Les Anglais traumatisés par les attaques… d’« Anglais » : vous avez dit bizarre ?

Gérald Darmanin, avec une constance qui force le respect, s'en tient à la version officielle des scènes de chaos aux abords du Stade de France : 40.000 Anglais, munis de faux billets pour le match Liverpool - Madrid, ont semé la pagaille en Seine-Saint-Denis. Aussi simple que ça.

Mais Liverpool, préférant le réel au discours, a ouvert une cellule de soutien psychologique à ses supporters et les a invités à déposer plainte. Que croyez-vous qu'il arriva ? À ce jour, le club de football britannique a reçu près de 5.000 plaintes en 24 heures. Cinq mille. Exit, le côté prétendument anecdotique de « débordements en marge de la rencontre », selon l'expression consacrée. Les yeux pochés, les corps malmenés, les portefeuilles vidés, les côtes cassées des supporters britanniques ont quelque chose de « systémique », comme on dit de nos jours. Tous disent, peu ou prou, la même chose : des bandes organisées, qui connaissaient les stadiers, soit ont réussi à entrer sans billet pour « niquer la France », comme disait l'un de ces bienheureux sur les réseaux sociaux, soit à se regrouper à quarante contre un, selon une technique connue, pour dépouiller ces malheureux touristes.

L'avalanche de plaintes, ainsi que la création d'une cellule de soutien psychologique qui semble ne pas désemplir, ne sont pas tout à fait « raccord » avec la façon dont le gouvernement français raconte l'histoire. Les séides du macronat semblent l'avoir oublié : on ne peut pas raconter une histoire qui soit totalement orthogonale à la réalité. Même dans le mensonge, il y a des règles... sauf dans 1984, où « le mensonge, c'est la vérité ». Désormais, donc, les Français issus de l'immigration sont « des Anglais sans ticket d'entrée ».

Mais voilà, nous avons tous vu, lu ou entendu les témoignages d'Espagnols ou d'Anglais massacrés à coups de pied et de poing, détroussés par des « jeunes » venus des « quartiers populaires » ou dont les filles mineures ont fait l'objet d'agressions sexuelles. Certains Espagnols ont publié leurs témoignages sur Twitter. D'autres, britanniques, racontent qu'ils n'ont jamais eu aussi peur de leur vie. Des hommes au visage en sang, des femmes en larmes, des enfants terrorisés. Eh bien, non ! Vue de l'esprit ! Billevesées d'Angloys !

Cependant, malgré la bonne parole qui, univoque, circule sur toutes les chaînes d'information et les principales stations de radio, malgré l'entêtement du ministre jusque devant les sénateurs, voici que Liverpool ne semble pas décidé à se laisser indûment accuser. Le président du club britannique s'est déjà fendu, plus tôt dans la semaine, d'une lettre ouverte dans laquelle il demande des excuses publiques à Gérald Darmanin et nie en bloc toutes les allégations, complètement invraisemblables il est vrai, de la préfecture de police de Paris. 40.000 spectateurs sans billets ou munis de faux billets, soit l'équivalent de la moitié du stade ? Foutaises. À ce jour, seuls 2.800 billets se sont avérés faux, selon les propres chiffres du Stade de France. Des supporters anglais survoltés, déçus, violents ? On veut les vidéos. Pour l'instant, on ne voit, sur les dizaines d'images qui circulent, que les jeunes Dionysiens habituels, de ceux qui mettent ordinairement le feu au mobilier urbain ou se drapent dans des drapeaux étrangers les soirs de match de la CAN.

Merci à nos amis anglais - nos presque frères ennemis depuis mille ans - de nous montrer à quel point de folie collective nous sommes en train de descendre. Gérald Darmanin a informé la représentation nationale qu'il n'avait pas à donner la nationalité des quelques délinquants arrêtés le soir de la finale... sauf s'ils sont anglais, donc, mais il n'y avait pas d'Anglais. Tant que l'on n'habite pas dans un de ces quartiers perdus à jamais, on peut en rire.

Éric Zemmour disait que la Seine-Saint-Denis n'était décidément plus la France. Je crains qu'il n'ait tort. Je crains que la diagonale du vide, les villages perchés, les propriétés séculaires et autres derniers îlots de joie lumineuse ne soient, eux, plus la France. Pour les étrangers, c'est désormais clair : la France, c'est la banlieue, la grisaille, la grève, la violence et l'immigration destructrice. C'est nous qui allons avoir besoin d'une bonne cellule de soutien...

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