Le média Factuel creuse l’affaire des exhumations du cimetière de Pantin

cimetière

L’affaire des exhumations sauvages du cimetière de Pantin se précise… Ce mercredi 31 mai, le média d’investigation et d’enquête Factuel a franchi une nouvelle étape dans l'enquête : il s'est procuré une nouvelle vidéo d’exhumation. Un témoin de la scène et un agent municipal ont également accepté de répondre aux questions du nouveau média lancé sous le parrainage de la journaliste Christine Kelly.

Cette nouvelle enquête vient confirmer les accusations du conseiller régional Île-de-France LR Pierre Liscia que la ville avait démenties. On avait reproché à Liscia d’avoir utilisé des vidéos vieilles de quatre ans. Mais la scène fournie par Factuel a été tournée ce 23 mai.

Elle montre un tas de terre déposé par une pelleteuse au milieu du cimetière. Les fossoyeurs fouillent et trient les os qui sont replacés dans des reliquaires : « La pelleteuse va jusqu’au corps, affirme l’agent municipal. On ne peut pas dire qu’elle s’arrête au cercueil. On ne retrouve pas le cercueil complet, ce sont plus des morceaux de cercueil. Ils ont toujours procédé comme ça. »

Un tri d’ossements humains. Les premiers mots prononcés par l’agent témoignent d'un climat pas très serein : « Je souhaite rester anonyme, dit-il. J’ai peur pour moi. […] Beaucoup ne veulent pas parler. Il y a des pressions qui sont subies dans différents corps de métier envers certains agents […] Qu’est ce qui va nous tomber dessus ? On a entendu parler de peines correctionnelles, de peines de prison… »

D'autres agents se sentent piégés : « Je n’ai jamais eu de formation pour procéder aux exhumations […], poursuit l'agent municipal affecté à ce cimetière. Pour moi, j’ai toujours procédé de la bonne manière. Je n’ai jamais eu de retombées. J’ai fait comme mes collègues. Pour moi, c’était une procédure normale. » Un autre témoin précise que « les boîtes en bois sont les reliquaires dans lesquels nous plaçons les ossements après l’exhumation […] Le reliquaire permet d’identifier la concession et l’emplacement du défunt : ils portent le même numéro. »

Pourtant, la mairie de Paris démentait, dans un papier pour Libération : « Ces ossements perdus ne font pas partie du ou des corps recensés dans l’emplacement, disait une source anonyme à l'Hôtel de ville. Ils sont envoyés au reliquaire, à la crémation, et les cendres sont ensuite dispersées. »

Mais l’investigation de Factuel relève une contradiction : « Le numéro de concession inscrit sur la feuille d’émargement des exhumations réalisées ce jour-là par l’équipe de fossoyeurs de la ville de Paris, que Factuel a pu consulter, coïncide avec le numéro inscrit sur le reliquaire que l’on voit sur la vidéo. » En d’autres termes, les ossements retrouvés dans la fosse ont bien un numéro de concession qui correspond au numéro du reliquaire. Ce ne sont pas des ossements dispersés, ils correspondent à quelqu’un, la feuille d’émargement l’atteste. Ce document contredit donc bien la version de la mairie qui soutient que les ossements ne sont pas identifiés mais retrouvés par hasard.

De son côté, la ville refuse de reconnaître la véracité des documents. Comme annoncé ce mercredi, en conférence de presse, elle va porter plainte pour diffamation à l’encontre de Pierre Liscia. Après la médiatisation de l’affaire, le sentiment d’incertitude s'accroît, pour les employés : « Je fais mon témoignage car il faut établir une lumière […], témoigne le même agent municipal. On se pose beaucoup de questions […] J’ai l’impression qu’on nous ment beaucoup. »

La ville n’a pas répondu aux sollicitations du média Factuel. Contactée par Boulevard Voltaire le 2 juin, la mairie de Paris n'a pas encore réagi.

Félix Perrollaz
Félix Perrollaz
Licence de Science politique à l'Université de Lille, étudiant en journalisme, journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

9 commentaires

  1. Bonjour,
    Dieu sait combien je soutiens les médias alternatifs comme BV mais là je vous dis « arrêtez avec cette affaire d’exhumation à la pelleteuse,  » c’est un faux procès.
    Le ou les seuls à condamner sont ceux qui ont publié des photos de ces actes peu ragoûtants mais indispensables qu’il faut accomplir rapidement et dans la discrétion avec des pelleteuses et des ouvriers compétents.

  2. Consternant et c’est peu dire mais ça fait peut-être partie du programme de déconstruction de notre Chef d’Etat suivi à la lettre par Mme Hidalgo ?

  3. Méthodes sordides.
    Ce sont ces mêmes méthodes dont use la Maire de Paris, tout est sordides chez elle.

  4. Après le charnier de la faculté Descartes continuons dans la profanation ….Tout est foutu dans ce pays .

  5. Pourtant j’ai souvenir de la présence obligatoire d’un OPJ (officier de police judiciaire) a chaque exhumation. Cette obligation est elle révolue ou est ce devenu un arrangement entre copains et bakchich pour la délivrance automatique du Procès verbal ? A creuser, non ?

  6. La méthode rappelle celle utilisée en Pologne, au siècle dernier. Hidalgo … pourquoi est-elle toujours là ?

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