La gestion orwellienne du Covid à Shangaï

Capture d’écran (67)

Le spectacle a de quoi glacer d'effroi les Français encore traumatisés par les confinements subis chez nous. A Shangaï, les rues sont désertes, seuls des robots à quatre pattes déambulent pour diffuser leurs injonctions : restez chez vous, testez-vous… Des drones sillonnent le ciel, invitant par haut-parleur les habitants prisonniers chez eux à « maîtriser le désir de liberté de [leur] esprit ». Depuis un mois, les 27 millions d’habitants de la ville subissent la politique zéro Covid de la Chine, et les images qui circulent sur les réseaux sociaux font froid dans le dos. Un reportage de l'émission « Sept à huit » sur TF1, consacrée au « martyre » de ces habitants dimanche soir, a suscité de multiples réactions d'indignation chez les internautes. Âmes sensibles s’abstenir : on y voit les animaux de compagnie des personnes testées positives au Covid enfermés dans des sacs-poubelle dans la rue. Ils seraient battus à mort par des fonctionnaires sanitaires. Leurs maîtres sont emmenés manu militari par des agents en combinaison de protection (que certains qualifient, sur Twitter, de Stormtroopers) dans des camps de quarantaine aux conditions plus que spartiates : sous des lumières allumées jour et nuit, sans fenêtre parfois, des cartons font office de lits. Certains de ces camps de fortune ne sont pas dotés de sanitaires : des couches sont alors distribuées aux pensionnaires. Thomas, un Français en quarantaine emmené sans son consentement, témoigne sur Franceinfo : « C’est extrêmement dur, j’ai même pensé à m’échapper. Je me suis dit que je ne verrais pas une grande différence entre ça et la prison. »

Les autres habitants sont confinés chez eux, avec interdiction de sortie sauf pour aller réaliser un test PCR. Leurs logements sont mis sous scellés par la police ou cadenassés. Ne pouvant sortir à l'air libre, les habitants sont livrés en nourriture, mais quelquefois, les denrées arrivent périmées. Confinés, les Français expatriés dans cette ville n’ont même pas pu voter à l’élection présidentielle. Certains craquent, épuisés par ce confinement forcé, et tentent de s’échapper mais sont rattrapés par cette police orwellienne. Le Monde (27 avril) décrit ce durcissement de la politique d’enfermement maximal : « renforcement des contrôles routiers, désinfection des résidences et installation de détecteurs sur les portes des personnes positives, en attendant de les envoyer en centres d’isolement. Samedi 23 avril, la pression est encore montée d’un cran, avec l’apparition de barrières métalliques autour de certaines résidences et bâtiments ayant enregistré des cas depuis moins de sept jours ».

Si, lundi dernier, 7.137 nouveaux cas ont été testés positifs, « un chiffre en léger repli sur 24 heures », selon l'AFP le 2 mai, pour autant « un test négatif n'est plus forcément synonyme de tranquillité. Plusieurs personnes testées négatives racontent à l'AFP avoir été forcées de quitter leur domicile pour s'isoler en dehors de Shanghai. Certaines à des centaines de kilomètres de la ville. »

Un cauchemar pour les habitants exténués et résignés de la ville, dont les mesures appliquées par cette dictature sanitaire semblent disproportionnées au regard des effets d’Omicron. Toujours selon l'Agence France-Presse, le 24 avril : « La métropole a annoncé dimanche la mort due au Covid de 39 personnes, ce qui porte à au moins 87 le nombre total depuis le début du confinement de Shanghai ». Ces décès « concernent des personnes âgées souffrant de pathologies comme l'hypertension ». Liberté, liberté chérie !!

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

27 commentaires

  1. « Un cauchemar pour les habitants exténués et résignés de la ville ». Ce n’est pas un cauchemar. C’est l’avenir radieux de la macronie, mis en place par Mac Kinsey.

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