Lors d'une interview accordée, le 14 décembre, à la chaîne américaine CNBC, le PDG de Pfizer, Albert Bourla, a déclaré : « J’ai 59 ans, je suis en bonne santé, je ne travaille pas en première ligne, donc il n’est pas recommandé que mon groupe se fasse vacciner maintenant. » Il a, en outre, exigé de son personnel, et en particulier de ses cadres, qu'il ne se fassent pas vacciner en priorité, pour ne pas « donner le mauvais exemple »...

On me dira ce qu'on veut, je ne vois pas en quoi le fait de se faire vacciner constitue un mauvais exemple. Au contraire, dans le contexte actuel de défiance, il me semble que si les dirigeants du groupe américain avaient commencé par s'administrer le vaccin eux-mêmes, et publiquement, cela aurait au contraire rassuré nombre de personnes, prouvé son efficacité et son innocuité, et incité bien des gens sceptiques à suivre l'exemple du staff du géant pharmaceutique.

Mais non, Bourla ne veut pas que la moindre personne considérée à risque se voie retardée dans sa vaccination, et privée d'un remède qui sauvera sa vie... Il est prêt à se sacrifier au service de petites gens et ne gaspillera pas quelques centaines de doses pour son seul intérêt personnel. Bel exemple de sacrifice et d'abnégation.

Un esprit philanthropique que M. Bourla n'a pourtant guère démontré jusqu'ici : dès le lendemain de l'annonce de la découverte du vaccin, Bourla avait vendu un paquet considérable de stocks-options, profitant ainsi illico de la hausse boursière que la nouvelle avait déclenchée autour du titre de sa société. Mais là encore, les esprits méfiants, parmi lesquels on ne manquera pas de me classer, pourraient se dire : mais si ce vaccin est si efficace et s'il est sans risque, pourquoi ne pas attendre quelques mois, que le cours de Bourse grimpe encore avec les bénéfices que sa firme va engranger immanquablement ? Nous ne connaîtrons sans doute pas la réponse à cette question, mais les belles âmes bienveillantes qui peuplent les plateaux télé me rétorqueraient sans doute que c'est encore une preuve de son altruisme : ses actions vendues aujourd'hui feront demain les profits de leurs heureux acquéreurs...

Je serai incapable de vous dire si ce vaccin est efficace ou pas, s'il est sans danger ou pas : je suis totalement profane en matière de médecine. Par contre, je trouve que l'attitude du principal intéressé n'est pas de nature à inspirer la confiance, en dépit de ses explications qui ne convaincront sûrement que ceux qui le veulent bien...

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21 décembre 2020 à 16:36

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