Mes amis de l’Association familiale catholique du pays de Vannes organisaient, jeudi dernier, une soirée-débat avec des candidats aux élections départementales. Les cohortes d’électeurs ne se sont pas déplacées, l’assemblée n’avait aucun mal à respecter les distances de sécurité sanitaire. C’est dommage, il est probable que ce soit le seul débat de la campagne. Trois oratrices et un orateur représentant les quatre listes ont tous témoigné d’un grand respect des autres et de sincérité dans leur engagement : rien à voir avec les horions distribués çà et là dans notre paysage politique. Si certains semblent plus capables de regarder le temps long, d’autres montraient un ancrage solide, une connaissance du terrain et des problèmes concrets d’aujourd’hui. Chacun a pu dévoiler une partie de ses qualités, de ses limites. Je ne choisirai qu’un seul bulletin de vote, mais tous ont droit à mon respect.

Mais la grande question est : pour quoi faire ?

Dans l’inventaire à la Prévert des compétences du département, il y a, bien sûr, les aspects sociaux, le gros morceau : aide à l’enfance, aide ou accueil des personnes âgées, RSA, etc. Il y a aussi un bout de l’éducation avec les collèges. En compétences partagées, il y a un chouïa d’environnement et une pincée d’aménagement du territoire. Et il y a aussi le constat que pour toutes ces compétences, l’assemblée départementale est principalement un gestionnaire de moyens qui décide de pas grand-chose et ne dispose pas d’une autonomie fiscale suffisante pour gérer ses missions. Est-il besoin d’élire un gestionnaire de moyens ? Ne vaut-il pas mieux le nommer en fonction de ses compétences ?

Depuis 1981 et la première décentralisation effective, il semblerait que tous les bricolages successifs des partages d’attributions entre divers niveaux de collectivités locales, entre administrations et représentants élus, relève du mouvement brownien. Rendre le maire puissant. Puis l’affaiblir avec les communautés de communes. Défaire les départements au profit des régions. Fusionner des régions en des agglomérats sans histoire ni unité ni cohérence. Supprimer le levier fiscal de la taxe d’habitation. La liste est non exhaustive. Un esprit un tantinet soupçonneux y verra une tendance récurrente et délibérée de zélés jacobins à garder tout le pouvoir à Paris, tout en prétendant s’en défaire. C’est la négation de la subsidiarité, ce concept dont se gargarise à tort l’Union européenne, et qui est inscrit dans la Doctrine sociale de l’Église.

Peut-être faudrait-il vouer aux gémonies quelques-uns de ces jacobins pour établir comme prémisse que non, ce n’est pas sur les bords de la Seine que les meilleures décisions locales sont prises pour Vannes, Landernau ou Campagnol. Devant cet ubuesque instable, il est tant de questions pertinentes auxquelles il conviendrait de faire répondre le peuple directement, pour chacune d’entre elles. Quelles questions ? Quelle est ma géographie très proche, puis moins proche, et peut-être encore moins proche, et ce, jusqu’à la France ? Quel est le niveau pertinent pour gérer quelle compétence ou attribution territoriale ? Quelle est la fiscalité locale (assiettes et taux) nécessaire pour y parvenir ? Quelle gouvernance, quelle sujétion de quelle administration à quels élus pour y parvenir ? Tout ceci, bien sûr, sans interdire que les réponses bretonnes, auvergnates ou occitanes puissent être différentes, et le respecter. Ainsi, les élus locaux seraient en responsabilité. Ainsi, la subsidiarité ne serait pas un vain mot. Je sais, je suis un doux rêveur.

Merci aux candidats, qu’ils puissent se dévouer au bien commun, à leur échelle, malgré la mascarade du pouvoir qui occulte qu’ils ont si peu de leviers en main.

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13 juin 2021 à 14:28

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