Islamistes radicalisés : une majorité de binationaux… non expulsables !
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Depuis le 19 octobre, une quinzaine de visites domiciliaires ont été effectuées chez des personnes soupçonnées d’être des islamistes radicaux. L’objectif de ces visites est de trouver des éléments permettant la mise en place de mesures de police administrative, des procédures judiciaires ou des procédures de lutte anti-terrorisme, en fonction des saisies réalisées. Voire, théoriquement, de procéder à des expulsions.
Vidéos de chants de guerre et de décapitations
Sans surprise, ces inspections, créées en 2017 pour remplacer les perquisitions administratives, ont été fructueuses. Selon les informations de Paris Match, les forces de l’ordre auraient mis la main sur diverses vidéos de chants de guerre et de décapitations, des films d’allégeance à l’État islamique (EI), des photos de la tête de Samuel Paty… De quoi placer ces individus dans la catégorie de « ceux qui sont dangereux », selon les mots du ministre de l'Intérieur.
Rappelons qu’au lendemain de l’attentat d’Arras et de l’assassinat de Dominique Bernard, Elisabeth Borne avait élevé le plan vigipirate au niveau « Urgence attentat ». Dans ce contexte, ce type de découvertes n’est en aucun cas à prendre à la légère. Gérald Darmanin a d’ailleurs dit vouloir faire preuve d’une extrême fermeté vis-à-vis des individus radicalisés. Le 14 octobre 2023, le ministre de l'intérieur annonçait l’« expulsion systématique de tout étranger [...] considéré comme dangereux par les services de renseignement ». Il demandait également « de retirer systématiquement les titres de séjour des personnes qui sont dans le fichier FSPRT [fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, NDLR] et qui [représentent] une menace pour notre pays. » On allait voir ce qu'on allait voir.
Le problème des binationaux
Problème : lors des visites domiciliaires, les forces de l’ordre auraient constaté que « la majorité des personnes ciblées sont des binationaux », comme l’indique une source policière. Bien évidemment, les binationaux ne sont pas expulsables puisqu’ils sont Français ! Avant de pouvoir les reconduire à la frontière, il faudrait les déchoir de leur nationalité. Chose qui ne peut se faire que dans cinq cas de figure, dont la condamnation pour un crime ou un délit constituant un acte de terrorisme.
En somme, pour se débarrasser des terroristes binationaux, il faut attendre qu’ils passent à l’acte et, même dans ce cas, ce ne serait possible que si la nationalité française a été acquise il y a moins de 15 ans. La fermeté de Gérald Darmanin a ses limites ; la binationalité en est une.
D’autant plus que sur ce sujet, le manque de transparence est évident. Les binationaux français n’ont jamais été recensés, pas plus que les délinquants binationaux. Cela devrait être fait en 2025 mais, en attendant, il faudra se contenter des quelques expulsions de délinquants étrangers ordonnées par le ministre de l’Intérieur.
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Hier, 17 étrangers délinquants ont été renvoyés du territoire français.
Parmi eux :
H.B., 23 ans, qui avait été mis en cause pour plusieurs vols avec violence en 2023. Placé au centre de rétention administrative de Lyon, éloigné le 24 octobre.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) October 25, 2023
Ainsi, le mardi 24 octobre, « 17 étrangers délinquants ont été renvoyés du territoire français ». Une annonce de Gérald Darmanin que n’a pas manqué de commenter Gilbert Collard sur son compte X : « À ce rythme, pour expulser les 700.000 clandestins estimés en 2021 en France, il faudra 112 ans ! » C’est à peu près vider l’océan à la petite cuillère.
37 commentaires
Il fallait commencer par ne pas accorder la nationalité française à n’importe qui