L’Église catholique entre le Ciel et le iel

messe

La nouvelle était-elle bonne ? On ne l’a guère ébruitée. Toujours est-il que les quelques paroissiens francophones ont pu être surpris, voici quelques semaines, d’entendre une nouvelle musique dans leur petite église de campagne béarnaise, bourguignonne ou normande, juste au moment du « je confesse » : « Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché. […] C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu. »

Oui, Frères et Sœurs, mes ami.e.s ; lecteur·rice·s de Boulevard Voltaire, l’Église catholique d’expression française poursuit sa révolution intérieure à « bas bruit », comme on dit aujourd’hui dans les cénacles médiatiques qui usent et abusent de cette locution que l’Académie voudrait voir associée seulement à l’idée de propagation insidieuse d’un mal.

Pas grand mal, en l’occurrence, concernant le Missel, me direz-vous. Mais sa nouvelle version de novembre dernier n’est pas neutre. Plutôt genrée ? Dans Le Pèlerin, qui présente « l’actu à visage humain », nous pouvons lire que « la nouvelle traduction française est entrée en vigueur le premier dimanche de l’Avent (28 novembre) dans les paroisses francophones. Elle ne deviendra obligatoire qu’au printemps 2022 pour tenir compte des problèmes de livraison. »

Passons sur ce problème logistique et postal et venons-en au texte. Lorsque avant le prêtre disait à l’assemblée dans le rite initial « Préparons-nous à la célébration de l’Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs », il dira maintenant « Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché ». Suivra le Confiteor rénové à pénitence mixte.

Concernant la liturgie eucharistique, l’ancienne formulation « Prions ensemble, au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église » reste autorisée. Mais, selon son inclinaison fraternelle et sororale, le prêtre pourra l’adapter de la sorte : « Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout-puissant. »

Le frère Henri Delhougne, de l’abbaye de Clervaux (Luxembourg), coordinateur de la traduction paritaire, veut nous rassurer : « Il ne s’agit pas d’une révolution théologique », dit-il. Mais d’ajouter, pour expliquer l’introduction du substantif féminin absent du texte originel : « Il n’y a pas le terme “sœur”, en latin. Pour tenir compte des femmes dans les assemblées, nous l’avons ajouté. Les évêques canadiens étaient particulièrement sensibles à cet enjeu. »

Ah, si les Québécois l’ont décidé, alors ! Après les scandales divers et variés qui ont touché l’institution, ces dernières années – et l’Église du Québec n’est, dit-on, pas en reste quant au nombre de déviants décelés en son sein –, entre repentance et recherche d’absolution démocratique auprès des faiseurs d’opinion du monde occidental, l’Église veut faire feu de tout bois pour survivre. Ou renaître ? Démontrer sa bonne foi en se soumettant aux nouveaux commandements du féminisme militant et des organismes « d'éveil » qui l’accablent méthodiquement pour la détruire n’est peut-être pas la meilleure des parades.

Sachant que l’Enfer est pavé de bonnes intentions, doit-on en rire ou en pleurer ? La fable dit qu’en 1453, les prêtres byzantins s’écharpaient, eux, sur « le sexe des anges » avant d’être décapités. Grâce à Dieu, le nouveau Missel paritaire, lui, nous épargne l’obligation de prier dans le genre indéterminé... Pour l’instant !

 

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

Vos commentaires

57 commentaires

  1. Pour moi ça reste:  » confiteor Deo omnipotenti….mea culpa , mea maxima culpa, ideo precor etc.. », et on se demande pourquoi les églises se vident, plus aucun sens du sacré, quoi qu’on dise le decorum est important.

    • Et la messe de toujours nous rattache aux premiers apôtres et aux pères de l’Église ; ce n’est pas rien. Trois critères sont donnés par Saint Vincent de Lérins, pour distinguer la vérité de l’erreur.« Le premier consiste dans l’unité de la foi à travers le temps et l’espace : « Il faut veiller avec le plus grand soin à tenir pour vrai ce qui a été cru partout, toujours et par tous », « Quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est ».

  2. Heureusement il est possible d’être chrétien sans être inféodé à cette calotte rouge et stupide qui va vider encore plus les églises : les woke n’y venaient pas et les  »catholique et français toujours » n’y viendront plus. Heureusement on a le choix : églises orientales (y compris l’église ukrainienne en France), les orthodoxies et l’Église vieille catholique …

      • A Paris, oui, mais pas seulement : renseignez vous il y a a forcément un culte plus chrétien ; parfois à i h de route mais on est pas obligé d’y aller chaque dimanche. Mieux vaut une bonne messe que 4 mauvaises !

  3. Pourquoi ne pas proposer une version de l’Evangile proposant, lui aussi , de frapper l’islamiste « au haut du col ». Ainsi les Chrétiens se rapprocheraient des Musulmans.

  4. Quelle pitié pour les Eglises de la religion du Christ de les voir courrir après le monde ! C’est par ailleurs une atteinte à la langue française qui n’a pas attendu François pour exprimer clairement ce qu’elle a à dire . N’est-ce pas Saint Benoit qui commencait ses prêches aux congrégations de nones par « Mes chères Garces », féminin de garçons ?

  5. Une fois de plus une dérive honteuse des post- conciliaires. Le plus simple : un bon confiteor en latin vaudra toutes ces innovations perverses.

  6. L’Eglise Catholique finit de se saborder en cherchant à plaire à des gens qui l’ont abandonnée depuis longtemps. C’est pathétique. La religion repose sur un dogme qui ne peut pas être remanié au gré des courants sociétaux. Regardez les musulmans : le Coran est aujourd’hui la parole de Dieu dictée à Mohamed, on n’en change pas une virgule (meme si au 1er siecle de l’islam, plusieurs versions coexistaient au milieu d’une tradition orale prépondérante..).

  7. Ce n’est pas sans motif que les églises se vident. Changer des incantations pour inclure du féminin est ridicule et ne fera pas revenir les femmes dans les églises.

    • Elle les fera fuir … loin
      Il reste encore la « vraie » messe mais dans certains coins de France il faut la chercher loin… bien loin. Je précise je suis du « genre » féminin, le bon.

  8. En continuant comme ça, l’église se diluera dans l’islam, c’est l’apocalypse de st Jean; alors qu’elle aurait dû être le rempart contre l’islam.

    • Non, déjà qu’un athée préférerait mourir plutôt que de se convertir à l’islam, je ne pense pas qu’un chrétien le ferait. Rassurez-vous, chaque année des centaines de milliers de musulmans se convertissent au christianisme ou deviennent athées, près de la moitié des jeunes au Maghreb, et le tsunami d’athéisme est phénoménal et Iran.

  9. Ils s’étonne que les églises se vident mais ce sont eux les grands responsables , ces détracteurs iront brûler en enfer .

  10. Solution : revenir à la messe en latin (que l’on n’aurait jamais dû quitter), à moins que quelque original ne nous invente le latin-inclusif (avec les déclinaisons, çà va être coton !)

  11. Encore un petit effort…ça va venir…l’église va bientôt se prononcer pour la destruction de toutes les statues, symboliques de la chrétienté, sur le territoire. L’Eglise n’écoute pas ses fidèles mais les woko-progressistes alors que ces derniers la dénigrent tous les jours. Allez comprendre!

    • Notre parent 1 qui êtes aux cieux…. et Je vous salue parent 2 pleine de grâce, ah oui, c’est tout de suite plus moderne et inclusif :).

    • Vous vous souvenez de ce pasteur américain, doyen du Congrès et à ce titre prononçant le discours d’accueil de Biden, terminant son discours par « Amen… euh… a woman » !

    • il parait que pour l’intronisation de Biden, le prédicateur a dit « amen et awomen »
      je ne sais si c’est vrai, mais l’un des présent a répondu : « ça commence »

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