Les masques : d’ici la Saint-Glinglin ?
« D’ici fin » : encore une de ces expressions qui permettent de faire patienter son monde : les parents, le client, le fournisseur. D’ici ce soir, j’aurai rangé ma chambre. D’ici la fin de la semaine, on devrait avoir reçu les pièces pour votre voiture. D’ici la fin du mois, vous aurez votre chèque. D’ici là… il fera jour. En politique, aussi, l’expression ne connaît pas la crise ou le chômage partiel. Avec même sa variante incorrecte : « D’ici à la fin… » D’ici fin : c’est un horizon qu’on se fixe comme ça et qu'on pointe d'un doigt mouillé. Un horizon qui, lui, on le sait bien, n'est pas fixe. C'est le principe de l'horizon, vous me direz.
En juillet 2017, Emmanuel Macron déclarait : « Je ne veux plus d’ici la fin de l’année avoir des femmes et des hommes dans les rues. » On sait ce qu’il en fut et qu’il en est encore. Interpellé, l’an passé, par un gilet jaune, durant le grand débat, sur ces propos que le pauvre gilet jaune pensait être une promesse de campagne, Emmanuel Macron répondit sans se laisser démonter : « C’était en juillet 2017, je n’ai pas pris cet engagement de campagne et je n’ai pas dit ça même en tant que Président. J’ai eu, à Orléans, un mot sur les […] demandeurs d’asile qui étaient dans la rue et les bois. » Fin de la discussion.
Toujours 2017, période flamboyante du règne. Décembre, plus exactement. Emmanuel Macron, dans une interview donnée en son palais de l’Élysée, déclare : « D’ici fin février, nous aurons gagné la guerre en Syrie. » Deux ans après, en octobre 2019, à l’occasion de la mort du chef de Daech, le Président tweetait : « La mort d'al-Baghdadi est un coup dur porté contre Daech, mais ce n’est qu’une étape. Le combat continue. » Ce n'est qu'un début, continuons le combat, qu'il disait...
La semaine dernière, en pleine drôle de guerre contre le coronavirus, Emmanuel Macron redécouvre l’eau qui mouille et les bienfaits de l'indépendance industrielle et autres billevesées souverainistes. Lors d’une visite dans une usine de fabrication de masques, il déclare vouloir que la France acquière son « indépendance pleine et entière » en ce qui concerne la production de masques « d’ici à [aïe !] la fin de l’année ».
Et lundi, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, nous annonce que les masques commandés par la France en Chine seront livrés « d’ici la fin juin ». D’ici là, de l’eau aura coulé sous le pont aérien établi entre la France et la Chine…
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