[Livre] Le Courage de la dissidence, de Bérénice Levet
Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 03/03/2023.
Cet article a été publié le 03/03/2023.
L'été : l'occasion pour beaucoup de se plonger enfin dans ce livre dévoré des yeux toute l'année sans pour autant avoir eu le temps de le lire. À cette occasion, BV vous propose une sélection de ses meilleures recensions. Aujourd'hui, Le Courage de la dissidence, de Bérénice Levet.
Où est passé l’esprit français ? Sa liberté, sa gaîté ? Le wokisme, avec son bras armé, la cancel culture, règne en maître partout. Chaque jour, nos élites communient davantage au discours ambiant diversitaire, décolonialiste, communautariste, victimaire et repentant. Allons-nous encore longtemps nous en laisser conter ? Le dernier livre de Bérénice Levet Le Courage de la dissidence, paru aux Éditions de l’Observatoire, sonne le rappel et la charge.
Ce n’est pas un livre de plus sur le wokisme mais un livre qui pose la seule question qui vaille. Au nom de quoi ne voulons-nous pas vivre dans une France « convertie au wokime » ? La réponse est claire : au nom d’une civilisation « que nous ne convoquons plus mais qui existe toujours ». Retrouvons donc les trésors oubliés de cette civilisation « pour en faire des principes d’action ». C’est par « le génie français de l’incarnation » que nous vaincrons. Le génie, ce caractère propre et distinctif.
Car la France n’est ni une équation ni une formule ni une abstraction. Elle est enracinée dans un terreau riche. Il ne s’agit donc pas, pour sauver notre héritage, de déployer l’étendard des « valeurs républicaines » mais de donner, de nouveau, la France à aimer charnellement par le « pas de côté » de la pensée et de l’art. Et quoi de plus enraciné que le propos de ce livre, écrit par passion de transmettre ! Les exemples foisonnent, pris dans tous les domaines — histoire, philosophie, littérature, peinture, statuaire, musique, art des jardins. Montaigne et Poussin, Descartes et Voltaire, Benjamin Constant et Rameau, avec ses Indes galantes (longtemps l’indicatif d’une émission de radio), Braudel et sa Méditerranée, Debussy - La Cathédrale engloutie et le merveilleux Monsieur Croche - et Georges Duby, avec ses Dames du XIIe siècle, Proust et Merleau-Ponty : tous ces créateurs, convoqués ici, témoignent de l’irréductible singularité de leur génie. Chacun, à sa manière, irréductible à tout autre, proclame, en écho aux philosophes et aux historiens, que « notre royaume est de ce monde » : celui de la vérité, de la beauté, de la liberté du rire. Oui, la France est incarnée : elle a pour visage celui d’une femme, pour nom Marianne, et pour patronne Jeanne d’Arc. Et, à travers les siècles, s’entend toujours le rire de Voltaire.
Impossible de reprendre toutes les idées de la disciple d’Hannah Arendt, idées partagées par nombre de nos contemporains. Retenons-en deux : la citoyenneté et la laïcité. Loin des déterminismes réducteurs, la France est « cette belle audacieuse » qui rappelle à chacun sa liberté. Et l’auteur d’évoquer « la subtile dialectique de l’enracinement et de l’émancipation » : elle caractérise l’assimilation à la française qu’on appelle, aux échecs, « la marche du cavalier. » La citoyenneté, c’est l’entente française de la vie, loin de tout déterminisme comme de tout débordement. La laïcité ? Source d’étonnement pour les étrangers, c’est « le génie » français, bien vu par Nietzsche relevant cette contradiction de notre pays d’avoir « produit les types les plus accomplis de la chrétienté… et d’avoir, inversement, engendré les types les plus achevés de la libre pensée anti-chrétienne ». Quant à l’Histoire qui donne, en ce moment, bien du fil à retordre à nos historiens du « Wokistan », quoi de plus parlant que nos statues « couvrant la France d’un manteau de pierre » donnant à voir et à aimer notre histoire nationale à travers ses grands hommes et ses grandes femmes ? Ces statues que certains voudraient, faute de pouvoir les déboulonner, flanquer d’un « cartel pédagogique » - autrement dit : encarter !
Le titre du livre fait référence à la dissidence russe et, plus précisément, au discours de Harvard (1978) de Soljénitsyne : Le Déclin du courage. D’où cette question pressante. Les Français auront-ils le courage - « le cœur » - de résister ? Faut-il désespérer d’adultes amnésiques ? D’une jeunesse consentante à tout ? D’un peuple émietté ? La France est-elle destinée à être une « petite province satellite » de l’Amérique ? Notre langue est colonisée par le globish. L’école est menacée dans sa mission de transmettre et d’instruire. La réponse est politique, c’est-à-dire qu’elle nous engage tous.
La France ou « le génie de l’incarnation ». Ce livre donne envie de relire Descartes et Céline, Candide et Feuillets d’Hypnos. De réentendre Les Barricades mystérieuses. D’aller saluer les Reines de France et Femmes illustres du jardin du Luxembourg et de se promener à Versailles en connaissance de cause. Bérénice Levet a pleinement réussi son pari de transmettre et partager l’amour reçu dont elle vit. Nostalgie, dira-t-on. Mais la nostalgie est chose excellente lorsqu'elle fait « de nous, non pas des collaborateurs mais des résistants » !
Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:20.
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Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques
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21 commentaires
Sauf que le véritable sens du mot « nostalgie » est : le mal du pays lorsque l’on est loin de lui, et non pas les regrets des temps passés, comme on se plaît sans cesse à le faire croire.
il faut faire taire toutes ces idéologies toutes plus fausses les unes que les autres mais surtout nauséabondes et dangereuses.
Elles ont un autre caractère commun : on ne réussit à s’en débarrasser qu’au prix d’un bain de sang.
On peut continuer d y croire pour preuve les fêtes de Bayonne avec un record d affluence la feria de Béziers les fest noz en Bretagne et toutes ces manifestations de nos terroirs directement en lien avec notre patrimoine culturel pour le versant chrétien de nos racines le pèlerinage de Chartres lui aussi avec un record d affluence il y a une offensive contre notre culture mais ces cloportes d idéologues auront fort à faire.
Mme Van der Leyen semble combattre les intérêts de l’UE. Peut être bien à la solde des américains. Regardez l’activité de certains membres de sa propre famille;. Et pourquoi nous rajouter 5 à 6 pays de très faible taille. ls ne pourront jamais participer au développement de l’Europe. Sauf à représenter des voix au conseil de l’UE pour imposer des évolutions contre nature. Et Mr Macron souhaite en prendre la présidence. Mme VDL travaille pour Mr MACRON.
Il est intéressant de lire des articles sur la biographie de Rose Ladson pseudo d emprunt de la van der leyen
Enfin, de quoi à remettre d’aplomb ceux qui ont la t^te qui décroche. Cultivons nos savoirs et nos richesses. Echappons à la mondialisation écrase notre civilisation et tout ce qu’elle contient.
Déjà, pour avoir le courage de résister à quelque chose, il faut avoir identifié la chose comme étant mauvaise, ce qui ne semble pas être le cas de la majorité de la population, notamment chez lez moins de cinquante ans. En ce moment la grosse inquiétude est : où va t-on en vacances.
Merci M-H V pour ce plaidoyer vibrant . En cette période de pré-rentrée , accepteriez vous de prendre la résolution d’écrire un peu plus souvent sur BV ? Votre plume autant que la clarté de vos idées me réjouissent chaque fois que je vous lis .
Je n’ai pas encore lu le livre de B.Levet, mais quel beau et puissant commentaire de M.H. Verdier!!
Bravo, bravo, l’âme française n’est pas morte!!
Je ne suis pas lettré comme vous mais j’admire votre initiative . Je ne voudrais pas imposer mon ignorance comme certains se plaisent à le faire de façon presque obscène. Au contraire, il faut dire aux générations futures l’urgence de se réapproprier leur destin à travers cette littérature qui a fait ce que nous avons été avant l’entreprise de déconstruction mondialiste ! Nous vivons aujourd’hui encore sur les oripeaux de cette culture qui créés l’illusion que tout pourra continuer comme cela « ad vitae aeternam » !
Bien vu, bien dit. Redonnons la confiance à nos jeunes.
Bravo Madame Verdier de mettre ainsi en valeur cette femme écrivain qui a l’immense mérite de s’attaquer à l’un des plus grands défauts actuels : le manque de courage dans pratiquement tous les domaines.
Parmi les effets pervers de la démocratie, on trouve cette étrangeté : devoir réunir une majorité pour désigner un pouvoir qui va imposer la volonté de minorités contre ce que veut le plus grand nombre. Car, ne nous y trompons pas, tous ces changements de société que l’on veut nous faire accepter malgré nous, ne sont que les délires de toutes petites minorités dont la force réside dans leur capacité à se faire entendre et à laisser croire qu’elles représentent bien plus que leur réelle insignifiance.
Oui, il y a quelques clubs dans le monde qui représentent le pouvoir financier qui lui même détient le pouvoir politique sur les états. Vous cherchez et vous trouverez ls Français qui en font partie.
Chère Marie-Hélène bravo pour cet article mais j’ai bien peur qu’on nous soyons pour le moment mal partis ! Les ados ne lisent plus rien ou presque sauf exception ! Adieu la culture générale et ne parlons pas de la littéraire ni de l’historique. On se demande si un jour l’école va redevenir un endroit où on apprend quelque chose. Bonne journée à tous
Vous stoppez l’éducation nationale qui n’est qu’un mammouth comme disait leur ministre.
Vous réintroduisez l’instruction publique. L’école n’est pas une garderie. Et les parents qui veulent des enfants, ils n’ont qu’à s’en occuper. L’éducation vient de là.
Le wokisme, c’est la revanche des perdants aidés en cela par des nantis en mal de cause à défendre qui ne trouvent de rédemption que dans l’auto flagellation.
Magnifique , super initiative et très bien de remettre les pendules à l’heure . Et comme vous le rappelez si bien nous devons résister , combattre ces détracteurs et surtout protéger nos enfants que ceux là veulent manipuler et influencer .
Merci mesdames .