Le tract de la discorde : est-ce ainsi que l’on doit appeler le tract des Républicains qui fait « tant polémique », selon la formule consacrée ? Le titre de ce tract : "Pour que la France reste la France." Et Laurent Wauquiez de déclarer ce week-end : "Je l’assume totalement parce que je pense que c’est une question essentielle." Sur le terrain, comme on dit, hier, dans le Vaucluse, par exemple, était donc lancée par Julien Aubert, député et secrétaire général adjoint des LR, la campagne de tractage de ce document en appui du Printemps des Républicains, à ne pas confondre évidemment avec le Printemps républicain. Au passage, un mauvais esprit me faisait remarquer que, décidément, avec ce déréglement climatique, il n’y a plus de saisons : on se croyait en hiver ; nous voici donc au printemps...

La presse régionale, qui parfois peut être malicieuse, en l’occurrence France 3 Marseille, a voulu recueillir les réactions du Rassemblement national, qui pèse très lourd dans le département où, naguère, une certaine Marion Maréchal-Le Pen fut députée. En effet, on reproche, notamment au sein même des LR, à ce tract de reprendre les thématiques du Rassemblement national, anciennement Front national. Répondant aux questions du journaliste, un responsable départemental du mouvement de Marine Le Pen déclare qu’il aurait pu le signer ! Le journaliste souligne alors le fait qu’il y aurait donc convergence des idées entre Les Républicains et le RN. Mais il ne s’agit pas d’idées, il s’agit de faits, répond ce conseiller national du Rassemblement national ! Si les LR constatent qu’il fait mauvais, on ne va pas dire qu’il fait beau pour les contredire. Or, il est vrai, ce tract, sur toute une page, décrit la situation de notre pays : immigration, insécurité, terrorisme islamiste, communautarisme, accroissement des inégalités sociales, matraquage fiscal des classes moyennes, des automobilistes… "La réalité de notre pays", peut-on lire dans le document de propagande. Et une situation qui ne s’améliore pas, au contraire, depuis qu’Emmanuel Macron est au pouvoir.

Mais chez beaucoup de LR, on s’émeut de ce tract. Pour Mme Calmels, vice-présidente du parti, il serait "anxiogène". On a envie de lui dire de prendre des anxiolytiques, et que ce n’est pas le tract mais la réalité de notre pays qui est anxiogène. Pour ne pas dire criminogène !

Mais faire de la politique, ce n’est pas regarder le baromètre, ni grimper – ou descendre – de l’échelle comme la grenouille dans son bocal. Faire de la politique, c’est justement vouloir changer la réalité. Et, pour cela, on ne peut nier les rapports de force. Et force est de constater qu’à droite de l’échiquier politique, ils ne sont pas spécialement favorables aux LR. Il faudrait donc que les LR règlent leurs problèmes, non pas d’anxiété, mais de schizophrénie politique. Il paraît, en effet, difficile de tordre le nez à Paris devant les caméras, comme le faisait la semaine dernière M. Goasguen, député du très chic XVIe arrondissement, en voyant ce tract et, par ailleurs, de le faire distribuer en province par des militants qui sont très certainement animés de la plus grande sincérité, tout en tournant le dos à ceux qui défendent l’identité de la France depuis des décennies.

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10 juin 2018 à 21:31

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