Le Tour de France de Darmanin : à chaque région, ses immigrés et son trafic de drogue…

Vous vous souvenez certainement du Tour de Gaule d’Astérix (1965), cinquième opus de la série : avec Obélix, le petit guerrier gaulois devait rapporter de chaque région une spécialité, au nez et à la barbe du méchant Lucius Fleurdelotus. Jambon de Lutèce, bêtises de Camaracum (Cambrai), vin de Durocortorum (Reims), quenelles et saucisson de Lugdunum (Lyon), salade de Nicae (Nice, où l’on flâne sur la promenade des Bretons), bouillabaisse de Massilia (Marseille), saucisses de Tolosa (Toulouse), pruneaux d'Aginnum, huîtres et vin de Burdigala (Bordeaux)… sans oublier la mémorable « châtaigne » qu’assène Astérix au centurion, à son retour en Armorique. À cette époque-là, Charles de Gaulle était Président, me direz-vous. Aujourd’hui, tout ce qu’il reste des spécialités françaises, c’est une vague nostalgie de la gastronomie, dernier ciment de la nation.

Heureusement, on apprend aujourd’hui que la relève est assurée. Le ministre de l’Intérieur était auditionné, mercredi 10 avril, par le Sénat. Gérald Darmanin en a profité pour présenter la France de 2024, en un tour du monde des régions qui n’a rien à envier à celui d’Astérix. Rien à envier, puisqu’il était même plus fouillé que cela. Jugez plutôt : chaque région de France possède sa communauté criminelle, à chaque fois originaire d’un pays différent, à chaque fois spécialisée dans un trafic de drogue bien précis. Ce guide du routard de la chnouf fourmille de bons conseils. À Marseille, par exemple, on n’oubliera pas de s’arrêter chez les Nigérians (les célèbres Nigérians de Marseille) pour rapporter de la cocaïne ; en remontant par le Rhône, sur l’autoroute des vacances, on poussera jusqu’à l’est de la France. Là-bas, ce sont les Albanais (les fameux Albanais de Lorraine) qui proposent une héroïne réputée dans tout le pays. Et puis, parce que Paris sera toujours Paris, on est obligé, entre une visite de la tour Eiffel et un dîner aux Folies Bergère, de faire un stop sur la colline du crack. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est comme la montagne Sainte-Geneviève, mais sans le Panthéon et avec des poubelles éventrées et des junkies hagards. Sur cette colline, il n’y a pas d’oppidum comme dans Astérix, mais il y a mieux : des Sénégalais (les Sénégalais de Paris, qu’on connaît probablement depuis Chrétien de Troyes), qui vendent le meilleur crack de France. Nos régions ont du talent.

#Narcotrafics, "un savant mélange de communautés et de territoires" selon @GDarmanin : "Les Nigérians à Marseille sont spécialisés dans l’héroïne et la cocaïne, les communautés albanaises dans l’héroïne, une partie des Sénégalais dans le crack à Paris...", énumère le ministre pic.twitter.com/ACW6f2QfTL

— Public Sénat (@publicsenat) April 10, 2024

Si la cocaïne de Gaule Belgique, l’héroïne de Massilia ou le crack de Lutèce ne vous disent rien, c’est probablement parce que vous êtes excessivement rétrograde. Mettre ces gens en prison ? C’est compliqué. D’autres étrangers occupent déjà plus d’un quart des places disponibles. Les expulser ? On sait bien ce que valent les OQTF. Non, il vaut mieux montrer, comme le fait Gérald Darmanin, quoique sans vraiment le vouloir, ce qu’est devenue la France. En 1965, on souriait parce qu’on reconnaissait les qualités et les travers de personnages un peu caricaturaux. On s’en amusait : on était tous français. Aujourd’hui, même si, en France, on n’a pas le droit de dire qu’il y a un lien entre immigration et criminalité, le moment de tourisme éloquent de Gérald Darmanin dit assez bien où nous en sommes.

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