Lionel Falcoz : « La circulaire Castaner pour les municipales était un subterfuge avantageant LREM »

Lionel Falcoz

Le Conseil d'État a suspendu, ce vendredi, trois dispositions de la circulaire du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner en vue des municipales, et notamment celle attribuant des nuances politiques par les préfets « dans les seules communes de 9.000 habitants et plus », dispositions vivement critiquées par l'opposition.

Au micro de Boulevard Voltaire, réaction de Lionel Falcoz, maire d'une petite commune du Lot-et-Garonne.

Vous êtes maire Les Républicains de Laroque-Timbaut, une commune de 1.720 habitants en Lot-et-Garonne. Christophe Castaner voulait diffuser une circulaire obligeant les candidats se présentant dans les communes de moins de 9.000 habitants de ne pas apparaître avec une étiquette politique. Cette proposition vous convenait-elle ?

Je trouve un peu limite, en termes de respect démocratique et républicain, qu’un service de l’État « s’autorise » à mettre une étiquette sur des gens qui se présentent à une élection. Cela contrevient, dans l’esprit, au principe constitutionnel de liberté de pensée. A contrario, imposer les gens à se déclarer ne serait pas bon non plus. Je suis pour qu’on laisse le choix aux gens de s’étiqueter ou non. Cela me semblerait logique.

Quel est l’intérêt du maire d’une petite commune d’afficher son étiquette ?

Il n’y a aucun intérêt. Faire de la politique nationale dans un conseil municipal n’a pas de sens.
Pour moi, cela a toujours été très clair. Je n’ai jamais demandé à mes élus ce qu’ils votaient. Je respecte le principe de liberté de pensée. J’ai toujours interdit les polémiques nationales dans le conseil municipal. En revanche, cela ne m’a pas empêché de prendre des positions concernant des décisions nationales qui impactent les communes, notamment leur avenir, qu’il soit financier, réglementaire ou leur existence par rapport aux intercommunalités.

Vous êtes affiché maire Les Républicains. Pourquoi avoir fait ce choix vous-même ?

Il y a six ans, je n’avais pas d’étiquette politique. Ma liste a été classée par la préfecture sans étiquette. Pour rester logique avec moi-même, mettre une étiquette à une équipe municipale dans un petit village n’avait pas de sens. Sur demande de certains de mes amis, un an et demi après, je suis parti en tant que suppléant aux départementales. À ce moment-là, j’ai effectivement pris une étiquette politique.
Dans un peu plus d’un mois et demi, je vais présenter ma prochaine équipe. Elle sera sans étiquette, même si l’ensemble des Roquentins savent très bien que je suis de droite et que je l’assume. Encore une fois, l’étiquette politique pour l’ensemble de l’équipe n’a pas de sens.

Selon vous, pourquoi Christophe Castaner avait proposé cette circulaire ?
Pourquoi un gouvernement serait tenté de passer par ce genre de méthode ?

Tout simplement pour ne pas subir le contrecoup de deux ans de politiques relativement désastreuses. Là où il y avait beaucoup d’espoir, ils n’ont pas été au rendez-vous. Que ce soit à travers les gilets jaunes, la réforme des retraites et la gestion des événements, notamment à Paris, sur les manifestations. Mathématiquement, ils vont en subir le contrecoup.
Leur objectif est de prendre le maximum de communes parce qu’ils n’ont pas d’assises locales. Par conséquent, ils sont obligés d’utiliser ce subterfuge. Ils l’ont donc généralisé à toutes les communes de moins de 9.000 habitants.
Cela impacte un bon 56 % des communes de France.

Lionel Falcoz
Lionel Falcoz
Maire de Laroque-Timbaut (Lot-et-Garonne)

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