Nous en sommes donc au logiciel Russiagate.3.

Le Russiagate.1 avait coûté plus de 40 millions de dollars, paralysant le fonctionnement de la politique étrangère américaine tout en ouvrant la porte au parti unique de l’hégémonie financé par le complexe militaro-industriel, allié lui-même à celui des sans-frontières. C’était le temps des rapports opaques produits par les agences de renseignement et de la déstabilisation du géant Trump, avec la saga des enquêtes Mueller, finies en queue de poisson.

Mais si le géant a bien résisté au choc frontal de l’État profond, il ne s’est pas moins entouré de néoconservateurs pour survivre, tout en prétendant l’inverse.

C’est alors qu’une deuxième version, celle du Russiagate.2, fut lancée cet été par les ingrats dont Trump s’était entouré, afin de le punir de vouloir diriger lui-même la nouvelle marionnette ukrainienne Zelensky au lieu de laisser faire la bureaucratie des affaires étrangères ainsi que la « communauté » du renseignement américain, plus à même, estimaient-ils, de gérer directement le protectorat de Kiev. Cette version 2, moins coûteuse que la première, et portant sur moins de six mois, se devait de confirmer au public l’existence de preuves « indéniables » de l’adhésion de Trump au club des carpettes de Poutine. Mais l’impeachment a fait pschitt… tout en détruisant la candidature de Joe Biden.

Car l’idée était bien simple : Poutine avait volé à Hillary son élection en 2016 en plaçant Trump à la place, et il allait recommencer en 2020. Et l’on pouvait penser que - patriotisme oblige - Pelosi et Schiff espéraient ainsi permettre le retour en selle de Mme Clinton lors d’une convention démocrate divisée, sans clair vainqueur parmi les candidats. L’entrée de Mike Bloomberg dans la course représentait un moyen idéal de chauffer la place d’une candidature-surprise venue de nulle part (Hillary Clinton, voire encore Michelle Obama).

Concomitamment, le directeur du renseignement national, celui qui avait déjà témoigné au Congrès pour dire que le « lanceur d’alerte » sur l’Ukraine avait agi de bonne foi, présentait son rapport au House Intelligence Committee de M. Adam Schiff un état des risques, dont une interprétation fut fuitée dans la presse : les Russes veulent faire élire Donald Trump en 2020. Mais (petit problème) Bloomberg connaissait un premier débat des primaires catastrophique.

Or, non seulement les taux d’approbation de Trump continuent de monter, mais les performances de Sanders font maintenant craindre le pire à l’establishment : il risque bel et bien de gagner la nomination démocrate, et de façon incontestable ! C’est donc au moment de la primaire du Nevada qu’une autre fuite a surgi, étiquetant Sanders en candidat de Poutine, et (c’est nouveau) en candidat d’extrême gauche protégé par des supporters violents. Sanders a fait un carton au Nevada, où l’on s’aperçoit qu’il couvre désormais des sections vastes de la population, bien au-delà du public d’extrême gauche.

On s’en remet donc aujourd’hui - panique oblige - à une troisième version du logiciel, celle du Russiagate.3, dont le message est simple : l’Amérique est en danger. C’est Poutine qui va gagner l’élection de 2020 car il dispose, désormais, des deux candidats de la finale. Il faut faire barrage aux deux !

Ce qui aurait un autre effet, invisible : gêner ou bloquer les enquêtes en cours du « Spygate » qui effraient la « communauté » du renseignement.

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25 février 2020 à 9:50

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