Les Bronzés ne feront pas du ski
Stations de ski ouvertes mais remontées mécaniques fermées : Jean Castex s’est surpassé, la semaine dernière. Du coup, comme les Français sont des petits malins, les fanas de glisse commencent à regarder si la neige ne sera pas plus accessible dans le pré du voisin, notamment en Suisse. En zone frontalière, on risque d'assister à des situations particulièrement ubuesques.
Le journal suisse Lematin.ch rapporte le cas de la station Portes du Soleil, dans le Chablais, un domaine skiable franco-suisse avec des remontées mécaniques françaises et suisses. Les premières resteront fermées, les secondes ouvertes. Pas la peine d’aller plus loin, vous avez tout compris. Emmanuel Macron, au début de la crise sanitaire, affirmait que le virus ne connaissait pas les frontières. La preuve que si. Pour protester contre cette situation, le maire de Châtel (Haute-Savoie) a décidé de pavoiser sa mairie aux couleurs helvétiques, histoire d’envoyer un message très clair à Paris. Pour ce maire, la décision de fermer les domaines skiables a été prise « trop tôt, sans concertation, sans écoute, avec des arguments faux et faussés ».
Apparemment, le message de cet élu local a été reçu cinq sur cinq. Et au plus haut niveau de l’État. En effet, Emmanuel Macron, en personne, a indiqué, ce mardi, que le gouvernement envisageait de prendre des « mesures restrictives et dissuasives » - c'est là qu'ils excellent - pour empêcher les Français d’aller skier à l’étranger, et ce, afin de « ne pas créer une situation de déséquilibre avec des stations de France ». Le procédé est désormais bien rodé. C’est le même qu’avec les grandes surfaces qui faisaient concurrence avec les petits commerces. En novembre, on a fermé, par exemple, les magasins de jouets ou de vêtements. Les petits commerçants ont protesté car les rayons des grandes surfaces restaient ouverts. Qu'à cela ne tienne, on a fermé les rayons des grandes surfaces qui vendaient ces produits.
Des « mesures restrictives et dissuasives » ? On imagine que cela doit déjà phosphorer fort dans les coursives ministérielles. Le petit génie qui a inventé la jauge à trente pour tous les lieux de culte doit, en ce moment même, se creuser la tête. Il peut sans doute faire mieux. D'ailleurs, s’il trouve la bonne mesure restrictive et dissuasive pour empêcher les Français de franchir la frontière, on ne pourra que suggérer, dans un souci d’échange des bonnes pratiques, qu’il refile son truc pour empêcher que notre frontière soit franchie par tout plein de personnes qui ne viennent pas forcément chez nous pour skier.
On notera cet argument très intéressant d’Emmanuel Macron, qui s’y connaît en stations de ski, pour camper sur cette ligne restrictive : les stations de ski sont « des lieux de brassage » où « il fait nuit à partir de 17 heures » et où « on se retrouve dans des lieux qu'on a loués à plusieurs. On sait que c'est comme cela qu'on s'infecte et donc on cherche plutôt à l'éviter ». On voit qu’il a vu et revu Les Bronzés font du ski. Mais c’est là que nous reviennent alors, tout à coup, les propos magiques de Jean Castex sur le maintien des stations de ski ouvertes « pour profiter de l’air pur de nos belles montagnes ». On comprend mieux, maintenant, que le Président a fait la trace derrière son Premier ministre. Pas question de dormir dans le studio tout chaud avec tout plein de gens des deux sexes dedans, dessus, dessous. Zou ! Tout le monde en bivouac dehors au pied des pistes, les tentes individuelles distantes de deux mètres.
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