La France insoumise est avant tout, il faut le savoir, une mère la vertu, une redresseuse de torts, une douairière collet monté qui fustige et dénonce les voyous.

C’est elle, par exemple, qui est à l’origine, à l’Assemblée, de la commission d’enquête sur les violences d’extrême droite. Une enquête si fouillée qu’il y a même été question des Scouts unitaires de France. On a évité de peu Les Petits Chanteurs à la croix de bois.

C’est encore elle, par la voix de l’un de ses députés, Bastien Lachaud - coauteur du rapport parlementaire qui a été présenté ces derniers jours sur la discrimination dans les armées -, qui s’indigne du climat sexiste régnant à Saint-Cyr-l’École et s’inquiète que tant de fêtes religieuses - Sainte-Barbe, Saint-Georges, Saint-Michel, Saint-Éloi… - soient intimement mêlées aux traditions militaires : « Une meilleure séparation entre les activités religieuses et les activités de cohésion doit notamment être assurée. Les moyens généraux sont en effet trop souvent utilisés pour envoyer des invitations à des cérémonies catholiques. »

Il est vrai qu’à l’heure de la montée de la violence sous toutes ses formes, du communautarisme galopant devenant sourde guerre de tranchées, de l’atomisation de la société, de la disparition de la notion même d’intérêt général, de la défiance absolue du peuple envers ses institutions, il serait dommage de ne pas détruire deux des derniers lieux - sans doute pas parfaits, mais qui ont le mérite d’exister - où l’on inculque encore à la jeunesse française le sens du service, du bien commun, du sacrifice, de l’amour de la patrie et de la défense du prochain que sont le scoutisme et l’armée (plébiscitée dans les sondages). Allez, hop ! un bon coup de pelleteuse sur ces rares édifices encore vaillants pour élargir un peu plus le champ de ruines.

On remarquera, en revanche, la discrétion de violette et la patience remarquable de nos justiciers dans la ville, de nos Torquemada d’hémicycle, quand il s’agit des Black Blocs qui viennent, chaque week-end, squatter et s’approprier les manifs de gilets jaunes, fracasser le mobilier urbain, provoquer les policiers, briser les vitrines, mettre le feu aux voitures, aux scooters et aux poubelles. Peut-être parce que les slogans anticapitalistes, antifas, anticléricaux, anarchistes ou pro-intifada qu’ils taguent sur les murs, les autocollants dont ils constellent les bâtiments, souillant jusqu’à la plaque commémorative de Xavier Jugelé, ce policier assassiné par des terroristes islamistes, ressemblent singulièrement aux leurs ? Et que si l’on se donnait la peine d’enquêter dans les associations proches de leurs idées œuvrant dans nombre d'universités - qui sont leurs bastions protégés - avec moitié moins d’énergie que l’on traque la remarque à connotation misogyne dans les écoles militaires, il y a longtemps que l’on aurait remonté les réseaux, compris les affinités, les indulgences, les liens, et les accointances et, de ce fait, tirant le fil, neutralisé les meneurs, cessant enfin de présenter ces casseurs comme une nébuleuse sur laquelle, que-voulez-vous-ma-brave-dame, personne n’a prise.

Mais encore faut-il en avoir la volonté, et peut-être entre La France insoumise et cette France "toutpermise" y a-t-il trop d'idéologie partagée et de solidarité inavouée. C’est l’éternelle parabole de la paille et de la poutre, mais l’Évangile - pas de bol ! - n’est visiblement pas leur livre de chevet.

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02 avril 2019 à 23:05

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