Le « Mois décolonial » à Grenoble : quand la mairie écolo promeut les délires racialistes

rokaya diallo

Emmanuel Macron vient d’arriver au Rwanda pour y présenter - du moins, c’est ce qui est attendu - les « excuses officielles » de la France. Notre Président avait 17 ans lorsque le génocide des Tutsis a été perpétré et François Mitterrand, dont il endosse en quelque sorte la responsabilité, avait, lui, 78 ans. Quelle vision, quelle perception du monde et de l’Histoire ces deux-là auraient-ils pu partager ?

Sans doute, et j’ai bien conscience de m’avancer en disant cela, Emmanuel Macron pourrait-il avoir de la sympathie pour l’événement organisé par la ville de Grenoble et l’université Grenoble-Alpes, soutenu bientôt sans doute par la Métropole : une série de rencontres durant le mois de juin sous le joli titre de « Mois décolonial ».

Le site local Place Gre’net donne la liste des organisateurs : principalement l’organisation politique PEPS, « Pour une écologie populaire et sociale » ; Survie, association « qui dénonce la Françafrique en menant des campagnes d’information et d’interpellation » ; Contre-courant, association étudiante d’extrême gauche émanant de Sciences Po Grenoble, qui entend « porter la parole alternative » (ceux-là mêmes qui avaient affiché, voilà quelques mois, les noms de professeurs accusés d’islamophobie) ; à côté, quelques satellites associatifs à l’affichage socio-sportivo-écolo-culturel.

Car il s’agit de culture, bien sûr, précisément de « Déconstruire l'imaginaire post-colonial au travers d'un geste artistique et d'une parole intellectuelle ». Toutefois, un coup d’œil aux thèmes énoncés sur l’affiche laisse à penser qu’on est avant tout dans le geste idéologique et la parole politique. Jugez-en : Décolonisons les arts, Décolonisons les savoirs, Écologie décoloniale, Féminisme, Racisme systémique, Violences policières, Panafricanismes, Peuples en lutte, etc.

Sont conviés, bien sûr, des invités de choix, notamment Taha Bouhafs, membre éminent du Comité Adama Traoré qui viendra parler des « violences policières », et Rokhaya Diallo qui animera une table ronde intitulée « Pouvoir des racisées ».

Comme me dit un ami, « tout cela a au moins le mérite d’être clair » et dévoile, pour ceux qui en douteraient encore, le vrai visage de l’écologie politique sous la houlette du maire de Grenoble : Éric Piolle, figure de proue de l’aile gauche d’EELV. Comme le souligne Valeurs actuelles, les élus d’opposition sont montés au créneau et Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a beau jeu de dénoncer la promotion des « délires du racialisme et de la mouvance décoloniale ». « La ville de Grenoble ne peut pas encourager cette radicalisation du communautarisme qui est la négation de notre nation », écrit-il sur Twitter, suivi par la LICRA qui assure, elle, « s’inquiéter vivement de cette dérive locale ».

C’est plus qu’inquiétant, en effet, et on me permettra de citer in extenso le tweet de Stéphane Gemmani, ancien élu grenoblois (fondateur du SAMU social de Grenoble) qui avait initié dans sa ville « un mois de l’accessibilité qui avait pour vocation de réunir autour des différences » ; celui-ci a disparu, remplacé donc « par un mois qui pousse à la position victimaire, au sectarisme, à l’exclusion et finalement au mépris ou à la détestation du différent et à son exclusion de fait »...

« Ces revendications identitaires sont des revendications totalitaires, écrit-il, et ces dérives sectaires et communautaristes menacent nos valeurs démocratiques et républicaines. Que la ville de Grenoble, Science Po et l’UGA prennent part à cette banalisation à travers cet événement est une faute grave. »

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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