Incidents aux Champs-Élysées : Castaner, ministre de l’Intérieur ou de la Propagande ?

People Communism Political Propaganda Revolution
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Christophe Castaner voudrait bien que l'opinion publique reconnût sa compétence : pour y parvenir, il semble prêt à utiliser tous les moyens, même les plus minables. Pour faire oublier qu'il n'est pas sans responsabilité dans les incidents qui se sont produits, samedi, sur les Champs-Élysées ?

On peut constater d'abord que, d'après ses propres chiffres, plus de 100.000 personnes se sont mobilisées partout en France – 106.301 exactement, selon cet as de la précision –, dont 8.000 à Paris. À chacune de ses interventions, il a privilégié les incidents des Champs-Élysées, bien aidé par les chaînes de télévision dont les caméras étaient fixées sur Paris. Pourtant, dans toutes les régions de France, les actions des jours précédents se sont poursuivies le plus souvent paisiblement : péages gratuits, opérations escargot, barrages filtrants, occupation de centres commerciaux...

On eût aimé que le ministre de l'Intérieur, censé disposer de toutes les informations, fût plus disert sur les deux ou trois auteurs de déclarations en préfecture pour manifester au Champ-de-Mars, qui comptait plus de joggeurs que de gilets jaunes. D'après Le Point, ils ne sont guère représentatifs, quand ils ne sont pas carrément fantaisistes. Notre ministre a préféré souligner l'absence de déclaration pour les Champs-Élysées, alors qu'il avait annoncé les risques, notamment la présence d'ultras de droite et de gauche, connus de la police.

Mais pourquoi diable, si la manifestation était si dangereuse, a-t-il laissé totalement libre l'accès par la place de l'Étoile ? Interrogé le soir, il s'en tira par une dérobade : il y avait déjà un périmètre interdit, on n'allait pas interdire tout Paris, quand même ! Pourquoi n'a-t-il pas essayé d'appréhender les casseurs en amont, puisqu'on les connaissait ? Ignorait-il qu'il y avait des chantiers qui pouvaient fournir aux fauteurs de troubles du matériel pour dresser des barricades ou allumer des incendies ? Notre brillant stratège aurait voulu décrédibiliser les gilets jaunes et faciliter les débordements qu'il ne s'y serait pas pris autrement. En fait, il s'est lui-même décrédibilisé.

Parlons-en, des casseurs ! Dès le matin, les ultras annoncés, au demeurant très minoritaires, s'étaient réduits, pour la plupart des médias, aux ultras de droite. Les casseurs d'extrême gauche, habitués des grandes manifestations parisiennes, avaient étrangement disparu. On montra même, dans la foule, un drapeau orné de fleurs de lys, un autre avec le cœur chouan. Vous rendez-vous compte du danger qu'ils représentaient pour notre République ? Des militants d'ultra-droite, il y en avait. D'ultra-gauche aussi. Et, probablement, quelques policiers infiltrés. Le soir, tard dans la nuit, une autre catégorie apparut : un journaliste avoua, dans un euphémisme qui en dit long, que ce n'était plus "la même population".

La palme de la désinformation revient sans conteste au serviteur affidé de Macron qui, dans sa conférence de presse de la matinée, désigna le véritable responsable : Marine Le Pen ! Les forces de l’ordre ont dû "repousser les séditieux" qui "ont répondu à l’appel notamment de Marine Le Pen et veulent s’en prendre aux institutions", déclara-t-il sans vergogne. N'avait-elle pas tweeté, la veille : "Qu’est-ce qui justifie que le peuple français ne puisse pas manifester sur les Champs-Élysées, où beaucoup d'autres rassemblements (Coupe du monde, Nouvel An,...) ont lieu ?" Ouf ! On l'a échappé belle : c'était, à coup sûr, un appel à renverser la République, comme en février 1934 !

Non content de travestir la réalité, Christophe Castaner travestit l'Histoire et se ridiculise. Il n'est qu'un piètre ministre de l'Intérieur : le titre de ministre de la Propagande lui siérait mieux.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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