L’ambassadeur de France rentre à Rome ! C’est la grande nouvelle de cet épisode ô combien révélateur. En janvier dernier, Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur italien, avait déclaré : "Plus vite il rentrera chez lui, mieux ça vaudra !", en parlant d'Emmanuel Macron. Emmanuel Macron est encore à l'Élysée mais l'ambassadeur de France est déjà de retour à Rome ! Tout s’était enflammé avec la rencontre, en France, de M. Di Maio, le 5 février, avec des « gilets jaunes ».

Pourtant, et n’en déplaise à Emmanuel Macron, le peuple italien est dépositaire d’une Histoire qui se répète à nouveau. Et voici ce que Matteo Salvini pourrait lui raconter.
Quelques années après la chute de Tarquin le Superbe et du Regnum Romanum (royauté romaine), le Sénat et les deux magistrats prirent les rênes de la nouvelle république. Ce bouleversement ne profita qu’à une minorité, l’élite grandissante : le Patriarcat.

Une majorité de plébéiens était endettée et l’aristocratie qui composait la majorité des créanciers s’arrogeait le droit d’enchaîner, de réduire en esclavage ou encore de proclamer la mort sur les débiteurs. L’exemple ultime du passage d’un système monarchique à un système oligarchique, dirait-on.

Les premières contestations éclatèrent. Rome était menacée par les Volsques*. La plèbe oppressée qui composait la quasi-totalité de l’armée refusa alors de répondre à l’appel du Patriarcat.

Tite-Live, le célèbre historien, résuma parfaitement l’instant : "Nous qui combattons au-dehors pour la liberté et pour l'empire, nous ne trouvons au-dedans que captivité et oppression ; la liberté du peuple romain est moins en danger durant la guerre que durant la paix."

Face à ce refus, le Patriarcat proclama un édit pour protéger du joug des créanciers les débiteurs qui s’enrôlaient dans l’armée. Dans un élan général, la plèbe s’engagea non moins pour défendre Rome que pour échapper à ses dettes. Une fois les ennemis vaincus et la république protégée, les plébéiens attendirent la mise en application des engagements du Sénat. Cependant, le consul Appius Claudius, qui était opposé à l’édit, refusa catégoriquement la moindre concession envers le peuple et fit livrer en pâture les plébéiens endettés au Patriarcat qui le soutient largement.

Nous voici face à la première sécession de la plèbe. Nous voici face à un conflit de classe inouï. Nous voici face au mépris d’une caste dominante sur le peuple qui ne demandait qu’à exister. Cette sécession populaire n’était que la réponse à la sécession opérée par les élites quelques années auparavant.

Retour en 2019. La plèbe française, dans un réflexe de survie, répond à nouveau à la sécession des élites. Nous sommes confrontés au réveil d’un peuple qui ne veut pas mourir, qui ne veut plus subir, mais qui veut reprendre la maîtrise de son destin.
Emmanuel Macron n’a rien fait pour l’endiguer, il n’a rien fait sur les sujets qui préoccupent le peuple : l’immigration, l’identité, le pouvoir d’achat et l’avenir de la nation.

Ce qui est certain, c’est qu’il n’a pas compris que, quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne, l’Histoire se répète. Drame à l’italienne.

* NDLR : les Volsques était un peuple italique, du sud du Latium.

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17 février 2019 à 15:55

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