[LE GÉNIE FRANÇAIS] L’invention du cinéma, un scénario épique

Rêves et émotions, un loisir et un plaisir uniques que va nous donner cet art nouveau.
cinéma

28 décembre 1895. C’est la naissance officielle du cinéma par la première projection publique organisée par ses créateurs, Louis et Auguste Lumière. Parmi les grandes inventions françaises, on pourrait citer celle du cinématographe, dont le succès mondial donnera lieu, 50 ans plus tard, au premier festival international du film en 1946 à Cannes.
Antoine Lumière possède une boutique où il fabrique des plaques photographiques sous l’œil admiratif de ses enfants, Auguste et Louis. Dans quelques années, Auguste innovera en inventant l’autochrome, la première photo en couleur. Louis est un passionné de physique et de chimie.
La boutique de la famille Lumière deviendra la plus grande manufacture photographique d’Europe. Par ailleurs, l’image animée est en plein essor et intéresse beaucoup les chercheurs américains et européens.

Thomas Edison, le précurseur

Thomas Edison est l’un d’eux. Il nous faut d’abord lui rendre un hommage vibrant pour toutes ses inventions, dont l’ampoule électrique. Il a eu cette idée géniale d’introduire dans un globe de verre un filament qui sera chauffé par l’électricité pour produire de la lumière. Il fonde en 1882 la première centrale électrique au monde, la future General Electric ; grâce à lui, toute la planète est éclairée aujourd’hui à l’électricité.
Edison, « l'homme aux 1.000 brevets », invente aussi avec son assistant Dickinson le premier projecteur permettant de visionner un film.
L'inventeur est ainsi le précurseur du cinéma. Il crée en 1888 la première caméra de l'histoire, le kinétographe, qui permet de filmer le mouvement, puis le kinétoscope qui projette les films ou, plus exactement, des séquences miniatures de 17 secondes.

Le kinétographe

Mais on ne peut visionner ces images en mouvement que seul et debout, l’œil collé sur une lentille et la tête penchée sur une boîte. C’est inconfortable. Les spectateurs souffrent de torticolis… Là, ce serait plutôt du ressort du kiné… sithérapeute !
Antoine, le père Lumière, découvre cette nouveauté à l’Exposition universelle de Paris en 1894. Il se demande alors s’il serait possible de concevoir un appareil capable de projeter un film sur un écran pour un public qui resterait assis. Aussitôt, il encourage ses fils à commencer à y travailler. Le monde des chercheurs et des industriels est en ébullition. On sent qu’on approche de quelque chose. C’est un marathon.

Le mouvement de la machine à coudre

Louis racontera plus tard que, une nuit, incapable de dormir, il a une idée pour le moins épique : adapter le mouvement d'une machine à coudre à celui de la pellicule.
Et la course à l’innovation débouche sur la victoire de l’outsider, Louis Lumière, avec le « cinématographe ». Le père préfèrerait un autre nom, mais les deux fils ne cèdent pas. En mars 1895, ils présentent leur nouvel appareil après l’avoir breveté.
De toute façon, ils pensent que le succès sera éphémère, juste une innovation technique. Ils ne voient pas à quelle forme d’art et à quel divertissement pourrait donner lieu leur invention. Elle influencera pourtant toute la culture populaire pour le siècle à venir.

Des spectateurs s’enfuient de terreur

Louis et Auguste font une projection pour leurs amis, qui sont subjugués. Et le 28 décembre 1895, ils programment pour la première fois une séance devant un public au sous-sol du Grand Café, près de l’Opéra de Paris. 30 spectateurs payent un franc (équivalant à 3,50 euros aujourd’hui) et regardent dix films d’une minute chacun, dont Sortie d’usine, L’Arroseur arrosé, etc. Et lorsque le public assiste par l’image à l’arrivée d’un train en gare, qui plus est une locomotive à vapeur, des spectateurs s’enfuient de terreur en voyant approcher le train !

Tout Paris se bouscule

Le succès est tel que les jours suivants, les gens font la queue pour assister à ce spectacle extraordinaire. Tout Paris se presse pour « aller au cinématographe » ! On se bouscule : 18 séances par jour à partir de 10 heures du matin.
Un jeune spectateur, Georges Méliès, est tellement fasciné qu’il choisira de devenir cinéaste. Son œuvre sera prolifique et inventive en science-fiction. L’année suivante, les Lumière ouvrent des salles de spectacle cinématographique à Londres, à Bruxelles et à New York, et diffusent la quarantaine de films qu’ils ont tournés sur la vie quotidienne des Français. Ce n’est pas de la création artistique, mais la qualité des images est époustouflante.
Les frères Lumière formeront des opérateurs, qui voyageront ensuite dans le monde entier pour montrer les films Lumière à de nouveaux publics. En 1939 doit avoir lieu le premier festival de Cannes, qui est repoussé à 1946 à cause de la Seconde Guerre mondiale. C’est le début des Trente Glorieuses. « Dans les années 1960, vous dirait un barman, il était facile et courant de rencontrer les acteurs et de discuter avec eux, au café ou sur la Croisette. »

Les Trente Glorieuses

Trente ans de rêves et d’émotions, d’un loisir et d’un plaisir uniques que va nous donner cet art nouveau : le septième art. Citons quelques acteurs parmi les plus grands qui resteront à jamais dans le cœur et les mémoires de nos contemporains : Brigitte Bardot, Gina Lollobrigida, Grace Kelly, Jean Marais, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Gérard Depardieu, Clint Eastwood, Sean Connery... Et puis Charlie Chaplin, Louis de Funès, Bourvil… Et quelques grands réalisateurs : Pagnol, Truffaut, Oury, Hitchcock, Welles, Leone, Polanski… Hélas, la gauche a progressivement politisé notre cinéma qui ne fait plus rêver. Mais, patience ! Comme dit Philippe de Villiers à propos de la France, qui en a vu d’autres : « Tout est perdu, tout est sauf ! »

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Antoine de Quelen
Ex-publicitaire et rédacteur pour la télévision

Vos commentaires

3 commentaires

  1. « grâce à lui, toute la planète est éclairée aujourd’hui à l’électricité. » Faux. Pour des questions de fric (et de brevets) il restera toujours partisan du courant continu, sans avenir économique car générant trop de pertes thermiques. C’est son ennemi intime, Nicola Tesla, qui réussit (allié à Westinghouse) à imposer le courant alternatif pour éclairer et chauffer le monde entier. Il mourut dans la misère après s’être fait dépouiller de ses brevets par Westinghouse, qui, lui, se porte très bien, merci.

  2. On doit les images aux Frères Lumière, mais le 1er son jamais enregistré le fut par Scott De Martinville, un inventeur également français qui enregistra un passage d’au Clair de la Lune sur du papier enduit de noir de fumée vers 1857. Mais c’est Edison qui inventera un système viable permettant le jeu et la reproduction du son quelques années plus tard. C’est en 2008 qu’on s’apercoit avec l’aide de l’informatique que le son avait réellement été enregistré par Scott de Martinville sur ce papier datant d’un siècle et demi …

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