Les Déferlantes et Perpignan : Pour la fête de L’Huma, les artistes « engagés » étaient moins regardants

Au début du mois de janvier, les groupes de pop-rock Indochine et Louise Attaque ont décidé de boycotter le festival des Déferlantes au motif qu’il se tenait à Perpignan, dont le maire Louis Aliot est membre du RN. Ce choix politique leur appartient, mais il est permis de s’interroger sur cette « susceptibilité démocratique » qui pénalise les habitants de Perpignan, coupables d’avoir voté pour les représentants d’un parti légal et qui a toujours respecté les institutions démocratiques ! La logique démocratique est un peu difficile à suivre, sauf à considérer qu’il existe de bons électeurs, respectables et dignes d’intérêt tant qu’ils votent à gauche ou pour la droite avachie, et de mauvais électeurs qu’il convient de sanctionner.

Cette attitude amène à s’interroger sur ces artistes et intellectuels « engagés » dont les indignations sélectives sont proportionnelles à leur aveuglement idéologique. Faut-il rappeler que, pendant des décennies, artistes et intellectuels se sont bousculés à la fête de L’Humanité alors que les régimes communistes partout dans le monde imposaient leurs régimes totalitaires criminels. Ce qui, semble-t-il, ne troublait guère ces belles âmes sensibles. Pire : ceux qui dénonçaient les crimes de masse commis au nom du marxisme-léninisme étaient voués aux gémonies et calomniés comme le fut Victor Kravchenko lors de la publication de J’ai choisi la liberté, en 1949. Au procès engagé contre l’hebdomadaire communiste Les Lettres françaises vinrent notamment témoigner contre lui, qui proclamait la vérité, Astier de La Vigerie, le philosophe Roger Garaudy, l’écrivain Vercors et le prix Nobel de chimie Frédéric Joliot-Curie ! Alors même que Staline martyrisait la Russie. Ce qui ne plaide guère pour la lucidité du monde artistique et intellectuel. Aragon écrivait des vers de mirliton à la gloire de Staline, Simone Signoret et Yves Montand se faisaient les VRP de l’URSS et Picasso avait rejoint le Parti communiste.

Plus proche de nous, Serge July, cofondateur de Libération, était militant maoïste en pleine révolution culturelle, qui fit entre 3 et 5 millions de morts, entraîna la déportation de 17 millions de Chinois et la destruction d’innombrables œuvres d’art. Avec Geismar, il reçut un accueil triomphal à Cuba en août 1968, où Castro étouffait toute liberté. Rappelons que le régime castriste a fait incarcérer dans les camps ou les prisons plus de cent mille Cubains et fait fusiller entre 15 et 17.000 personnes (cinq fois plus que Pinochet). Et Castro reste néanmoins une figure emblématique de la gauche française tandis que Cuba vit toujours sous le régime du parti unique et du système totalitaire communiste.

Dans le registre de la lucidité journalistique, comment ne pas rappeler la une du Monde lors de la prise de Phnom Penh par Pol Pot, le 17 avril 1975 : « La ville est libérée ! » Bilan des Khmers rouges, et de leur chef, pur produit de l’Université française : deux millions de morts, soit le quart de la population du Cambodge. Que dire de Jean Lacouture qui salua la chute de Saïgon, soutint les Khmers rouges et qui finira par reconnaître « avoir pratiqué une information sélective en dissimulant le caractère stalinien du régime nord-vietnamien. »

La sagesse et les exemples passés et contemporains devraient nous inciter à la plus grande prudence quant aux engagements politiques des artistes et intellectuels. Ils se trompent quasiment toujours mais ne font que très rarement repentance. Au contraire, il semblerait qu’ils considèrent que leur aveuglement les qualifie spécialement pour donner des leçons de morale au monde entier ! En fait, ils ne valent pas mieux que Céline ou Brasillach.

Quant au RN, il serait intéressant de savoir ce qu’il est reproché de façon précise à ce parti, en dehors des habituelles vocalises sur les « extrêmes ». Qui pourrait soutenir que le laisser-faire, laisser-passer, en matière migratoire a été un succès. Il n’est que de considérer l’état de certaines de nos banlieues, les progrès de l’islamisme et l’esprit de sécession qui règne dans certaines populations. L’abandon de pans entiers de notre souveraineté au profit de l’Union européenne aurait-il été une réussite ? Désindustrialisation, inflation alors que l’euro était censé nous en préserver, explosion du prix de l’électricité en raison de règles absurdes, soumission aux États-Unis… La rhétorique de l’excuse en matière judiciaire a-t-elle garanti la sécurité dans nos rues ? Les expériences du pédagogisme ont-elles permis d’accroître la qualité de notre enseignement ? Le renfermement de l’oligarchie mondialisée sur elle-même, un mythe ?

La réalité est que nous sommes dans une guerre culturelle, idéologique et de civilisation sans merci. Les furieuses critiques à l’endroit du film Vaincre ou mourir en sont un nouvel exemple. Là encore, il s’agit de dissimuler la réalité de la I^re République jacobine : le premier régime totalitaire moderne, liberticide et génocidaire. Impossible à admettre, puisqu’il s’agit du mythe fondateur de la République. La lutte pour faire éclater la vérité est sans merci. Il ne faut jamais baisser la garde.

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