La lecture, une cause perdue ?

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Après avoir bâché les rayons livres des supermarchés, par souci d’égalité avec les librairies et les bibliothèques fermées pendant trois mois l’an dernier, Emmanuel Macron va finalement faire de la lecture une « grande cause nationale ». Comprendre la diffusion de messages de prévention et d’information sur les chaînes de télévision et de radio publiques aux heures de grande écoute pour sensibiliser le grand public et, ici, en l’occurrence, « redonner le désir de lire ».

Car la lecture, comme chacun sait, est l'une des « bases de la citoyenneté » en ce sens qu’elle permet de « développer la capacité d'émancipation, de se relier aux autres et de créer une communauté nationale à travers des valeurs communes », rappelle l’Élysée, cherchant sans doute un moyen d’encourager son fameux vivre ensemble.

Du 30 juin au 25 juillet, l’opération Partir en livre sera donc coordonnée par le Centre national du livre (CNL) et le gouvernement renforcera son « plan Bibliothèques » en mobilisant 40 millions d'euros en 2021-2022 pour permettre à une centaine de bibliothèques d'étendre leurs horaires d'ouverture, précise l’AFP. Si 86 % des Français ont répondu, au sondage du CNL, avoir lu au moins un livre en 2020, il ressort de ce baromètre annuel, et sans surprise, que la baisse du nombre de lecteurs concerne les jeunes. Les grands lecteurs (plus de 20 livres) ont 55 ans en moyenne, sont majoritairement retraités et diplômés de l’enseignement supérieur, quand la proportion des 15-24 ans parmi ces grands lecteurs est repassée à 10 % (contre 16 % en 2019).

En cause, évidemment, la prédominance des écrans, des séries, des musiques et vidéos en ligne : les jeunes lisent, en moyenne, 3 heures par semaine, contre 7 heures et demie consacrées à la télévision et 8 heures à Internet, selon le ministère de la Culture. « La lecture est 7e sur 9 dans la liste des activités favorites des jeunes : regarder la TV (92 %) et des vidéos (88 %), voir des amis (87 %), écouter de la musique (86 %), pratiquer un sport (84 %) et surfer sur Internet (84 %). » Par ailleurs, les jeunes sont attirés par des genres littéraires assez pauvres concernant la valorisation de notre langue française : BD, comics, mangas, science-fiction…

Malgré le temps passé devant les écrans, la présidente du Centre national du livre mise sur les réseaux sociaux pour redonner le goût de la lecture à nos jeunes : « Il y a un désir, notamment des jeunes, d’être pris par la main, d’avoir des clubs de lecture, du partage, des conseils de personnalités connues. Cela nous permet de définir une véritable stratégie numérique et la place du livre sur les réseaux sociaux sera un des axes de réflexion prioritaires », expliquait Régine Hatchondo à France Culture. Ce sont donc des booktubers qui doivent inspirer nos jeunes à travers des vidéos de conseils de lecture. Un peu plus d’écrans, en somme, pour redonner le goût du livre à un public toujours plus infantilisé, voilà comment remédier à notre effondrement culturel et intellectuel…

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Iris Bridier
Journaliste à BV

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