Il avait présenté son livre, La France n'a pas dit son dernier mot (Rubempré), comme un coup de semonce médiatique : l'ouvrage fut finalement le point de départ d'une rocambolesque épopée électorale. Éric Zemmour sait que la droite, culturellement, historiquement, est habituée aux tentatives désespérées, pleines de panache, qui terminent, quand elles échouent, moquées par une opposition combinarde qui n'a jamais compris l'idéalisme.
Il faut un peu refaire l'Histoire. Après l'assassinat du duc de Berry, fils de Charles X, sa veuve en exil tenta, sous Louis-Philippe, de débarquer en France pour reprendre le trône aux Orléans. Elle rêvait d'un embrasement spontané : ce fut un feu de paille. À sa mort, Édouard Drumont dira que sa vie inspirerait un chroniqueur de la trempe de Froissart et qu'à sa mort, on souhaiterait entendre Bossuet. Trop tard. En 1873, son propre fils, le comte de Chambord, se tiendra lui-même à deux doigts d'une restauration pacifique, voulue par le peuple et les députés. L'échec rageant, contre l'évidence même, c'est aussi une part du paysage intérieur de la droite française, malheureusement. Mais il n'y a jamais de fatalité.
Mon nouveau livre commence ici.https://t.co/V0bxzfCLnj pic.twitter.com/SjoGIJHowF
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) March 12, 2023
C'est justement contre cette fatalité que paraît, comme si de rien n'était, « le dernier Zemmour », dernier en date et pas dernier tout court, cela semble désormais évident. Je n'ai pas dit mon dernier mot est un titre malin, manière de mêler son destin à celui du pays, tout en tirant les leçons de son échec. Éric Zemmour présente son livre en une minute trente, sur Internet, en lisant un extrait qui le met en scène juste avant le meeting de Villepinte. Ce sera l'occasion, pour les électeurs de Reconquête, de revivre ce grand huit émotionnel au cours duquel ils ont vraiment cru que, cette fois, la France allait s'en sortir. Le RN, habitué à la diabolisation et aux revers de fortune, se moquera superbement des scores électoraux de ce parti, pourtant le premier de France en nombre d'adhérents, qui a peiné a transformer l'essai en « se faisant plaisir », comme disent les éléments de langage marinistes. Les Républicains ? Ecartelés entre Renaissance, l'opposition à « la haine » et la tentation utopique d'incarner une opposition (on se demande laquelle) au consensus bourgeois, ils ne diront probablement rien.
Jeudi 16 mars, Éric Zemmour reviendra donc sous le feu des caméras parisiennes, avant de partir en tournée. Il aurait pu jeter l'éponge. N'avait-il pas dit lui-même que sa candidature était l'unique chance de sauver la France de ce qui, logiquement, l'attendait, à savoir le Grand Remplacement et le grand déclassement ? Ça n'aurait pas manqué de panache qu'il décide de tout envoyer promener, de se dire que les gens étaient des veaux, de prendre un temps « pour réfléchir » et d'attendre qu'on ait besoin de lui dans un hypothétique Colombey. Cela aurait manqué, toutefois, dans un régime de l'immédiateté, au sein duquel une actualité chasse l'autre, du plus élémentaire sens politique. Avec ce livre, qu'on imagine sans aigreur ni complaisance, Éric Zemmour achèvera probablement sa mue : c'était un éditorialiste érudit, pour qui la politique, c'était Cincinnatus ou de Gaulle, et l'Histoire, Bainville ou Michelet. Le voici devenu dirigeant politique à part entière : il va devoir se faire plus souple, avoir le cuir plus solide encore et, surtout, surtout, se faire aimer des gens ordinaires qui auraient dû, dans son esprit, se rallier à la « bourgeoisie patriote » et qui ne sont jamais venus.
Je n'ai pas dit mon dernier mot sera-t-il un succès de librairie ? On imagine que oui - un gros succès, même, probablement - mais, au fond, là n'est pas l'essentiel. Ce qui compte, c'est qu'un discours politique de fond continue de se faire entendre, un autre discours que les éructations de fin de banquet de la NUPES face aux bras d'honneur de Dupond-Moretti. Que cela vienne du RN, des derniers LR de droite ou de la fin de l'adolescence de Reconquête, il n'est pas temps de discuter des étiquettes. Il est seulement temps de rendre à notre cher vieux pays la dignité et la grandeur que les « winners » du « nouveau monde » veulent absolument lui faire perdre.
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Je réponds aux reproches liées à mon commentaire :
Oui hélas, la France est tombée vraiment très bas et le mouvement semble s’accélérer vers les abysses de la médiocrité et de l’infamie..
Cela ne justifie pas qu’il faille se contenter d’un semblant de » mieux » et de belles paroles, et je persiste à espérer une personne intègre moralement pour gérer les affaires de mon pays..
Je préfère m’abstenir plutôt que de cautionner une façon de vivre qui me parait être en désaccord avec l’exemplarité que l’on est en droit d’attendre du chef de l’État.
Merci pour cet article où l’humour le dispute au sérieux : votre appel à la raison sera il finalement entendu ??
Le contexte actuel est très préoccupant car , du politicien le plus haut perché à l’ndividu ‘ qui n’est rien’ (dixit Macron), et va remplir son devoir d’électeur quand il ne préfère pas simplement s’abstenir…on peut constater que la boussole est aimantée dans la direction de l’interêt particulier (c’est chacun pour soi) et NON PLUS DEL’INTERET GENERAL QUI NE MOBILISE PLUS … Quels lendemains pouvons nous en attendre ???
Monsieur Zemmour a le mérite de voir et de nommer les choses. Son discours tranche avec les politiques qui louvoient ou ceux qui n’ont aucune idée pour la France. Avec 7% d’électeurs au premier tour de la Présidentielle, il a prouvé qu’il savait fédérer. Il appartient maintenant à tous ceux qui aiment la France de se rassembler et de faire voler en éclat tout l’appareil qui manipule les électeurs.
Zemmour avait bien présenté l’équivalent du Programme du R.P.R…..abandonné par la Droite de l’époque, et on peut dire qu’ILS n’y ont rien gagnés puisque sur le nombre d’années la France a été Gouvernée par la Gauche et le Centre….
Le F.N. puis R.N. n’ont pas réussit 3 fois….Donc place au suivant de très haute culture et bardé de sourires…
Rappelons que De Gaulle puis Mitterrand ont mis 11 ans pour revenir ou prendre le Pouvoir…Je pense que Zemmour aura sa place dans l’Histoire…Après tant de destructions, abaissements, hontes, ce n’est qu’à souhaiter…
Et je ne trouve pas le titre de ce livre bien choisi : il y a tout de même un petit côté « revanche personnelle » déplaisant .
Monsieur Zemmour est un homme brillant, cultivé, qui parle merveilleusement bien de la France et pour lequel j’avais à un certain moment pensé voter..
J’ai changé d’avis après avoir vu la couverture de Paris Match le représentant en caleçon de bain et étreignant une très jeune femme qui n’était manifestement pas la sienne.
Il me semble que mon pays mérite un représentant plus digne et moralement irréprochable…
Ah oui !!!! Et bien là pour ça il va falloir creuser bien profond.
Il est vrai que l’actuel représentant possède toutes les qualités que vous demandez … !!!
Digne et moralement irréprochable? Vous en avez un actuellement à l’Elysée. Qui reçoit à la fête de la musique des » artistes » moralement irréprochables.
Nous sommes bien d’accord…
Bonjour,
Paris match a réussi son coup et vous, vous êtes très manipulable.
Macron une bière à la main dans une boîte de nuit au Congo avec l’air ahuri est sans doute à vos yeux plus présentable !
Continuez comme ça et surtout ne vous plaignez pas de ce qui arrive ou de ce qu’il risque d’arriver.
Le « shopping around » réalisé pour se faire son armée, pour ne pas parler de « flibuste », a pu en désenchanter certains; l’habileté des Marinistes de lui laisser endosser l’extrême-droite a fait les 89 !
Sauf que au train où vont les choses, bientôt plus de différences entre marinistes, socialistes et macronistes. Mais peut-être que c’est ce que vous souhaitez !!
Ecrire des livres , E. Zemmour devrait en rester là …
Zemmour a le meilleur programme pour la France . Je voterai pour le Rn si celui ci est mieux placé au second tour mais il n’empêche que celui qui cible avec le plus d’acuité les problèmes de la France, est bien Eric Zemmour . Il a une longueur d’avance sur les autres parce qu’il est le plus lucide de la situation; c’est pour cela que les gens qui le suivent le sont par conviction et non pas par simple choix .
Il va là où cela fait mal et avec une certain courage parce qu’il s’attaque à des tabous ou des choses qui à force de perdurés ont été institutionnalisées et donc très difficile à bouger . Telles la politique d’assistanat social qui profite à une faible marge de la société française mais participe beaucoup de l’immigration de masse. Le regroupement familial aussi qui devrait avoir fini son regroupement depuis longtemps si on considère que celui ci a commencé en 1979 mais entre temps l’UE en a rajoutée une couche !
D’accord avec vous, c’est le seul avec Marion qui n’utilise pas la langue de bois. Qui dit ce qu’il voit et qui fera ce qu’il dit.
Le succès de son livre, Éric ZEMMOUR l’aura assurément, surtout lorsqu’on a un aperçu de ce qui nous y attend. Ses détracteurs ne le connaissent même pas et se permettent d’émettre des critiques aussi ridicules que leurs propos. Le mien est en pré commande et je l’aurai entre le 21 et le 23 mars. Je me régale d’avance.
La France est un pays que la raison a abandonnée, le courage aussi. E. Zemmour a le courage de regarder la vérité en face, de nommer les problèmes, de proposer des solutions difficiles. Il ne flatte pas l’électeur. Mais les français, dans leur immense majorité, sont incapables de le suivre sur ces sommets de lucidité, de courage et de probité. Constat désespérément désespéré. La France ne le mérite pas.
L’erreur de Monsieur Zemmour a été celle de ne pas se rappeler la morale d’une fable de La Fontaine « on a souvent besoin d’un plus petit que soi ». En méprisant Marine Le Pen qui, sur le plan intellectuel bien sûr, n’est pas du niveau d’un Zemmour mais tout de même solidement implantée politiquement et ayant le cuir tanné depuis le temps que son nom est vilipendé par tous ceux qui la relie, intentionnellement, aux facéties de son père, Eric Zemmour a éloigné de ce fait les gens ordinaires, certes, mais plein de bon sens et d’amour pour la France. En ne faisant pas taire son orgueil, il ne les a pas embarqué dans son projet alors qu’il aurait suffit d’un peu d’humilité. Un intellectuel oublie souvent que ses idées doivent être acceptées et surtout portées par des gens de toutes sortes. S’il arrive à corriger son penchant à ne débattre qu’avec des personnes de son niveau alors il y gagnera le coeur des Français prêts pour l’aventure d’une droite solide qui viendra à bout des maux de la France actuelle.
Le problème avec Z, c’est que son programme est le bon, sans hésitation, mais ce n’est pas lui qui pourra le porter à la victoire ; il est qui il est, et il n’y pourra jamais rien. Second problème, on sait déjà qu’en 2027, il y aura potentiellement pléthore de candidats, qui vont tous « s’annuler » les uns les autres. La seule et unique chance de renverser la table c’est qu’un seul de ces candidats porte les voix des électeurs de tous, et c’est mal parti pour arriver. Cela nécessiterait la révision des programmes de chacun pour parvenir à un programme qui pourrait convenir à tous les électeurs de ces candidats, et cela nécessiterait aussi un sens du sacrifice personnel (dont je reconnais qu’il n’est pas simple) qui a peu de chances de se produire. Désolée pour le pessimisme !