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Énième ouvrage d’un expert devenu incontournable sur la question, railleront certains esprits chagrins qui, par cet aveu, montreront surtout qu’ils n’ont guère lu cette nouvelle étude de Jean-Paul Gourévitch. Pour clore le bec à ses dénigreurs aigris, l’on ajoutera que la problématique des migrations est, par définition, inépuisable, tant elle est mouvante et contingente et ne peut, scientifiquement, se fixer définitivement et immuablement dans le marbre des livres, fussent-ils des succès de librairie.

Avec la clarté pédagogique et le regard distancié qu’on lui connaît, Gourévitch ne se borne pas à rappeler – et aussi à actualiser – les habituelles données chiffrées en la matière, mais offre au lecteur une vue élargie du phénomène migratoire qui sera au XXIe siècle ce que les totalitarismes que l’on sait furent au XXe.

L’ouvrage, paru en début d’année, souhaite, dans le contexte de l’élection présidentielle, informer le citoyen pouvant se trouver égaré au milieu des « déclarations fracassantes, des promesses, des amalgames et des controverses dans lesquelles il est malaisé de se reconnaître ». Dont acte. L’auteur s’empresse même de « ne pas conclure » et invite fortement l’électeur à se défier tant de « l’information alternative [qui] n’est pas automatiquement véridique du seul fait qu’elle est alternative » que de « la classe politico-médiatique qui vous déverse ses informations chloroformées et ses analyses tiédasses ». Du Gourévitch pur jus qui, en dépit des procès d’intention qu’on a pu lui faire, à droite et à gauche, chez les mondialistes ou les souverainistes, dans le camp des « patriotes » comme dans celui des européistes, a toujours martelé son souci de se maintenir au-dessus de la mêlée. C’est ce qui le rend aussi insaisissable idéologiquement que parfaitement cohérent et à l’aise dans une démarche se voulant réellement impartiale.

Partant, l’on retrouvera, dans une formule plus condensée, les chiffres, analyses, commentaires et prospectives déjà substantiellement exposés dans Les Migrations pour les nuls (First, 2014), véritable somme encyclopédique en un domaine où la saine politique cède trop facilement le pas à la vaine polémique. On se souviendra, par surcroît, que l’opus fut littéralement éreinté par les grands médias comme par l’Université.

L’intérêt du livre de Jean-Paul Gourévitch est, précisément, de n’occulter aucune facette de ce phénomène total des migrations européennes et internationales. On en veut pour preuve la bonne quarantaine de pages consacrées à l’expatriation, autre point aveugle des politiques migratoires publiques marquées d’un « relatif désintérêt », lors même, souligne-t-il, que « l’expatriation représente pour l’État, c’est-à-dire les contribuables, un coût sensiblement analogue à celui de l’immigration ».

Par ailleurs, l’auteur tient pour « indiscutable » « l’accroissement en valeur absolue et en pourcentage de la population d’origine étrangère » tout en relevant, d’une part, les marges d’erreur des instituts officiels tels que l’INED ou l’INSEE, d’autre part, l’absence dommageable des statistiques ethniques. Ainsi, « n’est-il pas dangereux de casser le thermomètre quand on analyse un état de santé ? », lance, un brin ironique, notre chercheur qui, non sans avoir indiqué que « les immigrés seraient, fin 2016, autour de 8 millions, soit 12 % de la population », considère, nonobstant, que, le solde migratoire de l’immigration légale se situant aux alentours de 150.000 personnes annuelles, « nous sommes loin du grand remplacement [puisque] les quelque 15 à 22 % de la population d’origine étrangère résidant en France ont été constitués sur plus de trente ans ».

Au lecteur, effectivement, de juger. Les yeux grand ouverts.

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06 mai 2017 à 16:23

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