Jean-Paul Garraud, ancien élu LR ayant rejoint le RN et aujourd'hui député européen, déplore l'isolement des LR et le « cordon sanitaire » qui empêcherait toute discussion ou alliance avec le parti de Marine Le Pen.

Pour Boulevard Voltaire, il revient également sur les enjeux du mouvement La Droite populaire, relancé avec Thierry Mariani.

Des élus des Républicains ont dîné, mardi soir, avec Marion Maréchal. Cet emploi du temps n’a visiblement pas plu aux grands cadres des Républicains. Ils n’ont pas manqué de rappeler le plafond de verre qui existait entre Les Républicains et le Rassemblement national. Ils reprochent à Marion Maréchal d’être membre du Rassemblement national.

Vous avez raison de dire qu’il y a, d’un côté, « les grands cadres » des Républicains et, de l’autre, les électeurs, les adhérents et les militants des Républicains - ce qu’il en reste.
Le système des Républicains s’isole de plus en plus. Les adhérents et les militants comprennent que c’est la fin de ce cordon sanitaire. Cette ligne rouge qu’il ne fallait pas franchir a été instaurée depuis des lustres.
L’extrême droite n’a rien d’extrême. J’aimerais bien que l’on dise à quoi ressemble l’extrême droite. Je ne suis pas du tout un extrémiste.
En revanche, il est nécessaire de faire des alliances électorales pour faire en sorte que ce ne soit pas toujours les mêmes qui gouvernent et pour l’intérêt du pays. Or, les cadres se croient encore dans un parti du gouvernement. Ce n’est pourtant plus un parti du gouvernement. C’est fini !
C’est un isolement. Ils ne veulent absolument rien comprendre !
J’ai beaucoup de contacts avec les élus LR. Ces contacts ne sont, pour l’instant, pas officialisés. Ils me disent tous, en privé, qu’il est nécessaire d’en finir avec ce cordon sanitaire. C’est dans l’intérêt du pays.

Thierry Mariani et Jordan Bardella avaient annoncé sur notre média que vous alliez très probablement relancer La Droite populaire. Cet organe va-t-il vraiment permettre au Rassemblement national de rassembler d’autres élus des Républicains qui sont prêts à franchir le Rubicon ?

Ce sera un des éléments. La Droite populaire est une sorte de label. Nous l’avions créée en 2010 avec Thierry pour faire en sorte que Nicolas Sarkozy aille au bout de ses engagements.
Le discours de 2017 de Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale avait emballé les gens.
En réalité, ce sont les mêmes thèmes que le Rassemblement national et que Marine Le Pen ont aujourd’hui.
Il est tout à fait naturel que nous soyons au premier plan puisque nous avons fait en sorte que Nicolas Sarkozy aille au bout de ses engagements. Nous avons aussi pris les devants par rapport à cette transgression. Nous savions pertinemment que le parti s’isolait de plus en plus.
La Droite populaire a de beaux jours devant elle.
Nous sommes en première ligne. Nous faisons partie des éclaireurs qui ont vu qu’il était absolument nécessaire d’aller vers des alliances. On ne demande pas à ce que tout le monde adhère au Rassemblement national. Moi-même, je n’ai pas encore ma carte au Rassemblement national, ni même Thierry Mariani. Ce n'est pas un problème au niveau des idées et des convictions. Mais c’est pour bien montrer que les choses doivent changer. Le fait que des élus aient déjeuné avec Marion Maréchal, c’est encore une pierre de plus dans le sens de cette transgression. Il faut continuer, dans l’intérêt du pays.

Nicolas Sarkozy a sorti son autobiographie. Allez-vous la lire ? Pourrait-elle vous faire revenir vers l’ancien président de la République ?

Je lirai naturellement cet ouvrage. J’ai connu au premier plan l’époque qu’il décrit. Il n’est pas question de revenir. Ce n’est pas du tout en ces termes-là. Je n’ai pas du tout changé mes idées et mes convictions et je n’ai pas, non plus, retourné ma veste. J’ai gardé exactement la même ligne.

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29 juin 2019 à 8:17

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