La quinzaine de la haine médiatique : le pluralisme, perdu de vue

presse censure

La quinzaine de la haine bat son plein. Comme en 2002, comme en 2017, et malgré une campagne de premier tour active mais sereine pour Marine Le Pen, Éric Zemmour jouant le rôle de paratonnerre, le système tout entier se ligue contre elle. Dans cette deuxième phase de l’élection, elle avance à découvert et devient la cible préférée d’une haine moralement obligatoire. Presse, institutions, sportifs, médecins, philosophes et hommes d’Église, tous se lèvent, avec la violence d’un tsunami, pour repousser aux périphéries du vote la candidate souverainiste.

Le cas de la presse est toujours fascinant. L’uniformité d’un monde médiatique monocolore qui oublie, le temps de l’entre-deux-tours, le pluralisme dont il se rengorge le reste du temps apparaît au grand jour. La neutralité du service public, ou au moins une simple culture du débat, relève de la chimère, toute rationalité a disparu, l’esprit critique a sombré avec le Titanic. Où sont les réactions après cet incroyable propos de Gérald Darmanin, « avec Marine Le Pen, les pauvres peuvent mourir » ?

Curieux exemple français où l'immense majorité de la presse soutient Emmanuel Macron au nom d’un antifascisme de pacotille auquel plus personne ne croit vraiment tant il est éculé, à part peut-être les pseudo-indignés de Sciences Po, de la Sorbonne et de Louis-le-Grand, ces bourgeois Biactol. Pas un grand média pour Marine Le Pen. En Italie, Il Tempo, Il Giornale, Libero ou encore l’excellent quotidien La Verità relaient une vision alternative de la société et de la vie politique italienne, ouvrant largement leurs colonnes aux ténors et aux idées des trois partis du centre droit italien, préparant l’alternance politique par le pluralisme des opinions exprimées. Aux États-Unis, Fox News a ouvertement soutenu le candidat puis le président Trump.

Ne nous voilons pas la face : la presse est autant un relais d’informations qu’un prescripteur d’opinions. Mais en France, l’hégémonie culturelle de la gauche, ou encore de l’extrême centre macroniste, se révèle dans sa toute-puissance illibérale.

Florilège, loin d’être exhaustif : Le Monde, qui bénéficie de 5.221.838 euros de subventions annuelles, convoque contre Marine Le Pen le ban et l’arrière-ban : c’est Claude Chirac pour qui « une seule chose compte : pas une voix ne doit manquer à Emmanuel Macron ». Le quotidien vespéral appuie en rappelant les mots de Jacques Chirac en 2007 : « Ne jamais composer avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre. » Sans oublier Nicolas Sarkozy, François Hollande, Édouard Philippe. Personne ne manque à l’appel, effectivement.

Ou encore Libération,, qui reçoit chaque année 5.906.298 euros d’aides de l’État et pour qui « la campagne de Marine Le Pen est une entreprise de dissimulation ou a minima de discrétion volontaire » (18/4/2022). Libé, toujours, qui titre en une : « Police, religion, éducation, Le Pen, des racines et des haines » (19/4/2022) ou encore « L’éducation sous Marine Le Pen, le roman national d’une France uniforme » (19/4/2022).

Un peu plus loin sur la gauche, L’Humanité, quotidien de ces grands démocrates que sont les communistes : « Jamais l'extrême droite » (11/4/2022). Le quotidien d’une extrême gauche à l’agonie reçoit, chaque année, 3.305.587 euros d’aides publiques. Soit 34 centimes par exemplaire en 2019, selon le ministère de la Culture.

Dès lors, ces prises de position grossières et radicales contre Marine Le Pen s’éclairent d’un nouveau jour : au-delà du « théâtre antifasciste », comme disait Lionel Jospin (qui appelle, lui aussi, à voter Emmanuel Macron), la presse défend prosaïquement… sa survie. La menace du croquemitaine, dans un bel exemple d’infantilisation du lectorat sur le modèle de ce qui a été fait pendant la gestion du Covid avec les Français, n’est donc que le faux nez d’intérêts bien précis.

Et à ce sujet, pour expliquer ce cadenassage du système, on peut se reporter à une étude très parlante réalisée par Le Monde diplomatique en décembre 2021 : « Médias français, qui possède quoi ? »

Ainsi Bernard Arnault, par le biais du groupe LVMH, contrôle-t-il le groupe Les Échos ou Le Parisien, par exemple. Xavier Niel, Le Monde, mais aussi L’Obs et Le HuffPost. Les ayant droits de Bernard Tapie, le groupe La Provence, etc.

Tout un capitalisme de presse dont les détenteurs sont plus ou moins proches d’Emmanuel Macron.

Face à cela, un Vincent Bolloré qui possède le groupe Canal+, dont la chaîne CNews tente un rééquilibrage par des débats non plus monocolores mais réellement pluralistes. La balance médiatique penche tout de même fortement d’un seul côté. À la barbe des Français, formatés et conditionnés… et dont les impôts assurent la survie d’un système, à leur détriment.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/04/2022 à 11:43.
Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

45 commentaires

  1. L’analyse rapportée est certes emprunte de justesse, il n’empêche que cette « trouille » qu’on infuse méthodiquement aux français semble (malheureusement) fonctionner, amplifiée, n’en doutons pas, par les évènements ukrainiens.

  2. Reste à espérer qu’une majorité d’élécteurs aura pris conscience de la manipulation dont ils sont l’objet!

  3. Quand certains affirment que l’appel au barrage ne fonctionne plus, je dis non. L’abattage médiatique est tel qu’il fonctionnera à nouveau à plein. C’est foutu.

  4. Comme les télévisions du secteur publique qui coûte à chaque foyer 138€ par an. Zemmour avait tellement raison de vouloir stopper les subventions et je rajouterais qu’il faut aussi supprimer celles de la presse qui est otage du pouvoir. Nous n’avons pas à subventionner des médias qui insulte quotidiennement jusqu’à 50% des Français !

  5. Heureusement il reste quelques journaux ou chaine de télé, comme , Cnews et Bd Voltaire pour mettre un peu de pluralité . pour le reste c’est le déchainement habituel , MLP élue , et bientôt des nuages de sauterelles des pluies de grenouilles , sans compter sur les chars russes qui vont défiler sur les champs Elysées! Alors le con tribuable paye tous ces journaux partisans, on pourrait à minima attendre un peu d’ojectivité . Il est vrai que dire ,Nation, Patriote, vous range dans le clan facho.

  6. La presse stipendiée vit du macronisme, pas de ses lecteurs ni téléspectateurs. Comment mordre la main qui vous engraisse ?

  7. Ce nouveau front républicain, ramassis de tous ces nantis, dont beaucoup oublient qu’ils ne paient même pas d’impôts en France, me force à voter  » pour la peste noire et la mort des pauvres « . Et je suis sûr ne pas être seul à y penser de plus en plus fortement. Alors Dimanche n’hésitez pas, faites le saut « dans l’inconnu  » qui pourrait être, qui sait, le salut de la France.

    • Le salut de la France est avec Marine et les autres souverainistes et non pas avec les communautaristes de tous calibres…
      Votons Marine !

  8. Chirac en 2007  » Ne jamais composer avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre. »
    Alors pourquoi soutenir un gouvernement qui n’hésite pas à faire défiler un régiment aux couleurs ouvertement nazis en plein centre de Kiev ?

    • Problème de mémoire, oublié LES massacres d’Odessa, femmes et enfants brulés vifs, vieux abattus lors des cérémonies du 2 mai 2014 (et suivantes) idem à Marioupol le 9 mai 2014, oublié les 14 000 morts du Dombass, oublié le procès d’un très vieux résistant poursuivi pour assassinat, oubliés les morts, les viols dans tout le reste de l’Ukraine. Tout ces gens massacrés (et jamais comptabilisés) par ces groupes ukrainazis (qui n’existent pas) mais qui tuent, ont tué !

    •  » La politique est le moyen pour des hommes sans principes de diriger des hommes sans mémoire.  » Voltaire

  9. Reste que les soutiens sont encore nombreux et peut-être majoritaires par tous les assistés et rentiers de la République qui n’ont aucun intérêt à faire entrer des étrangers à leurs magouilles dans leur écurie.

  10. Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité, à donner l’apparence de la démocratie à un simple courant d’air et dans ce sens les médias y participent activement, de fait le système politique ne choisit pas les meilleurs mais les plus conformes c’est vraiment dangereux pour notre société.

  11. Comme l’explique très bien Onfray MLP de 2022 n’est pas JMLP de 1980 ! Dont la France continue de payer les excès de langage. Malheureusement c’est ce que feint de penser la bien-pensance malhonnête, gaucho-financiariste, l’internationale socialiste et l »internationale bancaire. Et Onfray explique aussi très bien que MLP n »est pas d’extrême droite. Si vous connaissez des personnes qui vont voter EM sur la base des ces mensonges secouez les ! La survie de la France dépend de vous

  12. Mme. d’Armagnac a encore démontré que nous vivons dans une  »démocrature ». Nos médias à la pensée unique sont à la solde de l’État. Pluralisme journalistique? Connait pas. Dis-moi qui te payes et je te dirai qui te possèdes. Le citoyen moyen qui suit la politique 2 semaines tout les 5 ans se trouve récupérer par nos médias dit  »sérieux ». Triste.

  13. Supprimer ces subventions et nous seront débarrassés de ces torchons qui sont tout sauf des journaux avec de vrais et bons journalistes .La majorité des journalistes ne méritent plus ce titre tant ils sont corrompus .

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