vie, d'un « délit d'entrave à l'aide à mourir », punissable de 30.000 euros d'amende et deux ans de prison pour quiconque empêcherait ou tenterait d'empêcher une euthanasie ?

M. O. C'est la signature du projet eugéniste : ne pas laisser le choix, imposer, criminaliser la liberté, punir le choix. On ne fait pas plus liberticide.

Nous disposons désormais, avec l'IMG et ce projet d'euthanasie jacobine, d'un faisceau convergent constitutif d'un néofascisme eugéniste de gauche. Il me faudra ajouter un chapitre à un livre dans lequel je précisais déjà ces risques et qui s'intitule Le Fétiche et la Marchandise. Pour comprendre le délire nihiliste de notre époque, 1984 et La Ferme des animaux d'Orwell ne suffisent plus. Il faut y ajouter Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley.

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Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

44 commentaires

  1. La Nature et l’Homme. L’Homme et l’acceptation de « lois » naturelles. Quand l’avortement devient infanticide, alors que l’enfant est sur le point de naître. Tuer n’est plus un meurtre si la Société l’accepte en « fin de vie ». Dans les deux cas, on se débarrasse. Au moins, dans la Société de Sparte, il fallait obtenir de bons guerriers !!!!
    Pour la fin de vie, au moins gérons au mieux les soins palliatifs ! Il y a probablement des progrès à faire !

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