Philippe Kerlouan et Marie Delarue ont dit toutes les aberrations, contradictions et incohérences du retour à l'école du 11 mai laissé « au volontariat » des familles. Les interrogations sur la faisabilité de la chose sont, en effet, nombreuses.

Dernière pierre tombée dans le jardin du Président, du gouvernement et du ministre Blanquer, l'avis de leur propre Conseil scientifique, présidé par le professeur Delfraissy, chargé de les éclairer avant la prise de décision. Et l'on sait à quel point Président et gouvernement se sont abrités derrière ces avis quand on a commencé à leur demander des comptes sur leurs négligences, leur impréparation, leurs fautes. Dans ce sixième avis depuis le début de la crise, ledit Conseil ne souhaite visiblement pas porter le chapeau pour ce qui concerne la réouverture des écoles dès le 11 mai et ses éventuelles conséquences sur l'épidémie. En effet, il rappelle qu'il était favorable à une fermeture des crèches, des écoles et des établissements scolaires « jusqu'en septembre ». Mais il prend « acte de la décision politique » du gouvernement de les rouvrir dès mai, en « prenant en compte les enjeux sanitaires mais aussi sociétaux et économiques ».

On dit que ce serait, conseillé, cette fois-ci, par des politiques, mais aussi par Brigitte Macron, sensible à ces aspects « sociétaux », que le Président, désireux de montrer qu'il était capable de « décider », aurait pris cette décision. L'avis de l'ancienne prof de lettres plus fort que son Conseil scientifique ?

Le Conseil donne donc ses recommandations pour cette rentrée de mai :
- port du masque obligatoire pour tous en collège et en lycée ;
- déjeuner dans la salle de classe ;
- tables espacées d'au moins un mètre ;
- limitation des « brassages » entre classes ;
- prise de la température tous les matins par les familles.

Des mesures de bon sens pour des experts a priori défavorables à cette réouverture.

Mais les interrogations sur leur application concrète demeurent. En effet, elles ne sont pas applicables dans tous les établissements si les effectifs sont au complet. Est-ce la raison pour laquelle cette « rentrée » a été rendue « facultative » par le Président lui-même ? Ce qui n'a guère rassuré les familles - et on peut les comprendre - puisqu'un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Franceinfo et Le Figaro, paru ce jeudi, montrait que 63 % des Français étaient opposés à cette rentrée et que 67 % des parents concernés n'enverraient pas leurs enfants le 11 mai. Dans ce cas, il devrait y avoir peu d'élèves à partir du 11 mai.

Mais l'école étant perçue, par beaucoup de parents, comme un service comme un autre, souvent comme une garderie, il n'est pas certain qu'après plusieurs semaines de confinement, avec la nécessité de reprendre le travail pour certaines, bien des familles ne renvoient pas leurs enfants en classe. Si, du moins, le gouvernement ne change pas d'avis, mardi, sur cette rentrée de mai « facultative ».

En définitive, puisqu'on nous prépare déjà à une stratégie de « stop and go », de « déconfinement-reconfinement », selon franceinfo, peut-être aurait-il été plus prudent, le passage aux examens par contrôle continu et au télé-enseignement ayant été massif, et globalement réussi, de ne pas jouer avec la santé des enfants et de leurs familles et d'écouter les scientifiques.

Plutôt que Brigitte.

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26 avril 2020 à 14:44

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