La France vue de Suisse : un désastre intellectuel

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L’heure est au bilan. Il est accablant. A-t-on jamais vu une France abandonnée aux grévistes par un pouvoir ne songeant qu’à ses vacances d’hiver ?

Pourquoi ne pas donner la parole aux Suisses ? Un article récemment paru dans la Tribune de Genève dépeint la France au vitriol : un peuple paresseux, inconscient des contraintes budgétaires, lequel budget est plombé par un fonctionnariat pléthorique et un système social ruineux, et des gouvernements démagogues ne songeant qu’à leurs intérêts et leur réélection. Pour couronner le tout, une justice laxiste et aux ordres.

Ce triste constat, c’est celui de l’abrutissement d’un peuple pendant des décennies et de l’endoctrinement gauchiste qui, prêchant entre autres l’inversions des valeurs, a promu le loisir (temps de travail, vacances, retraites) comme le parangon du bonheur sur terre. A contrario, le travail est avilissant, nuit à la santé et est, pour tout dire, chiant. Dire que le travail est rédempteur, que chacun doit contribuer au bien-être général, que l’argent n’est pas seulement un outil de consommation mais peut-être aussi un formidable levier de développement, est hérétique. Il faut excommunier (c’est-à-dire exclure des médias) celui ou celle pour qui l’activité rémunérée n’est pas seulement une feuille de paie mais une contribution à l’effort de la nation.

Bien entendu, dans ce contexte, toute notion économique est inexistante (voir notre article du 11/12/2019). Puisque le loisir n’a pas de prix, profitons-en. Le coût des grèves, les emmerdements pour les clients, les coûts induits, on s’en moque. Et pourquoi pas ? Puisqu’une visite gratuite chez un médecin rapporte gros : congé maladie !

Dans ce contexte, le verbe « profiter » ne se conjugue que pour certains.

Toute une partie des fonctionnaires ou para-fonctionnaires, syndicalistes, salariés des services publics plus ou moins déficitaires n’ont aucune notion de l’argent. Tous ces avantages mal acquis, arrachés au fil des décennies, l’ont été au détriment des autres catégories sociales. Il faut le marteler. Toutes ces heures perdues l’ont été non seulement pour d’autres citoyens mais pour le pays.

Dans un monde de profiteurs, les élites ne se privent pas. Se sachant pratiquement intouchables par leurs réseaux et leur clientèle, qu’ils arrosent, le gaspillage en haut de la pyramide est hallucinant !

Bon ! les médias font parfois leur boulot. Ces abus sont donc connus, largement diffusés, mais RIEN. Ni la fraude sociale, qui atteint des sommets, ni les salaires extravagants de conseillers (on se demande de quoi ?), de hauts fonctionnaires (pauvres bas fonctionnaires, on vous plaint), de castes nombreuses et multiples n’émeuvent ni les élus ni le pouvoir en place.

Autistes, sourds, aveugles, les gouvernants le sont. Mais ils ne sont pas muets. Les paroles lénifiantes, les discours vengeurs ou repentants, les promesses non tenues maintiennent le peuple, petit et gros, en laisse. Surtout pas de démocratie directe ni de référendum ; ils se verraient inutiles et perdraient leur pouvoir.

Qui aura le courage de relever le défi ? Où sont les Jeanne, les Teresa, les Boris ?

Bérenger de Montmuel
Bérenger de Montmuel
Philosophe et anthropologue

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