L’acteur Vincent Cassel s’étonne : « C’est presque une honte d’être un homme, de nos jours ! »

© Matt Baron / Shutterstock
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On n'a presque jamais vu Vincent Cassel s'engager en politique sur un sujet dit d'actualité. C'est à mettre à son crédit, car beaucoup de ses collègues français n'ont rien de plus pressé que de mettre leur nom en bas d'une pétition désespérément politiquement correcte, pour l'accueil de la Terre entière ou l'IVG sans conditions. La seule fois où il est sorti de sa réserve, c'est lorsqu'il s'est engagé pour la préservation de la forêt amazonienne au Brésil, où l'on sait qu'il vivait une bonne partie de sa vie, y compris pendant son mariage avec la divine Monica Bellucci.
L'acteur vient de donner une longue interview à nos confrères du Guardian britannique. Il s'y exprime sans détour sur sa carrière et sur la société contemporaine. Tout ce qu'il dit est intéressant, et on ne saurait trop conseiller à nos lecteurs anglophones de se plonger dans la version originale. Cassel revient d'abord sur ses rôles « physiques » (qui font partie du boulot, dit-il, mais ne veulent pas dire qu'il soit lui-même violent), sur les films choquants qu'il a tournés (dont Irréversible, difficile à regarder mais objectivement de haut niveau, qu'il a d'ailleurs coproduit). Un sans-faute peu politisé pour commencer, sauf quand il évoque son dernier rôle, dans Liaison, aux côtés d'Eva Green, et se hasarde à dire ce que nous pensons tous : la Grande-Bretagne n'a pas attendu le Brexit pour être à la fois le dilettante de l'Union européenne et le satellite américain le plus proche de nous.
Sans que l'on n'y prenne initialement garde, Vincent Cassel glisse une ou deux réflexions sur le métier d'homme : le journaliste lui pose une question sur son physique, impressionnant pour ses 56 ans. L'acteur répond qu'ayant une fille de trois ans, c'est la moindre des choses qu'il reste solide, pour l'emmener courir ou la faire voler dans ses bras. Décidément sympathique, il revient aussi sur son rôle dans Liaison, pour la préparation duquel il a fréquenté de dangereux mercenaires, et en tire la conclusion suivante : ce qui l'a le plus surpris, c'est qu'ils « n'ont pas l'air dangereux. Ils doivent parfois se faire passer pour des mauviettes. On pourrait se dire [en les voyant] qu'on va les battre, mais on ne peut pas. C'est une autre façon de montrer ce que c'est que d'être un homme. Vous savez, être un homme, ce n'est pas essayer d'être un homme bodybuildé, c'est seulement prendre ses responsabilités. » Et de prendre Instagram pour contre-exemple, puisque le réseau dit social contraint tout le monde à une vision caricaturale de la sexualité alors qu'il s'agit toujours, dit Vincent Cassel, d'être soi-même.
La conversation se poursuit sur le terrain de la « masculinité » honnie et de l'influenceur Andrew Tate, désormais célèbre dans le monde entier - et en garde à vue en Roumanie pour proxénétisme. Vincent Cassel, quoiqu'il reconnaisse le caractère assez détestable du bonhomme, ose confier au Guardian qu'il dit des choses intéressantes sur le concept de masculinité. La bombe peut alors être lâchée : « C'est presque une honte d'être viril, de nos jours. Il faut être plus féminin, plus vulnérable. Mais écoutez, si les hommes deviennent trop vulnérables et trop féminins, je pense qu'il va y avoir un problème. »

Être exemplaire et solide pour ses enfants ; être sûr de soi en tant qu'homme, c'est-à-dire ne pas en faire des tonnes pour masquer son manque de fond ; assumer la polarité sexuelle que l'on représente et avancer malgré les injonctions et la haine. Vincent Cassel ne le sait peut-être pas, mais il a résumé, en trois points, une sagesse millénaire. Les deux derniers points qu'il souligne pourraient même être tirés de Métaphysique du sexe, de Julius Evola. Le penseur italien y compare notamment les faux machos à des crustacés, d'autant plus « durs » en apparence qu'ils sont mous et creux à l'intérieur : un homme véritablement dense moralement (et dangereux) n'a pas besoin d'avoir l'air terrible. Evola ne connaissait pourtant ni les rappeurs ni les racailles. Il y dit aussi que le but d'une vie d'homme ou de femme est de correspondre au maximum à l'idéal de son type : l'homme agit sur le monde (par l'action guerrière ou la contemplation ascétique), la femme accueille, donne et se donne (en étant une amante ou une mère). Extrapole-t-on la pensée « cassélienne » en la comparant à celle d'Evola ? Voire...
Eh bien, oui, n'en déplaise à Sandrine et sa docte cabale, un homme déconstruit n'est plus un homme. Les hommes ont toujours été sensibles et vulnérables, mais d'une manière différente de celle des femmes, et c'est très bien comme ça. Le choix qui est aujourd'hui laissé aux hommes (devenir un faux mâle plein de peurs, qui surjoue une caricature, ou un non-mâle, pleurnichard, soumis et persuadé que c'est l'avenir) prépare une génération catastrophique. Les femmes ne veulent pas d'enfants, paraît-il, mais de toute façon, avec quels hommes, si peu dignes de ce cadeau, en auraient-elles ? Vincent Cassel s'offre, après ce salutaire rappel, une amusante pirouette au sujet d'Astérix et Obélix, dans lequel il joue César, « un moyen de s'amuser en mini-jupe », selon lui - parce qu'être un homme, c'est aussi ne pas se prendre au sérieux !
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Très bel article comme à l’ accoutumée. Notons – qu’heureusement – la carrière cinématographique de V. Cassel est en partie achevée car avec de telles révélations l’ univers cinématographique français le bannira. il n’y a qu’ à voir les sujets abordés dans les productions actuelles. Du bourrage de crâne  » mainstream » pour parler moderne. Il n’ a plus besoin de grand chose pour vivre, cet acteur.

  2. Un trouble fête face à ce microcosme d’illuminés. Il dérange, poil à gratter d’individus qui prétendraient affronter la nature, voire la contredire. Cette nature a fait deux genres humains, l’Homme et la Femme. Parfois distraite, elle nous révèle une particularité, à de rares exceptions. Tous les beaux discours et bons vœux du microcosme en dérangement n’y changeront rien.

  3. Moi qui suis d’un certain âge, je ne puis qu’évoquer son père…Jean-Pierre…pas « déconstruit » du tout !

  4. S’il est vrai que Sandrine ait fait exprès de n’être pas mère, elle n’a sans doute pas eu de mal à convaincre M.Rousseau .

  5. Cela fait un bon bout de temps qu’on fabrique des irresponsables mauviettes qui n’ont aucune idée des codes de vie en socièté , adulés par des parents permissifs et de ce fait devenus incontrôlables.

  6. Le clou de ces divers points de vue serait une confrontation avec l’inénarrable Sandrine Rousseau , une soirée de rêve sur un plateau de télévision.

  7. Je crois que si j’avais une vingtaine d’années je me lancerai dans la construction de robot humanoïdes. et je proposerais des clônes. Il y a de quoi faire une fortune. Faire un robot qui me ressemble qui aurait exactement les mêmes idées que moi qui est toujours d’accord avec moi, etc… Les gens aujourd’hui ont peur de l’autre, ils veulent que tout le monde soit comme eux. Donc les trans, qui sont genre 0.1% de la population voudrait que la transexualité soit acceptée comme une normalité, et l’homosexualité ne s’est autant développée, tant il est difficile de vivre avec une personne aussi différente qu’une personne de l’autre sexe. Autre physique, autre mentalité, autre sexualité, c’est vraiment trop compliqué pour nos petits biquets. Autant je peux comprendre que les femmes ne supportent plus les machos, violents, idiots, autant vouloir que les hommes soient des femmes est ridicule (et je ne parle pas de ces golios qui parlent d’hommes enceints, « déconstruits », des parents1 parents2, etc…).

  8. La guerre des sexes ne fait que commencer, MeToo et balance ton porc ont dangereusement effacé les frontières entre les sexes, le mariage pour tous a été le coup de grâce à la masculinité.

  9. Il arrive parfois que je donne raison à Vincent Cassel.
    En dépit du fait que je ne partage pas la totalité de ses pensées philosophiques et politiques.Loin de là.Il n’en reste pas moins qu’il reste un excellent comédien.

  10. Vincent Cassel peut se rassurer la majorité des femmes aiment les hommes les vrais , des hommes normaux avec leurs qualités et leurs défauts mais des vrais mecs . Des hommes capables de vivre en couple , d’assumer femme et enfants . N’en déplaise à certains la normalité c’est bien ça : un homme , une femme et des enfants , des enfants désirés qui pourront s’épanouir au sein d’un foyer aimants .

    • votre commentaire est le reflet exact de ce que devrait être la société malheureusement les décennies de l’enfant roi et les âneries venues des US ont contribué à transformer une partie des hommes déconstruits en mauviettes.

    • Je suis heureuse de faire partie de la majorité des femmes qui aiment les hommes vrais
      Même si, quelquefois, le mien m’agace -mais mes amies disent que le leur est pareil- lorsqu’il rentre avec ses chaussures alors que je viens juste de laver le carrelage qui est encore mouillé ;-) )

  11. Rassurez-vous, le Grand Remplacement installe chez nous des hommes élevés dans le culte de la virilité, dont il m’étonnerait qu’ils soient très sensibles aux injonctions de Madame Rousseau…

  12. Cette défense de la masculinité était déjà dans « Le Premier Sexe » de Zemmour publié en 2006, bien avant la mode woke.

  13. Cet «  artiste » qui n’avait de mots assez grossier en parlant des électeurs RN en 2017 n’est qu’un fils à papa mais ce dernier avait lui un talent immense . Comme quoi ça peut sauter une génération

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