Le terme « jeunes » englobe ici enfants et adolescents. La toxicomanie tabagique, qui débutait chez les lycéens, s’est intensifiée et a diffusé à l’étage du dessous, celui des collégiens. Les médias sont peu prolixes sur ce constat.

Les cigarettes au chocolat sont le starter qui fait acquérir très tôt la gestuelle du fumeur et aboutit à cette récompense qu’est le savoureux plaisir du chocolat ; ce chocolat noir qui concentre plusieurs substances aux discrets potentiels addictifs (sucre, arômes, théobromine et caféine, phényléthylamine aux accents amphétaminiques, anandamide qui stimule les mêmes récepteurs que ceux sur lesquels agit le THC du cannabis).

Exit les Parisienne (ou P4), qui étaient vendues par paquets de quatre cigarettes, à un prix accessible aux gamins en un temps où l’argent de poche était compté. Depuis, la capacité pécuniaire s’est accrue et le tabac à rouler, bon marché, est à la portée des bourses impécunieuses. Des machines pour le rouler suppléent à l’inhabileté des « minos ». Exit, aussi, avec le service national, les « paquets de troupes ».

Toujours dans l’esprit de rédemption a été interdite la vente de cigarettes aux mineurs. Hélas, une majorité de buralistes ne la respectent pas. Quand on s’en émeut, ils objectent que la demande d’une carte d’identité allongerait la transaction, que beaucoup d’enfants n’en ont pas et que, de toute façon, l’entremise d’un copain majeur contournerait cette disposition.

L’exemple des adultes fumeurs est omniprésent : à la terrasse des bars, dans la rue, dans le foyer familial souvent. Quand on pense qu’il a fallu légiférer pour interdire de fumer dans les automobiles quand des enfants en bas âge y sont transportés.

Les cigarettes électroniques, qui soustraient le fumeur irrépressible à la toxicité de l’oxyde de carbone et des goudrons cancérigènes, en maintenant l’apport de nicotine, ont été détournées pour piéger les mômes par l’adjonction, aux cartouches, de nicotine, de saveurs et de parfums attrayants.

Dénonçons aussi l’adjonction, au tabac, de substances dont la combustion produit des aldéhydes volatiles qui inhibent la monoamine-oxydase cérébrale. Cette enzyme est impliquée de façon majeure dans l’inactivation d’un neuromédiateur cérébral, la dopamine, « l’amine du plaisir », qui est libérée par la nicotine. Si cette inhibition intensifie le plaisir ressenti, elle intensifie aussi le déplaisir/désagrément associé à la chute de dopamine quand s’élimine la nicotine ; ce qui redouble l’envie et le besoin d’accéder à une autre cigarette.

La menace djihadiste a fait imaginer à des proviseurs d’autoriser les potaches à fumer dans les cours de récréation pour soustraire leur attroupement devant les lycées aux balles des « fous d’Allah ». Ne suffirait-il pas de les maintenir dans l’établissement aux intercours, sans fumer, ce qui aiderait à leur désintoxication ?

Les industriels du tabac font rimer tabac avec force, charme, jeunesse, liberté, luxe et luxure ; rendant ainsi voluptueuses ces volutes tueuses.

Tous ces subterfuges incitent évidemment nos jeunes à fumer.

Les empreintes précoces forment des habitudes. La durée de la consommation rend l’abstinence difficile et recrute l’essentiel de la toxicité du tabac. Cette toxicité se traduit par 79.000 morts chaque année et de multiples handicapés du fait de sa toxicité cardio-vasculaire (artérite, angine de poitrine, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) et pour les sphères otho-rhino-laryngée et broncho-pulmonaire (bronchopneumopathies aiguës et chroniques, cancers…). Les victimes sont deux fois plus souvent masculines que féminines car, vingt ans auparavant, il y avait deux fois plus de fumeurs que de fumeuses.

Aujourd’hui, la parité tant désirée fait se rejoindre les consommations des deux sexes. Ainsi peut-on prédire que si rien n’entrave l’évolution constatée, dans vingt ans, le tabac tuera 90.000 de ses consommateurs : 45.000 hommes et autant de femmes.

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26 septembre 2018 à 9:33

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