Laurent Wauquiez en a marre des tambouilles électorales ? Qu’il le prouve !

Pas question de nouer des alliances avec La République en marche dans le cadre des élections municipales de 2020 : c'est ce que Laurent Wauquiez a déclaré samedi. Il répond ainsi à la fois à Christophe Castaner, qui fait des appels du pied aux Républicains, et aux membres de son parti qui seraient tentés par "ces petites tambouilles" électorales "où on s'entend sur le dos des Français, des électeurs, pour surtout se partager le pouvoir".

Pour une fois, il n'a pas affirmé qu'il n'était pas question, non plus, de participer à la formation d'une union des droites, autour de principes communs, comme la souveraineté de la France, la lutte contre une immigration débridée et contre l'islamisme revendiqué ou rampant. Il veut des candidats LR partout : reste à savoir s'il aura assez de troupes fidèles.

Son principal problème, c'est qu'une partie de LR approuve la politique économique du président de la République. Tout au plus émettent-ils des réserves, en arguant qu'il ne va pas assez loin. Il ne s'agit pas seulement d'un Christian Estrosi, maire de Nice, qui depuis longtemps fleurette avec la macronie, mais aussi d'un Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, qui se verrait bien à la tête d'une coalition LR-LREM. Sans parler d'Alain Juppé, un Macron en plus vieux, et de bien d'autres qui attendent d'être assurés du bénéfice avant de s'engager.

L'erreur de Laurent Wauquiez serait de faire des déclarations de principe et de se comporter différemment dans la pratique. Selon le JDD, il aurait récemment confié en interne : "On aura des candidats LR partout, mais on ne se mêlera pas de la composition des listes." Guillaume Peltier, l'un de ses vice-présidents, a pour sa part expliqué qu'il appartiendrait "à chaque tête de liste, en fonction du terrain, de sa sensibilité, des projets qu'elle porte, d'ouvrir et d'élargir". Autrement dit, pas de cuisine électorale au niveau national, mais les recettes locales sont admises. On ne savait pas que Laurent Wauquiez était un adepte de la casuistique.

S'il veut se sortir de l'ambiguïté, de l'impasse dans laquelle il s'est mis et devenir une figure qui compte sur l'échiquier politique, il doit savoir faire la différence entre la majorité des cadres de son parti, qui sont des politiciens, prêts à s'accommoder à toutes les sauces pourvu qu'ils conservent leur siège, et les électeurs de droite qui, pour beaucoup, souhaitent une union des droites et non une fusion avec LREM.

Il pourrait jouer un rôle important dans la recomposition, s'il rompait clairement avec la droite ultralibérale, qui nage dans les mêmes eaux que les macroniens, polluées par la finance et le mondialisme. S'il avait l'audace et le courage de construire une droite des valeurs, y compris sociétales. Une droite qui préfère l'Europe des nations à l'Europe de Bruxelles, qui n'ait pas honte de se référer aux racines chrétiennes, à l'identité, à la culture, à l'histoire de la France. Bref, une droite authentique, qui dépasse les frontières des partis.

Avant même les municipales, les élections européennes sonneront l'heure de la vérité. Selon le programme et la composition de la liste que Laurent Wauquiez présentera, on saura si on peut lui accorder quelque crédit ou s'il n'est, finalement, qu'un cuisinier ordinaire de la politique.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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