Lettre ouverte à Jean Castex au nom des restaurateurs et cafetiers

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Monsieur le Premier Ministre,

Cette lettre ne vous parviendra même pas mais je vous l'adresse quand même au nom des 750.000 Français qui vivent de la restauration et que, malgré des primes plus ou moins versées, vous avez abandonnés au triste sort de leur vie devenue au mieux insupportable, au pire infernale. Vous savez très bien que les 207.000 restaurants et cafés ont respecté au mieux vos consignes en investissant pour que les mesures barrières soient respectées. Je ne représente aucun membre de cette grande famille de la restauration, mais je souffre de voir dans quel état est cette culture française qui a su s'imposer depuis des siècles aux palais du monde entier.

J'ai parcouru des autoroutes et vu des stations-service sans âme où des automobilistes, des chauffeurs de poids lourds essayaient en vain de s'attabler. J'ai vu des villages, des villes abandonnées, ressemblant plus à des décors de cinéma qu'à des cités dont l'âme s'était envolée peut-être à jamais.

Des sièges empilés sur des terrasses désertes. Des bandeaux de sécurité interdisant l'accès aux salles de restaurant. Des cuisines laissées à l'abandon. Des hommes et des femmes qui, par centaines de milliers, se demandent de quoi sera fait demain. Certains, comme à Marseille, ont déjà vendu leur mobilier. D'autres se sont suicidés.

Monsieur le Premier ministre, quand votre Président a fait appel à vos services, vous n'aviez pas envisagé de vivre une telle galère. Mais vous vous êtes laissé posséder par le principe de précaution, peut-être aussi par la peur d'avoir à payer les effets mortifères de votre politique sanitaire.

Vous nous avez dit que vous preniez vos décisions de fermeture la mort dans l'âme. Que vous allez vous rattraper en faisant de 2021 l'année de la gastronomie. Mais si vous laissez vos décrets courir jusqu'à ce que ce chiffre de 5.000 cas soit stable, et dont, d'ailleurs, les Français se demandent pourquoi 5.000 et pas 10.000 ou 15.000, nous vous rendrons responsable de la mort de centaines de Français épargnés par le Covid-19, mais pas par vos décrets, responsable des faillites en cascades et, au bout du compte, avec votre Président, vous serez responsables devant nous tous, futurs électeurs, de la mort de la gastronomie française, de notre art de vivre. Comme de celle de notre culture.

Un principe de précaution fondé sur une étude qui n'a jamais vu le jour, et que vos experts ont décrété, une fois pour toutes : les restaurants comme les lieux culturels étaient les pires lieux de contamination du virus !

Depuis que les Français respectent en grande majorité le port du masque et des gestes barrières, depuis que vous avez fermé tous ces lieux où il fait bon vivre, le virus continue son chemin à travers la population.

Alors, Monsieur le Premier Ministre, de grâce : abrogez vos décrets qui font plus de mal à la France que le virus lui-même. Les dégâts collatéraux que vous avez provoqués seront à porter à votre bilan. Pensez-y !

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Floris de Bonneville
Journaliste - Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

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