Jean-Marie Le Pen : son combat politique n’a pas commencé avec le FN

Capture écran INA
Capture écran INA

Jean-Marie Le Pen, surnommé le Menhir, qui hésitait entre une carrière d’avocat et militaire, embrassera une carrière politique qui durera 63 ans : de 1956 à 2019 ! La réduire au Front National qu’il a présidé pendant pas moins de 38 ans de 1972 à 2010, avant d’être président d’honneur jusqu’en 2018, c'est oublier toute l'épopée politique qui a précédé. Celle qui a commencé à son retour de la guerre d’Indochine en 1955, sous la IVᵉ République.

Une ascension fulgurante  et opportuniste

Des élections législatives se tiennent le 2 janvier 1956 après la dissolution de la chambre des députés suivant les grandes mobilisations poujadistes contre le fisc. Le jeune Le Pen désire y participer. Alors, pour opérer sa transition de la vie militaire à civil, il est recommandé par l’association des anciens combattants de la guerre d’Indochine à Pierre Poujade, président de l’UDCA, l’union des commerçants et artisans. Il séduit aussitôt. Les talents d’orateur du jeune Le Pen lui font prendre la lumière immédiatement et Poujade l’envoie alors ferrailler aux quatre coins de la France pour discourir.

Le parti est en pleine ascension et son cheval de bataille est la lutte contre le fisc qui pourchassait les commerçants et autres indépendants. Alors qu’il était crédité de trois à six sièges, il en obtient cinquante-deux, obtenant ainsi 11,4 % des suffrages. À 27 ans, le 19 janvier 1956, il devient officiellement le plus jeune député de France, dans le 1ᵉʳ  secteur du département de la Seine où il dirigeait la « corpo », un syndicat étudiant dont l’anticommunisme était le cheval de bataille, au sein de sa faculté de droit. En vérité, c’est André Chène, un député communiste beaucoup plus discret, de six mois son cadet, qui est le vrai benjamin. Toutefois, Le Pen restera le dernier député de la IVème République.

Après l’élection, Jean-Marie Le Pen occupe toute la place dans le mouvement : « Poujade se sent écrasé par le charisme, la culture politique et l’intuition tactique de Le Pen ». Ce dernier quitte rapidement les bancs de l’Assemblée puisque le président du Conseil a rappelé le contingent français en Algérie. C’est en tant que volontaire et toujours député qu’il s’y rend en 1957 avec son homologue et ami Jean-Maurice Demarquet. Il dira vouloir « donner l’exemple aux jeunes Français », puisque Pierre Poujade n’exploitait pas la situation. C’est ainsi qu’il sert pendant trois mois comme officier de renseignement pour démanteler les réseaux terroristes à Alger. Quand il revient, il est exclu du parti de Pierre Poujade.

Député incontournable et rassembleur sous la Vᵉ

De toute façon, Le Pen, a l’ambition de fonder le parti de la droite nationale, un parti qui rassemblerait toutes les droites, tandis que le parti poujadiste se réduit désormais à un rôle de contestataire sans projet politique, selon l’historienne Jenny Raflik au micro de France Culture.

En 1958, sous la Vᵉ République fraîchement créée par le général de Gaulle, il devient de nouveau député, dans le 5ᵉ arrondissement de Paris, avec le jeune Valéry Giscard d’Estaing. Cette fois, sous la bannière du CNIP, le parti des indépendants et des paysans, témoignant de sa coloration populaire. Ce n’est pas une surprise pour celui qui avait mis les mains dans le cambouis avant sa carrière politique, en tant que mineur de fond, marin pêcheur, métreur d’appartement ou encore ambulant postal ! C’est à ses élections qu’il soutiendra le candidat Ahmed Djebbour, d’origine algérienne, qui deviendra le premier député français de confession musulmane.

En juin 1960, il fonde le Front national pour l’Algérie française (FNAF) pour lequel il aurait eu 10 000 adhérents dans 100 fédérations, comme il l’explique dans ses mémoires. Se déclarant apolitique, sa ligne est de conserver l’Algérie dans le giron de la France. Il est dissous dès 1961 avec le putsch des généraux.

En 62, sans étiquette, il est battu par un certain René Capitant, un gaulliste de gauche, dans la 3ᵉ circonscription de la Seine, ce qui cultivera son aversion pour le gaullisme.

À partir de 1963, il dirige le comité TV, CECON dont le but est de présenter un candidat d’opposition nationale pour fonder ensuite un grand parti de la droite ; il devient directeur de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancourt pour la présidentielle de 1965. Tixier-Vignancourt obtient 5 % des voix et se désiste au second tour pour Mitterrand, ce qui provoque l’indignation de Le Pen qui lui pardonnera ensuite.

En 68, il participe de nouveau aux élections législatives à Paris, avec l’Union centriste comme candidat national indépendant, mais il est défait au second tour, toujours par Capitant.

Le Front national pour l’unité française

Dans les années 70, il tente de percer avec un front de droite uni dans l’optique des législatives de 1973. Il est alors sollicité par le mouvement nationaliste Ordre nouveau, dont il est membre, pour rassembler toute la droite nationale dispersée, ni gaulliste ni modérée : du mouvement Poujade, du MNCA, du Front National Combattant, du Front National pour l’Algérie française, ou encore du CECON. C’est ainsi que le Front national pour l’unité française, dit FN, est créé. Dès sa fondation en 1972, il en prend la présidence. En 1972, au micro de l’ORTF, il le définit comme un parti de la droite sociale, populaire, nationale.

La constitution de ce parti est un aboutissement logique de son combat politique pour la France, qui a précédé au sein de nombreux partis et mouvements, et comme son nom l’indique, il témoigne de sa volonté d’unité.

Picture of Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

12 commentaires

  1. Un grand patriote visionnaire qui s’est égaré dans l’outrance et parfois l’abject pour ne pas être l’élu…Il nous a manqué!

  2. Il fut un grand patriote. Il aimait la France d’abord, les Français surtout. Le surnom de MENHIR le qualifie à merveille, il est des hommes comme on ne fait plus. Il n’a jamais voulu être Président de la République, c’est bien dommage …

  3. JM Le Pen est à inscrire au rang des grands hommes politiques. Un visionnaire qui a prédit avant tout le monde les maux qui détruisent actuellement la France. Si nous l’avions écouté, nous n’en serions pas là. Quant à ses quelques réflexions parfois un peu limites, ce sont des « détails » sans importance.

  4. Cher Jean-Marie, comme vous allez nous manquer ! Malgré votre retrait de la vie politique depuis quelques années (j’ai du mal à pardonner cela à Marine) vous avez toujours été le guide et le porte-drapeau enthousiaste et véhément des patriotes de notre pays.
    Ces jours-ci, jours anniversaires des attentats de 2015, on n’a entendu parler que de liberté d’expression mais curieusement, vous n’avez pas eu le droit d’entrer dans cette catégorie et l’on vous reprochera ad vitam eternam vos « outrances ». Pourtant, d’après certaines personnes qui vous ont connu plus personnellement, j’ai cru comprendre que vous n’étiez ni antisémite, ni raciste et que vous n’aviez fait « ces dérapages » que pour sortir de l’ostracisme dont vous étiez victime à l’époque par le monde politique. A chaque fois, d’ailleurs, cela vous faisait monter dans les sondages.
    Quoi qu’il en soit, vous resterez, avec Tixier Vignancourt, celui qui, lorsque j’avais 17 ans, m’a ouverte à cette conscience politique dont je n’ai jamais quitté la ligne depuis (j’ai bientôt 78 ans – mais je dois être une imbécile puisqu’on dit que seuls, les imbéciles ne changent jamais d’avis !)
    Merci Monsieur Le Pen.

  5. Malgré quelques outrances langagières, JM Le Pen, a été un grand patriote et s’il avait été élu président à la place de mitterrand que je ne qualifierai pas, paix à son âme s’il en a une. La France, ne serait pas dans l’état catastrophique ou elle se trouve sur tous les plans, mais la lâcheté des électeurs a fait son œuvre et malheureusement ça continue.

    • Concernant le passé trouble de celui qui a reçu la Francisque, celui qui a fait allégeance à Pétain, celui que les Français ont élu alors qu’il souffrait d’un cancer, celui qui a demandé à son médecin personnel de rédiger des faux- certificats sur sa « bonne santé » , celui qui a caché sa famille morganatique … celui qui a fait 3 dévaluations a enfoncé la France dans l’abîme… c’est LUI !

  6. Eh oui, Le Pen a agit. En Indochine, à Suez ou en Algérie il a « mouillé la chemise » , comme ces mécaniciens qui mettent les main dans le cambouis pour permettre à des bobos qui se refuseraient à se salir en la leur serrant, de tranquillement continuer à conduire leur petite auto… Ce sont des tartuffes : devant tout le monde c’est : « cachez ce sein que je ne saurais voir »…, sein qu’ils aiment bien tripoter en douce, quand ils croient qu’on ne les voit pas…

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois